Qui est InterCellar, jeune pousse qui marie vin et NFT ? - Premium

Imagine-t-on a priori plus dissemblables que le vin et les NFT ? D’un côté une pure expression du terroir, ancré dans la terre, produit d’une activité agricole millénaire et, de l’autre, une incarnation de l’économie numérique, dématérialisée et à la toute jeune existence. C’est pourtant en trouvant comment l’un peut adresser certaines problématiques très spécifiques de l’autre qu’InterCellar est née. Cette jeune pousse, qui a moins d’un an d’existence, a été créée par Louis de Bonnecaze (CEO) et Maxime Garraud (COO). Le binôme est déjà à l’origine de Wine Bottle Club, jeune pousse girondine qui, elle aussi, associe grands vins et NFT. Si InterCellar a été fondée en région parisienne - Levallois Perret - pour bénéficier de l’accompagnement 100% Web3 et IA proposé localement par le startup studio PyratzLabs, les forces vives sont bordelaises et il est prévu de rapidement transférer le siège social en Gironde.Concrètement, InterCellar propose une plateforme dédiée à la (re)vente de vins. L’originalité repose sur le fait qu’à chaque bouteille référencée est associée un NFT (non-fungible token), un jumeau numérique sécurisé grâce à la blockchain. Et c’est ce jeton dématérialisé qui change de mains lors de la transaction, non la bouteille elle-même. Dans quels buts ? Tout d’abord garantir la traçabilité. Grâce à l’inviolabilité de la blockchain, l’acheteur est sûr du vin qu’il achète. Concernant la logistique, les avantages évoqués sont nombreux. « Il faut savoir qu’un grand cru change de mains six ou sept fois avant d’être bu. Si on n’acquiert que le jeton numérique, la question du stockage ne se pose pas et les risques et inconvénients de la logistique ne se répètent pas à chaque revente », explique Maxime Garraud. Pas de risque de perte ou de casse de la bouteille, d’incertitudes sur les conditions de conservation et de transport du breuvage, de bilan carbone associé au transport. En levant toutes ces hypothèques, InterCellar entend ainsi assurer la fluidité du marché. La revente d’une bouteille se résume à la circulation de son jumeau numérique, jusqu’au moment de livraison, qui entraîne la destruction du NFT.Cryptomonnaie : les avantages sans les contraintes« InterCellar n’est pas un outil de trading de nouvelle génération du vin et encore moins de spéculation », veut rassurer le dirigeant. « Le but reste que les personnes consomment le vin. Nous voulons régler un certain nombre de problèmes intermédiaires tant que le vin n’arrive pas dans un verre, en facilitant et structurant le marché secondaire. » Pour l’heure, la solution n’est proposée qu’aux grands crus classés. Un choix assumé pour « avoir de la visibilité par le haut », même si, à horizon de deux ans, « il est prévu de proposer des vins plus accessibles, mais qui ne seront pas vendus à la bouteille », est-il précisé. La startup travaille donc un double front dans le monde du vin : les producteurs d’un côté, les consommateurs de l’autre, avec ce même enjeu de les convertir à cette solution NFT. « C’est un travail de longue haleine, notamment pour la recherche de nouveaux châteaux. Ils comprennent que nous offrons de la simplicité d’acheter. On s’appuie là-dessus », résume le COO. InterCellar s’applique aussi à ce que l’intermédiation de la blockchain, dont les tenants et aboutissants techniques ne sont pas encore largement démocratisés, ne vienne pas compliquer ou freiner les choses. « Il est possible de payer avec sa carte bancaire sur son compte, sans avoir à manipuler directement de cryptomonnaie », confirme-t-il.Générer de la visibilité et de la tractionIl y a peu, la SAS a bouclé une levée de fonds d’un million d’euros. Une opération qui voit intervenir « une trentaine de business angels », notamment sans surprise des acteurs du secteur tech/Web3 : Cyrus Fazel (CEO Swissborg), Bilal El Amany (CEO PyratzLabs), Sami Chlagou (CEO Cross the Ages), les frères Simonin (Tada/Meria) ou encore Romain Rafecas (Tremplin Numérique). « Des sociétés avec des centaines de milliers d’utilisateurs », résume le dirigeant. Figurent également des « créateurs de contenus » comme Hugues Trijasse (Frenchstartupper), Alain Sousa Couta (Alantrading) et Mattéo Serpolet (Cryptofutur), ainsi que plusieurs vignobles, « dont un grand cru classé de Bordeaux à la renommé internationale », est-il vanté.Au-delà des réseaux et contacts que cet aréopage apporte, la manne financière sera bienvenue. « Il y a beaucoup de choses à faire cette année, sur le développement technique de la plateforme et de la marketplace, sur le marketing, pour connecter davantage de producteurs, distributeurs et consommateurs, améliorer l’expérience utilisateur et enfin développer la visibilité à l’international », énumère le dirigeant. Si les grands crus bordelais constituent l’essentiel de l’offre, cette dernière va progressivement s’élargir. La clientèle devrait suivre la même tendance. L’équipe bordelaise, qui emploie actuellement six personnes, va ainsi être notablement renforcée.Jeton exclusif, métaverse, datas…« Parallèlement au développement de sa marketplace, InterCellar travaille sur la création d’un jeton numérique exclusif à son écosystème », nous indique-t-on. Pour l’heure, le plus grand secret entoure cette innovation et ses conséquences. « C’est une très grosse nouvelle, qui sera dévoilée dans le courant de l’année », se borne à commenter Maxime Garraud. Tout juste sait-on que cela permettra « une gamification de l’écosystème InterCellar, dans le but de fidéliser toujours plus les utilisateurs, tout en alignant les intérêts des différents protagonistes ». Il serait également question d’un métaverse du vin, où il serait possible de stocker, manipuler et échanger des bouteilles virtuelles. Là encore, la prudence est de mise. « Métaverse, c’est un mot qui peut faire peur. Mais on regarde ce qui peut être implémenté, sans compliquer les choses. »D’un point de vue du business model, les opportunités de revenus sont plurielles pour la jeune pousse. InterCellar prend notamment une petite commission sur chaque transaction. Le stockage du vin est ici un service proposé via un abonnement mensuel. « Le vin est sûrement la seule industrie du luxe qui connaît et maîtrise si mal les datas liées à ses consommateurs finaux », ajoute enfin Maxime Garraud. Une lacune que la startup se propose de combler : « On peut apporter cette connaissance aux domaines viticoles », assure-t-il. Un savoir qui, lui aussi, a un prix.InterCellarSAS fondée en mai 2023Effectif : 6 personnesCA : NC

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