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Reprise de Valdunes : Europlasma soutenu par l’Etat et la SNCF

Stratégie
mardi 27 février 2024

Europlasma projette de "verdir" la production de roues de train de Valdunes. Crédits : Valdunes MG

Bercy a confirmé lundi soir son soutien au projet de reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de trains, porté par Europlasma. L’industriel landais boucle ainsi son plan de financement théorique deux jours avant l’audience lors de laquelle le tribunal de Lille doit se prononcer. Il lui faudra toutefois apporter 15 millions d’euros de fonds propres sur les trois prochaines années.

Europlasma convaincra-t-il le tribunal de commerce de Lille d’accepter son projet de reprise portant sur les deux sites industriels de Valdunes, dernière société française spécialisée dans la production de roues à destination du ferroviaire ? À la veille de son grand oral prévu mercredi 28 février, le Landais, historiquement spécialisé dans le traitement des déchets amiantés, peut se targuer d’avoir obtenu le soutien de l’Etat, mais aussi de la SNCF et des collectivités locales, dans des proportions présentées comme suffisantes pour boucler son plan de financement.

À l’issue d’une réunion de préparation, organisée lundi soir à Bercy, le ministre délégué en charge de l’industrie Roland Lescure a en effet confirmé que l’Etat s’engageait à apporter jusqu’à 15 millions d’euros sous forme de prêt à Europlasma. S’y ajouteraient 5 millions d’euros amenés par les collectivités locales – dont 4 millions d’euros dédiés au financement du foncier et 1 million d’euros de subventions, ainsi qu’une promesse de la SNCF à hauteur de 1 million d’euros, sous une forme qui reste à préciser.

Europlasma s’engage de son côté à apporter jusqu’à 15 millions d’euros de fonds propres sur trois ans. De quoi former une enveloppe suffisante pour couvrir le financement global du projet estimé à plus de 35 millions d’euros sur trois ans, dont 5 millions de fonds de roulement et 30 millions d’investissements – pour moderniser les deux sites industriels de Valdunes, la forge de Leffrinckoucke et l’usine de traitement thermique et d’usinage à Trith-Saint-Léger.

« La réunion d’aujourd’hui a permis de concrétiser presque un an de travail collectif pour le sauvetage de Valdunes. Nous avons aujourd’hui un repreneur – Europlasma – qui est prêt à porter un projet visant le maintien de cette filière ferroviaire à travers la décarbonation de la production, ce qui est particulièrement important pour moi et représentatif de ce que nous voulons porter », s’est félicité Roland Lescure à l’issue de cette rencontre.

15 millions de fonds propres à trouver

Le projet, tel que porté par Europlasma auprès du tribunal de commerce de Lille, prévoit la reprise des deux sites industriels de Valdunes dans le nord de la France, suite au désengagement de son actionnaire unique, le groupe chinois MA Steel. Europlasma, spécialisé dans le retournement d’entreprises industrielles en difficulté, affirme notamment projeter de moderniser les deux sites en leur adjoignant des équipements de production d’énergies renouvelables, tels qu’une chaudière fonctionnant au CSR (Combustibles Solides de Récupération), puis en convertissant du gaz à l'électricité ses équipements industriels, pour décarboner la production ferroviaire. Dans son offre déposée début février, le groupe landais indiquait prévoir de conserver 133 postes sur les 308 emplois que comptait alors Valdunes.

Cette annonce formelle de Bercy sera-t-elle suffisante pour convaincre le tribunal de commerce de Lille ? La représentation salariale a, depuis le dépôt de l’offre, soulevé plusieurs objections, relatives notamment à la mise en sommeil programmée de l’activité de production d’essieux, présentée comme complémentaire de la fabrication de roues dans une optique de souveraineté industrielle. La capacité d’Europlasma à réunir les 15 millions de fonds propres programmés sera également interrogée, à plus forte raison quand l’entreprise doit déjà piloter le chantier de modernisation des Forges de Tarbes, spécialisées dans la production des corps creux nécessaires à la fabrication des obus destinés, notamment, à l’Ukraine. Une opération de relance hautement stratégique, doublée d'une tentative d'adossement à un investisseur extérieur, pour laquelle Europlasma a recouru à un mécanisme d’OCABSA (obligations convertibles en actions avec bons de souscription d’actions), qui a entraîné une dilution massive de son actionnariat. Verdict mercredi. 

Sur le sujet, lire notre interview de Jérôme Garnache-Creuillot, PDG d'Europlasma : Nouveaux marchés et actions en bourse : comment Europlasma maintient-elle le cap ?

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