Robotique agricole : Vitirover va s’appuyer sur MMT-B pour passer en phase industrielle - Premium

« Depuis plus de dix ans, on a consacré tout notre temps et notre énergie à faire un produit qui fonctionne. On doit en être à la 6e ou 7e génération, pour arriver à une solution industrialisable », résume d’emblée Arnaud de la Fourchardière, cofondateur de Vitirover. Créée en 2010 à Saint-Emilion où se trouvent toujours le siège social et la R&D, la PME propose un robot-tondeur tout terrain autonome, qui arrive aujourd’hui à maturité. « Il y a une centaine de nos robots actuellement sur le terrain, c’est comme une preuve de concept étendue », analyse Sébastien Labat, directeur marketing & commercial. Les perspectives sont excellentes et il faut désormais un partenaire capable de proposer une rapide montée en puissance. Evoqué en filigrane dans nos colonnes début juin, cet allié industriel est MMT-B (Manufacturing the Mobility of Tomorrow in Bordeaux), repreneur de l’usine Magna PowerTrain à Blanquefort, porté par le groupe allemand Mutares. Une pré-série d’une trentaine d’unités commence à sortir des chaînes, avant de passer aux choses sérieuses : livrer « jusqu’à 300 robots par mois à partir de la fin de l’année », indique le cofondateur.Le premier exemplaire d'une présérie d'une trentaine d'unités est sorti des chaînes. Crédit : MMT-B« Pour franchir ce cap majeur, il était nécessaire pour nous de conclure une levée de fonds, reprend le dirigeant, financer le lancement en production de centaines de robots nécessite un investissement de trésorerie de plusieurs millions d’euros. » L’opération, comme nous l’indiquions en début d’année, se monte à 3 millions d’euros. « À l’heure actuelle, nous avons déjà sécurisé plus de deux tiers de nos besoins », précise-t-il ; le dernier tiers sera levé au cours du 3e trimestre. « On ne cherche pas uniquement de l’argent, mais aussi des gens qui ont un intérêt industriel, ainsi que les fonds régionaux ou d’innovation, dédiés aux divers secteurs qu’on touche : viticulture, transport, agriculture, énergie renouvelable… », ajoute Sébastien Labat.Récemment recruté après avoir travaillé 15 ans à l’international (groupe américain Fellowes puis le Coréen Winix) puis œuvré pour Bernard Magrez, notamment au lancement des incubateurs Start-up Win, ce dernier rejoint une équipe qui s’étoffe à des fonctions clefs : un directeur général - Guillaume Billard - qui a occupé divers postes de direction dans les industries alimentaires et de l’emballage en Europe et en Amérique du Nord mais aussi Laurent Blanchet en tant que directeur du bureau d’études, embauché après avoir dirigé la conception des exosquelettes Wandercraft et piloté le projet GreenFarm Robotics. « On était jusque-là un bureau d’études, il faut désormais coordonner celui-ci, la fabrication, la promotion et la distribution… On devient une scale-up », analyse Sébastien Labat. « On a testé et validé le Vitirover dans toutes nos verticales. On est désormais configuré pour le chiffre d’affaires », complète Arnaud de la Fouchardière. L’entreprise s’est récemment dotée de locaux administratifs supplémentaires à Libourne, dont la proximité avec la gare facilite également les rendez-vous avec investisseurs et clients potentiels.Entre ventes et « Vitirover as a Service »Les terrains de jeu de Vitirover sont nombreux : vignobles, vergers, parcs photovoltaïques, postes de transformateurs haute tension, mais aussi bordures d’autoroutes et de voies ferrées, hippodromes, cimetières américains… Le potentiel est énorme. « Il y a deux sortes de machines : d’un côté les gros engins, dont les ventes annuelles sont faibles et, de l’autre, les flottes de petites machines. Celles-là, il s’en vend déjà des millions par an. Nous sommes dans cette catégorie, qui répond à deux critères : un robot mono-fonction, avec une forte optimisation énergétique par rapport à cette fonction », décrypte Arnaud de la Fouchardière, dont l’entreprise a déjà remporté des gros appels d’offres. Ainsi avec Enel (équivalent italien d’EDF) : pour traiter 2.700 hectares en Italie, Espagne, Roumanie et Grèce. Mais aussi avec EDF Renewables, pour 2.000 hectares aux USA. Ou encore ce contrat « pour un gros producteur viticole avec lequel on travaille dans un pays étranger », cet autre avec Sonnedix dans le sud de la France, pour dix robots avec station de charge dans les prochaines semaines et une perspective de plusieurs centaines à terme. Bien que dépendant de la topographie des terrains, l’arithmétique commerciale retombe en moyenne sur ce ratio : un robot pour un hectare.Le robot-tondeur et sa station de recharge, dans un verger. Crédit : VitiroverDans son modèle initial, notamment mis en œuvre sur la région bordelaise, Vitirover « ne vend pas des robots, mais des hectares entretenus, nous portons le CapEx [ndlr : les dépenses d’investissement d’une entreprise capitalisées au bilan] représenté par les robots, notre tarif est calculé par hectare et par an », est-il expliqué. Un modèle baptisé « VaaS », pour « Vitirover as a Service ». Mais, selon l’éloignement ou bien l’importance de la commande qui peut amener le client à vouloir totalement maîtriser sa flotte, l’entreprise peut aussi désormais vendre ses machines. En tout état de cause, pour accompagner cette montée en puissance commerciale, elle doit mettre en place des « bergers de robots » : des « techniciens aguerris et polyvalents, qui supervisent chacun un troupeau de 10 à 100 robots-tondeurs » ou assurent la formation chez le client. Les recrutements suivront la croissance du parc. La direction table sur 350 robots supplémentaires sur le terrain d’ici la fin de l’année. « On passera le million d’euros de chiffre d’affaires en 2023 », annonce Arnaud de la Fouchardière.Le tremplin de la RoboCup Acteur de la robotique et local de l’étape, Vitirover ne pouvait pas manquer l’opportunité de la RoboCup, qui ouvre ses portes aujourd’hui jusqu’au 10 juillet, à Bordeaux. L’idée n’est évidemment pas de concourir aux célèbres compétitions de football. Sur l’espace thématique « Farming », en revanche, la PME aura son stand et une zone de démonstration. Et NAIA.R, le forum dédié à l’intelligence artificielle et à la robotique, organisé par Sud Ouest et Suez et intégré cette année à la RoboCup, offrira d’autres opportunités. « Vitirover a été depuis longtemps sollicitée pour servir de support pédagogique », indique Guillaume Billard, le nouveau directeur général. « Au-delà d’entretenir de la végétation, nos robots permettent aux professeurs des universités et écoles d’ingénieurs de faire travailler leurs étudiants sur des sujets de pointe très innovants : intelligence artificielle, géolocalisation, énergie solaire, protection de l’environnement, programmation en différents langages, véhicules autonomes électriques, travail en flottes… Nous sommes actuellement en pleine commercialisation d’un modèle éducatif adapté aux besoins des professeurs et des étudiants », révèle-t-il. Baptisé University, il reprend le design du Vitirover, les lames en moins et un port USB en plus, et se pose en plate-forme communautaire. « On pourrait peut-être recruter des petits génies sur l’IA, le photovoltaïque ou d’autres domaines de pointe grâce à cela », suggère Sébastien Labat.VitiroverSAS créée en mai 2007Siège social : Saint-EmilionEffectif : une quinzaine de personnesCA : NC

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