TreeFrog accélère vers l’industrialisation de ses thérapies cellulaires - Premium

L’ascension de TreeFrog suivra-t-elle le facteur d’amplification exponentiel que la startup a réussi à mettre en œuvre dans ses outils de production de cellules souches ? Trois mois à peine après avoir bouclé une levée de fonds record de 64 millions d’euros en série B, la startup basée à Pessac a révélé mardi, à l’occasion de son troisième anniversaire, avoir été sélectionnée comme lauréate du programme Deeptech piloté par Bpifrance, avec à la clé un financement de 2 millions d’euros pour soutenir le développement de sa thérapie cellulaire contre la maladie de Parkinson, pour laquelle les premiers essais cliniques sur l’homme sont attendus d’ici 2024. TreeFrog annonce par ailleurs avoir reçu 1 million d’euros du secrétariat général pour l’investissement (SGPI), dans le cadre d’un appel à projets remporté aux côtés de l’APHP-Centre Meary et d’une autre société pessacaise, le spécialiste de l’image i2S. La startup indique enfin profiter d’un financement de 500.000 euros apporté par la région Nouvelle-Aquitaine pour soutenir son plan d’investissement en immobilier et en équipements à Pessac. Forte de ces différents soutiens non dilutifs - 3,5 millions d'euros au total - qui s’ajoutent à sa levée de fonds record de septembre, la société fondée en 2018 indique préparer le doublement de la surface des salles blanches de son siège de Pessac Bersol, pour atteindre près de 300 m². Elle a par ailleurs pris possession, en octobre, d’un bâtiment de 900 m² au sein de la zone Europarc de Pessac, où elle prévoit l’installation d’un laboratoire de biophysique de 200 m².L’extension de ses capacités devrait s’accompagner d’un ambitieux plan de recrutement, puisque la startup, qui réunit aujourd’hui 70 personnes, envisage d’intégrer 41 personnes supplémentaires en 2022, avec toujours l’ouverture programmée de bureaux aux Etats-Unis et au Japon, de façon à se rapprocher des écosystèmes scientifiques et pharmaceutiques locaux. Si rapides et ambitieux que paraissent ces chiffres, ils ne sont cependant que le prélude d’une nouvelle accélération, d’ores et déjà programmée, pour conserver la longueur d’avance dont dispose TreeFrog sur le segment ultra porteur des thérapies cellulaires. Pionnier des thérapies issues des cellules souchesAu fait, de quoi parle-t-on déjà ? Les thérapies cellulaires consistent à utiliser des cellules vivantes comme remède en lieu et place des traditionnels composés pharmaceutiques. Autrement dit, injecter des cellules saines dans un organisme pour remplacer celles qui sont défaillantes, grâce à des cellules souches, dont la destination pourra être programmée chimiquement après multiplication dans un bioréacteur. Sur ce terrain, TreeFrog avance selon deux axes stratégiques. D’un côté, elle a développé un procédé propriétaire de culture de cellules souches dans des bioréacteur industriels, qui pourrait être, une fois la phase industrielle atteinte, commercialisé auprès de tous les grands noms du secteur pharmaceutique. De l’autre, elle développe ses propres applications pratiques, avec un premier projet consacré à la production de neurones destinés à remplacer les cellules mortes qui engendrent la maladie de Parkinson. « Nous sommes aujourd’hui les seuls au monde à produire des neurones vivants que l’on peut utiliser pour la science », affirme Kevin Alessandri, physicien et directeur technique de TreeFrog, qu’il a cofondée avec le biologiste Maxime Feyeux et le pharmacien Jean-Luc Treillou.Les trois fondateurs de TreeFrog : Jean-Luc Treillou, Kevin Alessandri et Maxime Feyeux, fêtaient mardi les trois ans de la société, en présence d'Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, et de Patrick Amoussou-Adéblé, secrétaire général pour les affaires régionales à la préfecture de Nouvelle-AquitaineLeurs savoir-faire combinés illustrent l’ambition de TreeFrog. Dans le domaine de la biologie, la startup étudie les cellules souches, leur division, et les procédés menant à leur