Ilasis renforce (encore) son capital pour préparer la commercialisation de son bistouri laser - Premium

Après quatre ans de R&D, Ilasis entraperçoit la lumière au bout du tunnel, et espère commercialiser à la fin de l’année son bistouri laser. Ce dispositif doit permettre de faciliter les opérations de la cataracte, chirurgie la plus répandue dans le monde avec 30 millions de patients chaque année. Après une levée de fonds de 2,2 millions d’euros en février 2022, la startup officialise un tour de table de 4,4 millions d’euros (dont 600.000 euros en non-dilutif), comme Placéco en révélait l'ambition en décembre dernier. Irdi Capital Investissement, actionnaire historique d’Ilasis, y participe, ainsi que le fonds Naco et plusieurs business angels. « La particularité de notre capital est d’être composé à 90% de personnes physiques et à 10% seulement de fonds, précise François Salin, président et cofondateur de l’entreprise. Par exemple, l’un de nos business angels a mis à lui seul 2,1 millions d’euros. Outre l’argent, ils nous apportent une expérience et un réseau extraordinaire. » Cette augmentation de capital permettra à Ilasis de se financer durant un an, et d’assurer la mise sur le marché de son bistouri, baptisé Rx. Car après une phase d’investigations cliniques réalisées en 2022 auprès de 78 patients, Ilasis a pu déposer son dossier pour l’obtention du marquage CE, indispensable à la commercialisation européenne de tout dispositif médical. « C’est un très gros dossier de 5.500 pages, souligne sur le ton de l’humour François Salin. On espère obtenir le marquage en octobre, mais les organismes notifiés par l’Union européenne sont complètement sous l’eau depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle législation. » Ce règlement européen baptisé MDR (medical device regulation) est effectif depuis le 26 mai 2021. Il renforce la sécurité de ces dispositifs… mais crée des embouteillages. « D’habitude, ils étudient 1.600 dossiers par an, là ils en ont entre 4.000 et 6.000 », précise ainsi notre interlocuteur.La commercialisation avant une série A Le bistouri sera fabriqué en France. La partie mécanique sera assurée par l’entreprise paloise Sedemeca, spécialisée dans l’aéronautique mais qui mène une stratégie de diversification de son activité. L’électronique sera sous-traitée à une usine normande et, si les composants nécessaires à la partie optique proviennent d’Allemagne ou de Chine, la fabrication à proprement parler sera réalisée en interne par Ilasis. Le prix de chaque bistouri devrait osciller aux alentours de 100.000 euros, et le produit sera déployé directement à l’échelle européenne via un réseau de distributeurs. Ilasis espère signer trois ventes en 2023, puis une trentaine en 2024, avant d’arriver à 60 ou 80 en 2025. « Notre modèle est basé sur la vente de consommables, détaille François Salin. Pour chaque opération nous toucherons une redevance de 100 euros. » La startup vise les cliniques privées, qui réalisent globalement 80% des opérations de la cataracte en France comme en Europe. Ensuite viendra l’ouverture à l’international hors Europe. Si l’actuelle levée de fonds se veut « intermédiaire », Ilasis entend boucler une série A de 15 à 20 millions d’euros dès l’année prochaine. « Cela nous permettra d’attaquer les Etats-Unis et d’autres régions du monde, tout en finançant le développement d’un nouveau produit », dévoile François Salin. Un produit qui concernerait toujours l’ophtalmologie, car l’autre grand marché du secteur est la chirurgie réfractive pour corriger la myopie, l'hypermétropie ou l'astigmatisme. Le dispositif, à l’instar du bistouri Rx, sera « frugal », léger et portatif pour faciliter son utilisation. Et la concurrence ? « Pour l’instant nous sommes toujours seuls sur ce créneau de la frugalité, et on n’entend pas parler de projets dont les technologies sont similaires aux nôtres. » Un avantage qui joue en faveur d’Ilasis, pour peut-être « entamer des discussions assez étroites très rapidement » avec l’un des quatre grands concurrents de la jeune pousse. Pour des investissements avec option d’achat, ou des achats immédiats… Et pourquoi pas une fusion ? « Nous ne sommes pas contre nous faire racheter, tout dépend des conditions, affirme le cofondateur. Le but n’est pas de nous débarrasser de l’entreprise mais de trouver un appui. D’autant que souvent, les grands groupes ne font plus de R&D en interne, et attendent de voir des startups survivre pour les racheter. » En attendant, Ilasis trace sa route, et renforcera progressivement ses équipes pour compter une trentaine de salariés en 2024, contre 14 aujourd'hui.IlasisFondée en 2018Basée sur le parc Ampéris (Pessac)14 salariés

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