Crise du logement : le Département évoque sa stratégie foncière - Premium

Ce n'est un secret pour personne. En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs territoires sont touchés par la crise du logement. C'est notamment le cas des Landes qui compte parmi les départements les plus impactés. Écarts de prix entre le littoral et la côte, augmentation incontrôlée du nombre de résidences secondaires, logements vacants, inflation … Nombreux sont les critères qui rendent l'accès à la propriété - et même à la location - de plus en plus difficiles pour les locaux, et ce, malgré le nouveau bâti. C'est pour tenter d'endiguer ce phénomène et d'apporter des éléments de réponses que plusieurs personnalités politiques et acteurs publiques du territoire se sont réunis ce lundi 16 octobre. L'occasion pour Xavier Fortinon, de présenter, aux côtés de Françoise Tahéri, préfète des Landes, Rémi Heurlin, directeur régional adjoint développement commercial Nouvelle-Aquitaine Banque des territoires et Antoine Biava, directeur de la CAF des Landes, notamment, les grandes orientations de la stratégie foncière que souhaite mettre en place la collectivité. « Le Département est convaincu de l’urgence de répondre à ce défi humain, qui met à l’épreuve la solidarité territoriale. Cette conférence départementale de l’habitat marque une nouvelle étape de son engagement, aux côtés de l’État et de la Banque des territoires », indique t-il. Parmi les axes de travail, une montée en puissance opérationnelle, mais aussi financière. Le président du Département précise qu'une enveloppe de 21 millions d'euros - contre les 15 millions d'euros initialement prévus - sera notamment dédiée à la construction et à la réhabilitation de logements conventionnés, ainsi qu'à la constitution de réserves foncières. Explications.Répondre à des exigences environnementalesCes dix dernières années, 3.300 logements ont été construits chaque année, ce qui représente 248 hectares par an. C'est ce qu'affirme Xavier Fortinon, président du Département. « Les communes du littoral captent presque la moitié de la production de logements avec près d’un quart dédié au secteur touristique. En parallèle, l’agglomération montoise voit la production de logements neufs fortement concurrencer le parc ancien. » Des nouvelles constructions qui ne cessent de sortir de terre donc, mais qui devront désormais anticiper les exigences environnementales de la loi Climat et Résilience. Le texte fixe l’objectif zéro artificialisation nette en 2050, avec d’abord pour 2030, une réduction de l’artificialisation de 50 % par rapport à la période 2011-2021. « Autrement dit, les opportunités de construire des nouveaux logements sur des parcelles non urbanisables - comme les aires forestières ou agricoles - risquent de se réduire dans un avenir proche. Il faut l’anticiper, encore plus dans les zones déjà très tendues où les prix sont élevés et où l’offre de logements comme la réserve foncière sont au plus bas. »Autre problématique soulevée par le président du Département : la pression de l’accueil avec l’arrivée, toujours constante, de nouveaux habitants. « Il en va de même avec la pression touristique ou celle induite par les résidences secondaires, qui pèse largement sur les marchés locaux du logement. Les prix explosent et les tensions s’élargissent le long du littoral ou du rétro-littoral. » Lutter contre la vacance Pour Françoise Tahéri, préfète des Landes, si l'agrandissement du parc immobilier doit désormais être encadré, l'accent sera égalment mis sur l'optimisation de l'existant. « Nous devons nous concentrer sur la rénovation énergétique d'abord, mais aussi lutter contre la vacance. On estime que 21.000 logements sont vacants dans le département, ce qui représente 8% du parc des logements », souligne-t-elle. « D'après nos chiffres, 8.900 habitations seraient ainsi vides depuis plus de deux ans. Ce sont généralement des biens qui sont bloqués par des problèmes de succession ou de rénovations qui peuvent s'avérer coûteuses justement. S'il y a un message que j'aimerais faire passer aux propriétaires aujourd'hui, c'est bien celui-ci : leur rappeler qu'il y a une volonté politique de les accompagner dans ce processus, notamment avec Ma Prime Renov », explique-t-elle. « Ce dispositif peut leur permettre d'obtenir des aides financières, par exemple pour des travaux d'isolation et de chauffage. Je les encourage vivement à le faire parce que ce sont des logements dont les landais ont besoin. »Pour la préfète des Landes, le resserrement des conditions d'accès au crédit est également problématique. « Les plus touchés sont les étudiants, les jeunes actifs et les classes moyennes. » Pour endiguer ce phénomène, le Département a ainsi mis en place une stratégie. C'est en tout cas ce qu'affirme Xavier Fortinon, qui évoque : « à travers le Plan Départemental de l’Habitat élaboré avec l’Etat pour 2021-2027, nous nous sommes fixés l’objectif de construire et réhabiliter 700 logements locatifs sociaux et 350 logements en accession sociale à la propriété par an. Cet objectif répond à une augmentation de la demande de logement social dans les Landes avec une augmentation de 14,45 % entre 2021 et 2022 contre 10 % à l’échelle régionale. On enregistre près de 11 000 demandes sur notre territoire. » Ainsi, en plus des 21 millions qui ont déjà été alloués, s'ajoute une « enveloppe supplémentaire d’1,5 million d’euros, qui a été débloquée pour grossir la subvention accordée à XL Habitat (900 000 euros) et pour développer le plan d’action foncière (600 000 euros). » D'un point de vue opérationnel, plusieurs leviers ont été évoqués et notamment, la volonté d'accroître le rôle de l’Etablissement Public « Landes Foncier » (EPFL) afin qu’il contribue à hauteur de 15-20 % à la production de logements sociaux et d'en faire un acteur majeur de la stratégie foncière du Département ; mais également une réflexion commune avec la Banque des territoires qui pourrait créer un nouvel outil lui permettant de porter du foncier sur du très long terme. Affaire à suivre.

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