Aurélie Bernède, camping Azu'Rivage : « vendre pour réinvestir sur de nouveaux projets » - Premium

« J'ai commencé à travailler dans les campings pour financer mes études. C'était un job d'été. Aujourd'hui je possède plusieurs établissements et je gère des équipes tout au long de la saison. » À 42 ans, Aurélie Bernède est à la tête de trois campings, tous situés dans les Landes, entre Mimizan et Soustons. Pour en arriver là, elle a dû travailler d'arrache-pied, année après année, pour bâtir avec son mari, des structures viables. « A chaque rachat, nous avons tout rénové pour repartir sur du neuf, en créant des infrastructures, en implantant des mobil homes et en développant notre patrimoine foncier. Il nous a fallu dix ans pour en arriver là et nous sommes encore et toujours à l'écoute du marché. » Aujourd'hui, la cheffe d'entreprise qui a enregistré 1,8 million d'euros de chiffre d'affaires en 2023, a pour projet de revendre le camping de Mimizan - devenu plus compliqué à gérer - pour s'ouvrir à de nouveaux horizons. « Nous restons à l'affût de nouvelles opportunités : camping ou autre type d'hébergement, tout dépend ce que nous trouverons ; l'idée étant de réinvestir l'argent de la vente pour continuer notre expansion. Ce qui ne sera pas une mince affaire, sachant qu'aujourd'hui, les créations de nouveaux campings n'existent presque plus et que, de fait, les grands groupes rachètent de petits campings. Il faut donc être capable de tirer son épingle du jeu. » Rencontre.De stagiaire à directrice d'un camping cinq étoilesL'hôtellerie de plein air a le vent en poupe. En témoigne notamment le baromètres estival diffusé par Landes Attractivité l'été dernier. En cause, la volonté des touristes de se tourner vers des activités extérieures mais aussi des hébergements moins chers. Un secteur porteur donc, pour les professionnels, mais aussi « concurrentiel et verrouillé », comme l'affirme Aurélie Bernède. Celle qui a débuté sa carrière à 24 ans, a du se faire un nom et une réputation dans le microcosme des campings landais. « Quand j'ai commencé à travailler, je faisais des saisons sur la côte. Pour mon premier job, je suis partie en stage dans un camping à côté de Mimizan, à Mézos. C'est un secteur qui me plaisait et au bout de 6 mois, j'ai demandé à être embauchée. On m'a alors proposé de gérer un camping, en tant qu'assistante de direction », se souvient-elle. Un défi de taille pour Aurélie Bernède, d'autant que gérer un établissement au niveau de la Dune du Pilat peut s'avérer challengeant. « Nous recevions deux millions de visiteurs par an, avec cinq campings alignés, sur un site connu en France mais aussi au-delà et dont la réputation n'est plus à faire. Commencer sa carrière comme ça peut être compliqué. A ce moment-là, je me suis posé la question de ma légitimité à ce poste », avoue-t-elle. « Un défi que j'ai finalement voulu relever et sans regrets, puisqu'en trois ans, j'ai réussi à doubler le chiffre d'affaires », affirme-t-elle.Une réussite qui l'a propulsée directrice du camping 5 étoiles où elle avait commencé sa carrière et qui lui a donné progressivement envie de devenir son propre patron. « Je me suis mise en quête de nouvelles opportunités. Et puis, en épluchant les annonces, j'ai découvert qu'il y avait une délégation de service public au niveau du camping à Azur, avec une concession de 15 ans. Il y avait une vingtaine de dossiers en face de nous et nous avons finalement remporté l'appel d'offre avec mon mari. Nous avons alors tout quitté à Mézos pour nous installer à Soustons. Nouvel emplacement, nouvelle vie et tout à refaire sur le lieu que nous venions d'acheter », se souvient-elle. « A cette époque, nous avions assez peu d'argent de côté et les banques se montraient plutôt frileuses. De ce fait, pendant 10 ans, je n'ai fait que travailler. Parce que c'était ma société, parce que j'étais caution de mes crédits et qu'il fallait qu'on réussisse à se faire un nom », raconte-t-elle. Une stratégie visiblement payante pour le couple d'entrepreneurs. « En 2010 nous avons finalement repris le camping Azu'Rivage et tout s'est enchaîné. Il y avait un camping à côté qui était à vendre, nous l'avons racheté aussi, au bout de deux ans. Depuis, nous avons réussi à doubler sa superficie. » Une croissance qui a été progressive et qui a permis à Aurélie Bernède et son mari de se maintenir à flots et de continuer à se développer, même durant la période Covid. « La saison c'est comme un marathon » Un travail de longue haleine et des années au cours desquelles il a fallu « saisir les bonnes opportunités. A chaque fois, on a adopté la même stratégie : on reprend une entreprise, on fait des travaux et on essaie de l'agrandir en implantant des infrastructures pour compléter le patrimoine de nos campings. » Aujourd'hui, Aurélie travaille 7 jours sur 7, durant 6 mois de l'année pour faire tourner ses trois campings. « Travailler dans le tourisme de plein air, impose un style de vie avec une forte saisonnalité. La saison, c'est comme un marathon. Il ne faut pas partir trop vite ni trop lentement. Il faut avoir une bonne hygiène de vie, être capable de s'économiser et savoir faire des siestes parfois aussi », affirme-t-elle dans un sourire. « Un emploi du temps éreintant, d'autant que je gère des équipes. Nous avons cinq salariés à l'année et 27 en saison. Être un manager, c'est aussi beaucoup de mental à mon sens et j'essaie d'être disponible autant que possible pour mes équipes. »Pour la cheffe d'entreprise, le bon fonctionnement de ses campings passe aussi par une fidélisation de son staff. « Je propose un euros de plus de l'heure, sur le SMIC, à tous les salariés qui reviennent. Ils ont accès à un mobil home et une chambre chacun gratuitement. Ils ont aussi le wifi et la laverie à disposition. On permet ainsi aux étudiants d'avoir leur première expérience professionnelle dans de bonnes conditions. On se rappelle toujours de son premier job et je veux qu'ils gardent un souvenir positif de cette expérience » développe t-elle. « Je pense qu'il faut toujours se rappeler d'où on vient. Je suis passée par là et je sais que ça peut être parfois difficile. » Aujourd'hui, la cheffe d'entreprise forme les autres mais ne se sent pour autant pas prête à passer le flambeau. « Quand on est à la tête d'une entreprise et qu'on a tout fait pour la développer, c'est un peu comme notre bébé, on a ça dans les tripes. Le camping Mimizan a représenté 800.000 euros d'investissement au départ et 400.000 euros de travaux. Une enveloppe conséquente, que nous espérons récupérer avec la vente, pour pouvoir la réinvestir. Je ne sais pas encore où sera implanté notre futur établissement mais je reste à l'affût, à la recherche de l'opportunité qui nous correspondra. »

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