Mathias Saura : « en tant que Medef, nous devons réfléchir à une croissance responsable » - Premium

La grande soirée annuelle du Medef Gironde est organisée autour du thème « résolument optimiste ». L’optimisme est-il d’actualité pour les chefs d’entreprises girondins, ou faut-il y voir un appel à positiver dans un contexte difficile ? Il faut trouver de l’optimisme, c’est le but ! Je n’ai pas choisi ce thème, mais je suis très content de le porter, et il fait plutôt écho à ce dont on a besoin dans une période ni vraiment simple, ni vraiment catastrophique. J’essaie d’échanger un maximum avec les entreprises ou les fédérations, pour cerner les besoins et les attentes, et j’en retiens une attitude légèrement plus pessimiste par rapport à celle des mois précédents. Après la période très complexe du Covid, il y a eu une forme de soulagement par un redémarrage assez fort de l’activité, avec des difficultés, certes, mais des difficultés de croissance : trouver de la matière première pour fabriquer, s’approvisionner en énergie pour des besoins en hausse, et recruter pour renforcer les équipes. Aujourd’hui, les deux premiers sujets sont moins problématiques, et on commence à voir, suivant les secteurs, une accalmie sur le recrutement. Le problème, c’est que ces phénomènes cachent un début de tassement ou de ralentissement de l’économie générale. Il faut donc rester résolument optimistes, même avec des facteurs anxiogènes comme la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sans parler de la gestion du quotidien.En tant que nouveau président du Medef Gironde, quels sont les grands axes de votre feuille de route ? Il y a deux piliers principaux. D’abord, répondre à l’actualité des besoins des chefs d’entreprise, et aux sujets qui arrivent sans prévenir. Dernièrement, c’était la question des émeutes. Quand ça arrive, on essaie de faire au mieux, avec l’ensemble des équipes, pour apporter des solutions à certains magasins par exemple, en échangeant avec la préfecture, la CCI et d’autres… En parallèle, il faut comprendre les intérêts et les sujets de fonds des entreprises ou des fédérations, ce qui amène à des sujets qu’on connait déjà : la mobilité, avec l’objectif de faire que les déplacements soient plus fluides. La recherche de solutions relève plus du volet politique, et nous ne souhaitons pas encourager une idée plutôt qu’une autre. En revanche, nous voulons que toutes les pistes soient étudiées, et que les choix soient faits en fonction du résultat, à savoir une mobilité simplifiée, pour les entreprises comme pour leurs collaborateurs et les citoyens, pour que personne ne passe une heure et demie dans les bouchons matin et soir, et que le centre-ville reste accessible. Le sujet de la ZFE est très lié. Les annonces du moment vont dans le sens d’un allègement, ce qui est très bien, mais nous restons attentifs, notamment parce que la ZFE ne doit pas devenir un facteur de ségrégation. Le logement fait aussi partie des grands sujets avec, sur la métropole, une double problématique de prix et d’accessibilité. C’est un problème d’attractivité pour les entreprises, et c’est aussi un problème social à terme. La pénurie n’est pas saine. Le recrutement reste à l’ordre du jour ? Bien sûr, avec de vrais sujets sur la formation, mais aussi sur l’engagement. Aujourd’hui, on est assez faible en France sur cet aspect par rapport à d’autres pays, or c’est important. Si l’on veut demain un cadre de vie agréable, des entreprises responsables et une écologie avec une vraie vision macro, il faut qu’on ait un engagement plus important, ce qui implique de rendre plus attractives nos entreprises sur ces sujets.Lors de votre discours d’investiture, vous avez évoqué l’idée de devancer les sujets économiques, pour aider les entreprises à mieux s’y préparer. Comment faire ? Ça fait partie de ce à quoi nous devons servir, en tant que Medef ! Nous sommes