Transports Guyamier : le rugby comme terrain d’embauches

« Autrefois, le service militaire permettait à des jeunes d’obtenir leur permis. Cela représentait 10 000 personnes par an en France. Nous avons perdu cette opportunité, sans compter que le métier de chauffeur est devenu moins attrayant », regrette Nicolas Guyamier, dirigeant depuis 12 ans des Transports Guyamier. Acteur majeur du transport routier dans le sud-ouest, comptant un chiffre conséquent de 320 collaborateurs, cette société girondine ne cache pas ses difficultés à attirer de nouveaux recrus. Les besoins sont d’autant plus forts que le groupe continue de se structurer après les rachats en 2019 des transports Lacassagne, puis d’Atlantic Europe express en 2021 et de SMME Transport en 2022. « Ces trois dernières années, j’ai embauché 30 chauffeurs et 5 exploitants. Malgré tout, il nous manque une vingtaine de collaborateurs, surtout des chauffeurs. Il est aussi très difficile de trouver et de former des exploitants, soit des managers d’une vingtaine de chauffeurs », explique le chef d’entreprise.

Face à ses difficultés, le groupe a ainsi revu depuis 4 ans sa stratégie de séduction mettant le cap toute vers la communication, multipliant les interventions dans les organismes de formation tels que l’École de Conduite Française et l’AFTRAL. « Pôle emploi, ça ne fonctionne pas. On essaie donc de recruter plus intelligemment, d’attirer aussi des conducteurs aguerris avec des arguments comme la possibilité de pouvoir utiliser des véhicules plus récents et plus propres », décrit Nicolas Guyamier qui utilise cependant un autre levier, plus insolite, pour recruter.

« Ils sont naturellement habitués à manager »

Féru de rugby, président depuis 8 saisons d’un club de rubgy, le CM de Floirac, le dirigeant de Transports Guyamier a trouvé dans cette passion et ce réseau une opportunité d’étoffer les forces vives de sa société. « Cela s’est fait naturellement. Il y a 6 ans, j’avais un joueur dans l’équipe de Floirac avec une formation dans la logistique. Je l’ai rencontré et recruté. Il était au top. Il est monté très vite en compétence et est devenu exploitant. »

Au fil des ans et des rencontres de joueurs, que ce soit au club de Floirac ou dans d’autres clubs, Nicolas Guyamier a puisé dans ce vivier de sportifs jusqu’à neuf de ses exploitants actuels. « Je retrouve dans ces joueurs tout ce que je recherche pour un poste de manager. Des valeurs d’unité, d’engagement et de respect. Ils sont naturellement habitués à diriger, à travailler en collectif, à avoir l’esprit d’équipe. Ils en ont l’expérience, ce qui va au-delà de ce qui s’apprend dans des cours théoriques », ajoute le dirigeant, qui, pour l’instant, ne regrette aucun de ses choix. « On en discute bien sûr avec la DRH, mais souvent on est d’accord. On fait tout pour faire les bons choix et le rugby est un apporteur d’affaires. Toutes les méthodes sont bonnes prendre et celle-là est bien. »

Le recrutement se fait de manière empirique, Nicolas Guyamier repère, se renseigne, discute, fait passer le message auprès des entraineurs. « Il faut que les joueurs en aient envie. 90% ont des formations, des bagages et savent ce qu’ils veulent faire, mais il y a parfois des possibilités de suggérer une reconversion professionnelle. Je propose et ils disposent ». Les recrus, dès lors, réalisent des stages de découverte, se testent. Certains se présentent aussi spontanément.

Une journée annuelle « Rugby-entreprise » pour attirer les plus jeunes

De façon plus formelle, Nicolas Guyamier a, par ailleurs, lancé l’organisation depuis 2019 de journée « rugby-entreprise ». Une fois par an, -à l’exception des années de pandémie- en juin, il ouvre les portes de ses entrepôts Lacassagne de Cestas pour présenter les métiers du transport. Il y convie des carrossiers, des auto-écoles, des organismes de formation, des lycées pros, organise des ateliers, un apéritif pour rendre l’évènement un « peu sympa ».

« L’an dernier, cette journée a ainsi attiré près de 250 personnes, notamment des parents avec les jeunes inscrits au club de rugby de Floirac, partenaire de l’évènement. L’idée est en effet de mieux leur faire connaître ces métiers du transport et d’anticiper sur le recrutement pour les années à venir », décrit Nicolas Guyamier précisant que cette journée attire aussi des conducteurs de camions aguerris, intéressés par la présence de concessionnaires et les démonstrations de nouveaux véhicules.

Le coût d’une telle organisation en serait modeste. « C’est surtout du temps passé, pas forcément de l’argent. Je pourrai appliquer cette méthode à d’autres sports, mais mon atout est de disposer de contacts et de réseaux. Ce qui demande au final le plus d’investissements, c’est de proposer des formations initiales mais aussi continues sur la sécurité et la prévention. Confier un 400t à des conducteurs, c’est confier une bombe humaine entre leurs mains », ajoute le dirigeant, qui estime que l’autre grand défi, en tant qu’employeur, est d’arriver à fidéliser ses salariés.

Un pacte de partenariat pour éviter le turn-over

Avec l’un de ses recrus issus du CM de Floirac, ils sont ainsi partis d’une feuille blanche pour lister tous les moyens afin d’améliorer le bien-être des collaborateurs. « Nous l’avons formalisé, il y a 4 ans, par un pacte de partenariat qui permet d’accompagner les salariés et offre des avantages comme la possibilité de pouvoir choisir son véhicule de fonction », indique Nicolas Guyamier, qui se réjouit d’avoir recruté dans le secteur du sport. « Cette méthode permet aussi de retrouver les valeurs de ces joueurs, telle que l’esprit d’équipe, dans le fonctionnement et la bonne marche de l’entreprise, c’est ça aussi qui est recherché. »

Groupe Guyamier

Fondation en 1948

Siège social : Ambès

Effectif : 320 salariés

CA 2023: 45 M€

800 cartes grises