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À Arcachon, un « Qui veut être mon fournisseur » pour les startups du made in France

Innovation
mardi 26 septembre 2023

Entrepreneur de Captieux (Gironde), Alexandre Fleury cherche des fournisseurs capables de l'aider à réaliser son projet de lunchbox à l'occasion de l'événement La Plage aux Entrepreneurs organisé par la ville d'Arcachon - crédit AL

Startup recherche fournisseurs : une séquence de la Plage aux Entrepreneurs, organisée le 16 septembre dernier à Arcachon, a illustré les difficultés que rencontrent certaines PME régionales dans leurs recherches d’un approvisionnement conciliant origine France, respect du cahier des charges et coûts maîtrisés. L’une des clés du succès : apprendre à penser « out of the box ».

Pour fabriquer en France, encore faut-il pouvoir s’y approvisionner. Cette problématique, parfois complexe, à plus forte raison quand on porte un projet d’innovation, a fait le 16 septembre dernier l’objet d’une séquence originale lors d’un événement dédié à la réindustrialisation, organisé à Arcachon. Inspirée de la célèbre émission de M6 dédiée aux startups qui recherchent des investisseurs, elle proposait à des entrepreneurs confrontés à une difficulté d’approvisionnement de pitcher leur besoin face à trois experts du sujet. Nom de code : « Qui veut être mon fournisseur ? ».

Parmi les participants, le girondin Alexandre Fleury est venu présenter son « météore », un prototype de lunchbox à plusieurs compartiments, associé à un consommable qui doit permettre de faire chauffer son plat de résistance pendant qu’on mange son entrée. « Il y a deux ans, au début du projet, on s’est rendu compte que personne en Europe ne savait faire de contenant isotherme en acier inoxydable », témoigne le jeune homme. Une simple question d’équipement, qui constitue un cas d’école éloquent pour Benjamin Lasserre, du bureau d’études spécialisé dans l’approvisionnement La Source française. « Dans un contexte de réduction des plastiques, la gourde isotherme est en pleine croissance, l’industriel qui déciderait d’accompagner Alexandre dans son projet s’ouvrirait un marché significatif », fait-il remarquer.

Des objectifs de coûts, de savoir-faire, de certification... 

En 1999, la landaise Quitterie Delfour a repris un atelier de couture à Magescq et a fait le pari d’y développer une activité de confection pour du linge de maison inspiré des territoires aquitains, commercialisé sous la marque Artiga et se réclamant d’une fabrication locale. Sa demande : identifier un matériau isolant biosourcé et d’origine française, pour élaborer une gamme de gants et maniques dédiés à la cuisine. « Nous avons fait des tests avec des laines recyclées, mais pour l’instant ça n’est pas concluant, en sachant que nous avons besoin d’une certification, notamment pour l’export », explique la dirigeante. « Nous avons fait une rapide étude de marché, neuf gants sur dix utilisent une isolation en synthétique », constate Benjamin Lasserre, selon qui la ouate naturelle ou la feutrine auraient cependant de bonnes chances de remplir l’objectif. « C’est réalisable, estime quant à lui Marc Pradal, PDG du spécialiste des équipements de protection individuelle normand Kiplay, mais c’est la question du coût qu’il faudra regarder ». « Dans le Pays basque, Traille fait de la ouate à partir de laine de mouton », suggère Cléa Polar, vice-présidente de Façon de faire, l’association qui regroupe les acteurs du textile autour du made in France.

Sur le sujet, lire aussi : « La réindustrialisation est à la convergence des luttes entre l’écologie et le social » pour Gilles Attaf, président de l'association Origine France Garantie

Venue de l’Hérault, Marine Olacia ambitionne quant à elle, via sa toute jeune société SAO Textile, de recycler les filets de pêche usés qui jonchent la Méditerranée pour en faire des vêtements techniques dédiés au sport. Pour ce faire, le polyamide qui compose les filets est découpé, puis transformé en granulés, avant d’être fondu et extrudé pour redonner naissance à une fibre prête au tissage. Un procédé maitrisé, mais encore peu déployé en France, souligne la fondatrice, qui se heurte en outre à la difficulté de la collecte en volumes des filets usagés qui constituent sa matière première. D’un point de vue industriel, « on est typiquement dans le cas du chaînon manquant en matière de recyclage des polyamides, avec peut-être un marché à prendre et un potentiel de croissance », remarque Benjamin Lasserre, qui suggère par ailleurs à Marine Olacia d’étudier la possibilité d’effilocher les fibres de polyamide pour préparer leur réutilisation. « Ouatéco à Saint-Geours-de-Maremne le fait déjà sur certaines fibres », illustre-t-il.

Penser « out of the box »

Que faire quand aucune offre n’est au rendez-vous de la demande ? C’est le problème récurrent auquel se confronte le Tourangeau Christophe Baudron, qui ambitionne, avec sa startup Vertige, de concevoir du petit électroménager fabriqué en France sans plastique. Pour son premier produit, une bouilloire, qui entre en production, l’entrepreneur indique avoir dû solliciter plus d’une trentaine d’entreprises, avec des problématiques d’approvisionnement, mais aussi de compétences. « Nous faisons intervenir des métiers de l’artisanat, chaudronnier, braseur, soudeur, qui parfois nous disent ne pas savoir faire ce qu’on leur demande. Il faut donc prendre le temps de les convaincre que c’est dans leurs cordes », explique Christophe Baudron, dont le prochain défi, outre la recherche de financements, sera de passer des petites séries artisanales à une approche plus volumique, avec ce qu’elle suppose d’automatisation pour garantir un prix compétitif. « Il faut savoir rester flexible, sur les matières comme sur le design, réagit Tiphaine Chouillet, cofondatrice de La source française, qui ajoute à la flexibilité la nécessité d’une vraie ouverture d’esprit. On a par exemple réussi à faire fabriquer des pilons, dédiés à des mortiers, par un fabricant de pieds de lit, quasiment au même prix que ce qu’on trouvait en Asie. L’important, c’est d’ouvrir son spectre, et d’apprendre à penser out of the box ».