nombreux, nous avons des capacités, nous échangeons beaucoup, et tout ça nous donne la possibilité de mieux comprendre où les choses vont, et essayer de donner à nos adhérents un temps d’avance par rapport à ce qui pourrait arriver. C’est certainement le plus difficile, mais c’est important, et c’est aussi rassurant de se dire qu’on contribue à façonner ce qui va venir plutôt que de simplement le subir. C’est l’une des raisons pour lesquelles le Comex 40 (qui réunit une douzaine de chefs d’entreprise de moins de 40 ans pour des réflexions plus prospectives, ndr) a été créé il y a un an et demi : conjuguer un maximum de compréhension pour préparer ce qui arrive. Certains sujets s’imposent d’eux-mêmes. Nous savons que les sujets RSE seront de plus en plus importants et notre devoir en tant que Medef est donc d’amener nos adhérents à comprendre que ces enjeux sont réellement importants et d’agir.Sur d’autres, c’est plus délicat, notamment parce qu’il faut arriver à comprendre s’il s’agit de problématiques court terme ou long terme. C’est le cas pour l’approvisionnement en matériaux, les coûts de l’énergie ou le recrutement : sommes-nous sur une problématique qui va s’arrêter, s’inverser, ou sur un courant de fond qui nous amène à terme sur de nouvelles difficultés ? Nous devons préparer l’ensemble de nos adhérents sur ces sujets, et confronter notre vision avec celle des autres organismes patronaux, mais aussi avec les syndicats salariés, parce qu’il peut y avoir des volontés et des idées communes. ZFE, loi Plein emploi, réforme du lycée professionnel… tous ces sujets relèvent d’une politique nationale. Quels sont les leviers d’action d’un Medef territorial comme celui que vous présidez ? Il faut déjà rappeler que le Medef Gironde est le deuxième Medef territorial de France, ce qui nous permet d’être entendu et écouté au niveau national. Il est clair que des orientations telles que la loi ZAN n’a pas le même impact selon le territoire. En Île-de-France, la ZAN rentre plus facilement dans les process, du fait d’un grand nombre de friches industrielles. Dans un territoire comme le nôtre, c’est un danger plus important de blocage, à terme, de la croissance et de l’attractivité du territoire. Il faut donc pouvoir dire ces choses, les faire remonter, et faire en sorte que la Gironde soit écoutée.Au niveau national, pensez-vous que Geoffroy Roux de Bézieux laisse à Patrick Martin les clés d’un Medef rassemblé ?Oui, on l’a vu au résultat du vote. Nous avions deux très bons candidats, qui n’ont pas du tout été dans la confrontation une fois l’élection passée, et ça fait beaucoup de bien, en sachant que les lignes n’étaient pas antagonistes. Nous avons donc, de mon point de vue, un Medef rassemblé, ce qui permet d’avancer dans la bonne direction.Au-delà des aspects économiques, le Medef revendique une dimension citoyenne, comment va-t-elle s’incarner au cours de votre mandat ? Cette dimension, déjà présente dans le mandat précédent, s’incarne dans le besoin que nous avons de réfléchir à une croissance responsable. Je pense que l’être humain en général a besoin de se dire que demain sera mieux qu’aujourd’hui, mais cette croissance doit être respectueuse de l’environnement, des autres et en adéquation avec les différents territoires, ce qui signifie que nous devons porter une attention très particulière aux sujets sociaux, sociétaux et écologiques, pour continuer à avancer en limitant un maximum les effets négatifs. De mon point de vue, c’est faisable.Sur cette question des territoires, comment le Medef 33 peut-il devenir plus représentatif de l’ensemble du département ? En Gironde, la Métropole prend une place importante, forcément, et le Medef est peut-être un peu trop centré sur cette métropole, or il y a dans tout le département des entreprises qui ont besoin qu’on aille vers elles, pour les aider ou tout simplement pour les comprendre. Avec quatre