Adam : entre luxe et défis de la standardisation - Premium
Jean-Charles Rinn, PDG De Adam - Photo MB
A Sainte-Hélène, l’entreprise Adam conçoit et réalise des caisses en bois haut de gamme. Installée sur la route de Lacanau depuis 2015 elle fabrique chaque année 1,3 million de produits, mais doit faire face à plusieurs problématiques comme le recrutement ou la diminution des marges.
Ce mercredi 9 février, l’usine Adam était le théâtre d’échanges entre élus de la métropole bordelaise et du Médoc. A l’occasion d’une conférence de presse autour de la coopération territoriale, chacun a pu découvrir cette pépite « made in Médoc » qui conçoit et fabrique des caisses en bois haut-de-gamme pour des vins et spiritueux qui ne le sont pas moins. Son PDG Jean-Charles Rinn doit faire face à plusieurs problématiques liées à son secteur d’activité, pour autant il assure que le chiffre d’affaires de 2020, qui sera connu en mars, diminuera peu : entre 0 et -5 points par rapport à 2019. Explications.
Le niveau d’exigence augmente
« Notre activité s’est tenue l’année dernière mais nous constatons une dégradation de nos marges, présente Jean-Charles Rinn. D’abord parce que le prix des matières premières augmente à cause de la raréfaction des produits, mais aussi parce que le niveau d’exigence de nos clients croit lui aussi. » Et pour cause. Adam se positionne sur un marché de luxe, et compte parmi ses 200 clients actifs de prestigieux noms : Château Cheval Blanc, Château Mouton Rothschild ou encore Dom Pérignon.
« Cette exigence du produit se renforce logiquement, car nous sommes sur des 1ers crus classés, des grands champagnes. Aujourd’hui nous avons de moins en moins le droit à l’erreur. Mais nous arrivons à une forme de point de bascule entre l’exigence et le matériau que l’on travaille, analyse le PDG de l’entreprise. C’est un bois hétérogène, par nature différent de l’un à l’autre, avec des défauts. Aujourd’hui on penche vers une standardisation des produits. » Cette pression se reporte naturellement sur le salarié, et lorsque la question se pose de laisser passer une caisse ou de ne pas prendre le risque qu’elle soit retoquée, « il l’envoie à la benne ». Et forcément, « notre marge en prend un coup ».
Des difficultés pour recruter
Autre constat dressé en 2020, et une conséquence indirecte de la crise : les difficultés pour garder un salarié. Sur la soixantaine d’employés, l’année dernière, 20 ont quitté l’entreprise. « C’est un turn-over massif qui n’est pas habituel chez nous, s’inquiète le dirigeant. Il s’agit pour un tiers de décisions de notre part, pour un tiers d’incidents de vies personnelles, et enfin de personnes ayant des profils de compétences atypiques qui ont décidé de partir sans projets concrets derrière. » Une perte de savoir-faire et d’intelligence collective, car si Adam a réussi à remplacer ces départs, le temps de formation nécessaire fait diminuer la productivité du site.
« Les métiers de l’industrie au sens large ne font pas rêver, concède Jean-Charles Rinn. Il y a plusieurs problématiques, comme la capacité de l’entreprise à se rendre attractive. Nous travaillons énormément sur le sujet et nous sommes attractifs, car les 20 postes ont été pourvus. Mais c’est la question du long terme qu’il faut ensuite résoudre. Comment garder des personnes qui n’ont pas beaucoup d’évolutions de carrière ? Il peut s’agir d'emplois alimentaires et ce n’est intéressant ni pour eux, ni pour nous. »
L’humain au cœur des projets
L’année 2021 devrait être stable pour le fabricant de caisses. Le PDG table sur un maintien de l’activité, mais n’entre pas dans une stratégie de croissance. « Nous ne faisons pas de prospection commerciale. C’est peut-être une bêtise mais c’est comme ça que l’on fonctionne. Nous misons sur la création de valeurs pour nos salariés mais aussi le territoire. » A ce titre, Jean-Charles Rinn poursuit la transmission du capital à ses salariés, à horizon de 5 ans. D’ici la fin de l’année il espère avoir structuré la mise en place d’un fonds de dotation actionnaire, pour garantir la gratuité de cette transmission. Second projet, la mise en place d’un outil d’éco-socio-conception. « L’idée est de caractériser nos activités et nos produits, précise le dirigeant. Pas seulement pour l’environnement comme cela peut être le cas, mais pour intégrer des données sociales aussi. Par exemple, comment mesure l’impact de notre entreprise et de notre activité sur le territoire ? »
Autre sujet qu’Adam souhaite développer cette année, celui de l’approvisionnement du bois qui vient aujourd’hui à 90% de Galice ou du Portugal. « Nous réfléchissons pour renforcer notre approvisionnement en matières premières locales. En développant l’attractivité de notre scierie, mais aussi en nouant des partenariats avec des industries des environs qui partagent notre philosophie. »
Enfin Jean-Charles Rinn assure mener une réflexion sur des enjeux de diversification, même s’il est encore « trop tôt pour en parler ».
Adam
Basée à Sainte-Hélène
65 salariés
CA 2019 : 9M€
www.adampack.com
