Créée au Pays basque, La Pesée va recycler du plastique en mobilier depuis les Landes - Premium

Rendre le mobilier recyclable abordable. C’est l’une des missions que s’est fixé Lorenzo Barrail, fondateur de la société La Pesée. Un nom choisi justement pour « indiquer le poids de plastique qu’on recycle » explique le chef d’entreprise. Aujourd’hui, la société spécialisée dans le recyclage du plastique et de création de mobiliers, franchit une nouvelle étape et s’installe dans 300m² d’atelier à Labouheyre dans les Landes. Un projet pourtant né au Pays basque il y a quelques années. Tout a commencé en 2022. « Je bossais pour des associations de protection de littoral, et on avait cartographié toute la pollution plastique, réalisant que c’était exponentiel » se souvient le jeune fondateur. Se décidant à faire quelque chose pour y remédier, il a été en contact avec des mairies qui lui ont fait part de besoins en compétences de recyclage plastiques. Tout a fait sens, il s’est fait accompagner par Plastic Precious, une association qui englobe toutes les entreprises dans le secteur du recyclage plastique. Pour se lancer, il a été accompagné non seulement par des subventions de la Nouvelle-Aquitaine ainsi que par des fonds européens FEDER. De quoi lui permettre d’attaquer l’aventure sans s’endetter et poser ses premières valises à Solférino dans les Landes dans un local de 50m². Contrairement à d’autres concurrents sur le marché du plastique recyclé, lui a décidé de réaliser toute la boucle, de la collecte, jusqu’à la réalisation de produit qu’il vend ensuite. Ainsi, il source son plastique auprès de quelques entreprises industrielles notamment du Pays basque ainsi que du SIVOM, le Syndicat intercommunal de valorisation des ordures ménagères du Born. « Ils font un surtri et me remplissent une benne de plastique recyclable » explique le jeune entrepreneur. De retour à l’atelier, il trie le plastique par type, ainsi que par couleur parfois, et le transforme soit en profilé soit en panneaux, et ensuite peut réaliser des produits. Il a ensuite attaqué sa phase de commercialisation pour réaliser des produits à destination des collectivités et des entreprises. Il a réalisé un catalogue composé d’un banc, d’une table de bistrot ainsi qu’un tabouret, mais fabrique aussi sur mesure, avec des plans. Casser les prixOutre une broyeuse, il a donc dû s’équiper en machines afin de réaliser d’une part des profilés, grâce à une extrudeuse, et des panneaux, avec un four qu’il a fabriqué et une presse. Autant de machines qu’il n’a pu installer qu’en emménageant dans ses nouveaux locaux à quelques kilomètres de Solférino, à Labouheyre. Un local plus grand, mis à disposition pour un faible loyer par la société Granofibre, en échange du traitement d'une partie des déchets plastique de l’entreprise. Côté commercialisation, La Pesée a commencé l’année dernière, avec notamment un premier gros contrat : l’Aviron Bayonnais Rugby Pro. Lorenzo Barrail a, en effet, été contacté pour recycler toute la signalétique plastique des sponsors au stade Jean Dauger. « Quand ils ont un sponsor ou un logo qui changent, ils sont obligés de tout changer, alors je leur ai dit que je pouvais tout récupérer, vu que c’est du propylène » explique-t-il. Ainsi, il a réalisé à partir de cette source du mobilier pour la salle de presse où sont réalisées les conférences d’avant match avec les joueurs. Aujourd’hui, Lorenzo Barrail veut développer sa notoriété, en multipliant les événements réseaux ainsi que le porte-à-porte. Car sa clientèle, il la veut locale. « Les déchets viennent de moins de 200 kilomètres de l'atelier et l'idée, c'est de revendre aussi dans ce même circuit » précise-t-il. Une manière aussi pour lui de se différencier, en promettant un plastique local recyclé en local pour des entreprises locales. Autre différenciation, le prix. « Sur les plateformes d’achats publics, les bancs sont minimum à 1.000/1.500 euros, nous l’idée de départ, c’est de sortir un banc public à moins de 450 euros avec tout de même une très bonne marge ». Casser les prix et séduire les collectivités, qui sont au cœur de la stratégie de la jeune société. « La loi AGEC les oblige bientôt à passer à intégrer une partie de produits recyclés » . En effet, l’article 58 de cette loi stipule que depuis le 1er janvier 2021, les collectivités et leurs groupements doivent, lors de leurs achats, s’assurer que les biens qu’elles achètent chaque année sont issus « du réemploi ou de la réutilisation, ou intègrent des matières recyclées dans des proportions de 20 % à 40 % selon le type de produit ». Une clientèle qu’il aimerait adresser directement, mais aussi via leurs fournisseurs habituels. « J’aimerais qu’ils puissent rajouter mes produits à leurs catalogues » ajoute le jeune entrepreneur. De son côté, il espère aussi étoffer son propre catalogue avec un produit signature qu’il fait sous-traiter chez un designer. Concernant les objectifs, Lorenzo Barrail reste modeste, et espère passer d’1,2 tonne de plastiques traités en 2023 à 10-15 tonnes en 2024. Un modèle qui serait réalisable ne serait-ce qu’en utilisant le plastique mis à disposition par le SIVOM, qui voit passer 742 tonnes de plastiques sur les 9 déchetteries. Tout en sachant que de son côté, l’atelier installé dans les Landes a une capacité de traitement d’environ une tonne par semaine en flux continu.

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