diversification, c’est-à-dire leur transformation en cellules spécifiques (cœur, foie, neurone, etc.). La physique est quant à elle convoquée pour assurer l’industrialisation des procédés. TreeFrog a en effet élaboré un procédé basé sur la microfluidique qui lui permet d’encapsuler chaque cellule, à l’échelle microscopique, dans un hydrogel protecteur qui en garantit la survie et l’intégrité lors des phases de multiplication à grande échelle. En avril dernier, la startup a revendiqué une première mondiale : la fabrication de 15 milliards de cellules souches au sein d’un bioréacteur de 10 litres, grâce à un procédé de production intégralement maîtrisé en interne, qui lui conférerait de trois à cinq ans d’avance sur ses principaux concurrents à l’échelle mondiale. Tout l’enjeu, pour TreeFrog, consiste désormais à passer son procédé à la phase industrielle, pour produire non pas des dizaines, mais des centaines de milliards de cellules souches par lot, de façon à répondre au plus grand nombre possible de scénarios d’usage, avec des prix de revient nettement inférieurs à ceux des procédés actuellement disponibles. « 10 litres pourraient nous donner 10.000 doses pour traiter des malades de Parkinson, mais seulement 10 doses pour des malades du cœur. Il y a donc un énorme travail de mise à l’échelle à accomplir », éclaire Frédéric Desdouit, arrivé en août 2021 au poste de CEO pour structurer la croissance de l’entreprise et libérer les fondateurs des contingences business. La jeune biotech doit en parallèle mener un important travail d’évangélisation pour faire adopter sa technologie. « Il faut aussi la faire accepter, et ça n’est pas facile, on parle d’un vrai changement de modèle », commente Maxime Feyeux. Pour convaincre, TreeFrog prône la transparence sur le résultat de ses procédés, en laissant ses partenaires universitaires, dont le laboratoire de biologie cellulaire de Harvard, valider eux-mêmes le contrôle qualité de ses productions.Passage à l'échelleLe passage à l’échelle demandera toutefois de nouveaux fonds, avec une série C qui devrait logiquement se compter en centaines de millions d’euros, et soulève d’ores et déjà le risque d’appétits étrangers. « Les thérapies cellulaires représentaient 20 milliards d’euros d’investissement en 2020, et déjà 20 milliards d’euros au troisième trimestre 2021, avec des fonds portés principalement par les Etats-Unis et par la Chine. Nous essayons d’entraîner nos actionnaires dans le tour d’après, mais il n’y a pas beaucoup de fonds européens qui peuvent suivre », indique Frédéric Desdouit. Pour autant, TreeFrog se dit viscéralement attachée à ses racines françaises et néo-aquitaines, ne serait-ce qu’en reconnaissance pour le soutien sans faille affiché par la région et le monde universitaire à ses débuts. « Nous sommes lancés sur une trajectoire internationale, mais nous restons vissés en Nouvelle-Aquitaine », assure Maxime Feyeux. Si sa série B a fait entrer un fonds américain aux côtés de Bpifrance, le capital de TreeFrog reste aujourd'hui à 90% français, grâce à la participation renouvelée des six actionnaires historiques, le fonds franco-allemand Xange, Aquiti Gestion, Irdi Capital Investissement, Galia Gestion, la SATT Aquitaine Science Transfert et BNP Paribas Développement.Les 3 milliards d'euros alloués aux biotechs dans le cadre du plan France 2030 profiteront-ils à TreeFrog ? En attendant, une indiscrétion lâchée lors des discours officiels accompagnant ce troisième anniversaire confirme sa volonté d'investir en local : TreeFrog étudie déjà le site de sa prochaine implantation dédiée à l’industrialisation de ses procédés, avec Gradignan en ligne de mire, même si rien n’est encore officiellement acté à ce stade. TreeFrog y croisera peut-être le chemin de l’ENSTBB, identifiée par la Région comme l’un des socles nécessaires à la création d’une filière biotech néo-aquitaine de premier plan. TreeFrog TherapeuticsFondée en 2018Financements réunis : environ 80M€70 collaborateursCA : n.c.

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