Construit par acquisitions, Abso Bois veut devenir une ETI de référence de la filière bois - Premium
A la tête d'Abso Bois, Antoine Messean lance un plan de développement industriel sur trois ans - crédit Abso Bois
Constitué en quatre ans grâce à une série d’acquisitions successives, le groupe bordelais Abso Bois réunit aujourd’hui une palette de métiers qui va de la scierie jusqu’aux produits finis d’ameublement et représente 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et 240 collaborateurs. Soutenu par 4 millions d’euros d’argent frais, il engage désormais un plan de développement industriel sur trois ans.
« 2021 est la première année bouclée avec notre périmètre complet d’activités », attaque Antoine Messean. Quand Placéco l’avait rencontré fin 2020, cet ancien banquier, au parcours de spécialiste des entreprises en difficultés puis de chargé des fusions acquisitions chez BPACA, venait de boucler trois acquisitions qui lui permettent aujourd’hui d’afficher ses nouvelles ambitions à la tête du groupe Abso Bois.
Retour en arrière. En 2018, Antoine Messean décide de racheter une scierie landaise qui traverse une mauvaise passe, la société Lamarque Sogy Bois. Implantée à Ygos-Saint-Saturnin, dans les Landes, elle dispose de 13 hectares de production répartis sur deux sites, et de contrats d’exploitation qui lui permettent de s’approvisionner dans les forêts du massif de Gascogne, pour délivrer des produits de première et de deuxième transformation, allant des planches aux moulures.
Agréger des compétences sans interconnexion nécessaire
L’année suivante, il se porte acquéreur de MBMA, un agenceur bordelais qui intervient notamment dans le monde de l’hôtellerie restauration, et s’est doté d’une filiale dédiée à la tapisserie d’ameublement. En 2020, il met la main sur la dernière brique de son futur groupe, en obtenant à la barre du tribunal de commerce l’usine vendéenne du groupe Rasec, spécialisé dans l’agencement de grandes surfaces et de réseaux de distribution spécialisés. Il rafle dans le même temps une petite entreprise de menuiserie de Saucats, MBT33, dont les compétences en charpente et en aménagement extérieur sont intégrées à MBMA.
« Dès le départ, j’avais dans l’idée de construire un groupe par agrégat de compétences autour de la filière bois, avec un modèle fédératif, qui va consister à réunir des métiers pas forcément interconnectés dans leur création de valeur », se souvient Antoine Messean, qui détient par ailleurs le fabricant de cuisines professionnelles Cuisinox, ainsi qu’une participation dans Telelec, un intégrateur télécoms et sécurité présent en Gironde et en Dordogne.
Pour chaque acquisition, Antoine Messean avance principalement sur fonds propres, soutenu depuis 2020 par le family office de Stanislas de Malet Roquefort, en ciblant des entreprises certes en difficultés, mais qui ne présentent pas de défaut structurel majeur. « Il n’y a pas de dette d’acquisition. Ensuite, on utilise le financement bancaire à long terme pour réamorcer l’exploitation sur des schémas simples et sains », explique-t-il.
En quatre ans, l’investisseur peut se targuer d’avoir constitué un groupe industriel qui réunit 240 personnes autour de trois sites de production (Landes, Canéjan, Vendée) et réalise, en 2021, près de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Notre stratégie consiste désormais à pérenniser la croissance interne de nos différents métiers via l’amélioration de nos outils de production et la conquête de nouveaux clients », détaille Antoine Messean.
Un plan de développement à trois ans
Le plan de développement industriel à trois ans conçu par Abso Bois bénéficie de la manne financière que constituent les fonds dédiés à la relance ou à la transition énergétique. Le groupe, intégré à la fois dans Xylofutur et dans le programme Accélérateur Bois de Bpifrance a ainsi reçu une subvention d’1 million d’euros de l’Ademe pour financer la construction d’une nouvelle chaudière pour la scierie de Lamarque Sogy Bois. Alimentée par la sciure produite sur place, elle va augmenter significativement les capacités de séchage du site et augmenter d’autant sa production. Abso Bois a par ailleurs reçu 1 million d’euros de prêt d’investissement de la part de Bpifrance, et réuni 2 millions d’euros supplémentaires auprès de Stanislas de Malet Roquefort.
Une enveloppe qui, outre la scierie des Landes, servira à moderniser l’ERP de New Rasec - l’aménageur vendéen - et à soutenir son développement commercial à l’international. Elle participera par ailleurs à l’achat de nouvelles machines chez MBMA, pour améliorer la productivité et faciliter le développement de nouveaux segments de marché tels que les menuiseries extérieures ou le petit ameublement. « Nous irons très certainement sur une deuxième tranche de levée de fonds pour continuer à moderniser la scierie et le parc de machines de MBMA », confie Antoine Messean, qui admet profiter d’une conjoncture favorable, soutenue à la fois par la très forte hausse de la demande en produits bois, et la reprise des investissements dans le secteur retail, qui profite aux activités de New Rasec et lui offre des perspectives de développement, notamment à l’international. Abso Bois, qui dégage 1,5 million en 2021, vise 42 millions d’euros de chiffre d’affaires et 6,5 millions d’EBITDA à horizon 2026.
L’investisseur, qui revendique 8 millions de fonds propres pour un encours de dettes de 4 millions d’euros, ne s’interdit pas par ailleurs de poursuivre sa croissance externe. « Nous étudions plusieurs cibles, vers les métiers de l’ameublement et vers l’aménagement extérieur, tout ce qui est charpente et ossature bois, révèle-t-il. Mais on ne cherche pas uniquement l’effet taille, notre ambition est vraiment de devenir un acteur différenciant dans son positionnement sur la filière bois, pour que Abso Bois, qui aujourd’hui signifie Agencement Bois Solutions, puisse devenir Absolument Bois ».