territoires aux problématiques différentes, entre le Bassin, très important et en plein développement, le Libournais qui continue à se développer, mais se trouve peut-être un peu à l’ombre de la métropole, le nord-Médoc et le sud-Gironde. Il va falloir, et c’est l’un des sujets de mon mandat, qu’on ait des relais, qu’on soit présent sur ces territoires, pour aller au-devant des entreprises et les représenter, puisque nous sommes là pour porter leur voix.Au sujet de la représentativité, que vous inspire le récent sondage Ifop réalisé pour Fiducial, qui révélait fin juin que 54% des patrons d’entreprises de moins de 20 salariés déclarent avoir une mauvaise image du Medef ? C’est le signe d’un travail à réaliser, en gardant tout de même en tête que malgré certains sondages qui semblent négatifs - comme celui-ci qui intégrait les autoentrepreneurs - le Medef est en expansion, en Gironde comme au national. Il y a donc de plus en plus d’entreprises qui nous rejoignent, précisément parce que nous essayons de les aider. Cela dit, nous devons accentuer ce que l’on fait pour les petites entreprises, en parallèle des moyennes entreprises qui sont le cœur de nos adhérents. Nous devons donc travailler plus, mais aussi mieux faire connaître notre action. Le Medef Gironde, c’est une équipe de douze permanents, essentiellement des juristes, qui sont là pour aider toutes les entreprises non structurées sur des sujets sociaux, de droit, etc. Et c’est bien le cœur du sujet, puisque ce ne sont pas les ETI ou les grands groupes qui ont ce genre de besoins. Ceux qui utilisent nos services sont très contents de ce qu’ils y trouvent, mais il n’y a peut-être pas assez de diffusion.Y a-t-il de façon plus générale un travail à mener sur l’image du Medef ? En permanence, mais pas plus aujourd’hui qu’hier et pas plus demain qu’aujourd’hui. Le Medef doit changer à la même vitesse et dans la même direction que la société, et ça implique de travailler sur l’image puisqu’il y a toujours un temps de latence entre ce qu’on projette et ce que l’on est. Pour le vivre de l’intérieur, je vois un Medef résolument moderne, un peu décorrélé de l’image qu’on peut en avoir. Et pour ne parler que du niveau local, le Medef a toujours été extrêmement bien tenu par les présidents qui m’ont précédé et par les permanents qui réalisent sa promesse. En tant que nouveau président, l’idée est donc de le projeter, une nouvelle fois, un cran plus loin. L’impact sociétal, la RSE, sont des sujets plus prégnants en 2023 que lors des décennies précédentes. La mise en place de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive, ndr), qui concerne pour l’instant les ETI, sera sans doute à terme étendue à toutes les entreprises, il faut donc par exemple qu’on les y prépare.

Mathias Saura : « en tant que Medef, nous devons réfléchir à une croissance responsable » - Premium

RV le 20 mars : Placéco invite Anne-Catherine Péchinot, DG d ...

Profession’L revient à Bordeaux les 13 et 14 mars

Le Rallye des Pépites revient à Bordeaux pour sa 10e édition

RV le 31 janvier : Placéco Live avec Christian Maviel, PDG d ...

David Djaïz et Élisabeth Laville, invités des Rencontres RTE ...

RV le 18 octobre : Placéco Live avec Nicolas Béraud de Betcl ...

Jeux vidéo : Horizon(s) revient pour une seconde édition à B ...

La Plage aux entrepreneurs revient à Arcachon

En images : la 2e édition de Résolution, au Palais des Congrès de Bordeaux

La chronique innovation : Agena Space veut mettre en orbite ses satellites légers

New Space : Aerospacelab France change de nom et maintient son calendrier

La chronique innovation : Comerso revalorise les invendus au profit d'associations

DigitÉco #11 : votre IA, open source ou propriétaire ?

La chronique innovation : Les Nouvelles Fermes réinventent l'aquaponie urbaine

Décarbonation des bâtiments : Air Booster concrétise un tour de table avec Team for the Planet