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Emploi en Nouvelle-Aquitaine : en 2023, toujours plus de recrutements prévus et de difficulté à les concrétiser

Écosystème
lundi 17 avril 2023

Dans 95,5% des cas, les projets de recrutement de conducteur de transport en commun sur route sont jugés difficiles, taux par métier le + élevé de la Nouvelle-Aquitaine. Crédit : Adobe Stock

Deux tendance fortes émergent de l’enquête réalisée par Pôle emploi sur les besoins en main d’œuvre des entreprises néo-aquitaines en 2023 : jamais les projets d’embauche n’ont été aussi nombreux et il apparaît de plus en plus difficile pour les recruteurs d’arriver à pourvoir les postes ouverts. Revue de détail.

Réalisée par Pôle emploi d’octobre à décembre derniers auprès de quelque 180.000 entreprises néo-aquitaines, l’enquête annuelle sur les besoins en main d’œuvre (BMO) 2023 dans notre région vient de livrer ses résultats. D’où il ressort qu’après le niveau déjà historique atteint l’an passé (330.600), les intentions d’embauche progressent à nouveau cette année (+2%) dans notre région - alors que la tendance recule de 0,2% au plan national - avec 337.700 projets de recrutement annoncés. Ce volume s’inscrit en hausse de 31% par rapport à 2019, dernière année de référence pré-covid. Pour près de deux tiers des postes concernés (64,2%), il s’agit d’emplois non saisonniers, en CDI ou CDD de plus de 6 mois (vs 72% au national). 33% des entreprises néo-aquitaines interrogées envisagent de recruter (vs 31% au national) et 49% des projets de recrutement sont portés par des établissements de moins de 10 salariés, « qui représentent 86% du tissu économique régional », souligne-t-on au sein de Pôle emploi. A remarquer a contrario qu’en un an, les intentions d’embauches reculent au sein des établissements de 50 salariés et plus.


Le secteur des services concentre 58% des intentions d’embauches en Nouvelle-Aquitaine (soit 194.300 projets de recrutement), principalement dans la santé, l’action sociale et la restauration. Pour leur part, l’agriculture et l’agroalimentaire représentent 19% des intentions (62.600), « majoritairement pour des postes de saisonnier ». A l’inverse, les postes à pourvoir sont essentiellement non saisonniers dans le commerce (11% des projets, soit 38.300), la construction (7% du total régional, 23.700) et l’industrie manufacturière (6%, 18.800). Les métiers non saisonniers sur lesquels les intentions d’embauche sont les plus nombreuses pour 2023 appartiennent principalement à 5 domaines :
- le service à la personne, avec les métiers d’aide à domicile et d’aide ménagère (8.600 intentions) ;
- la santé, sur des postes d’aide soignant et d’infirmier (7.000 intentions) ;
- les services aux entreprises, principalement agent d’entretien (8.500 projets) et secrétaire (3.900) ;
- le transport/logistique, sur les métiers de manutentionnaire (5.600 intentions) et de conducteur routier (3.900) ;
- l’hôtellerie-restauration, avec les métiers d’employé de cuisine (5.600 projets), de serveur (4.700) et de cuisinier (4.000).


Les recrutements perçus comme toujours plus difficiles à réaliser

Au plan national, 61% des projets d’embauche sont jugés comme difficile à concrétiser sur 2023 (+3% en un an). Cette part est de 70% en Nouvelle-Aquitaine, chiffre qui atteint un plus haut historique (vs 52% en 2021 puis 68% en 2022). Selon Pôle emploi, cet écart de près de 10 points s'explique par un taux de chômage régional plus faible en Nouvelle-Aquitaine (6,4% vs 7% à fin 2022) et par la plus forte proportion d'emplois saisonniers liés à l'agriculture, à la viticulture et au tourisme.


Les principales difficultés de recrutement envisagées par les employeurs seraient, selon cette enquête, liées aux candidats. Ainsi, 85% des employeurs potentiels évoquent une pénurie de candidatures et 79% l’inadéquation entre profil des candidats et poste proposé, « notamment en matière d’expérience, de compétences, de diplômes ou encore de mobilité ». Les autres difficultés sont davantage liées aux caractéristiques de l’entreprise, comme la nature du poste proposé (37%), le déficit d’image du secteur d’activité (23%), la situation financière (23%) ou géographique (16%) ou encore les procédures de recrutement (16%). A noter qu’en 2022, 79% des projets de recrutement ont été réalisés, sachant que certaines entreprises qui n’avaient rien exprimé au moment de l’enquête précédente ont finalement pu embaucher elles aussi.


Focus sur les Pyrénées-Atlantiques
« Il faut l'admettre, nous avons plutôt des problèmes de riches en Béarn et au Pays Basque, indiquait lors de sa présentation David Vialat, directeur départemental de Pôle emploi en Pyrénées-Atlantiques. Nous devons casser les codes et favoriser l'immersion en entreprises et faire du cousu main. Comme avec cette opération de restaurant éphémère, en partenariat avec l’UMIH, où les cuisiniers et serveurs seront des demandeurs d'emploi et les clients des restaurateurs susceptibles de leur proposer formations, et pourquoi pas, emplois ». Et d’ouvrir les perspectives : « il y a des pistes à creuser. Face au handicap de l'éloignement domicile-travail, des systèmes de proximité comme le ramassage scolaire peuvent être des solutions pour des demandeurs d'emploi qui n'ont pas forcément la mobilité » illustre-t-il.
Selon les données communiqués par Pôle emploi, les besoins en main d’œuvre 2023 font état de 21.300 projets de recrutement en Pays basque et de 16.100 en Béarn. Le total départemental (36.300) est légèrement inférieur à la somme en raison de projets d’embauche pouvant se réaliser sur l’un ou l’autre des 2 territoires. La part d’emploi non saisonniers est de 65,2% en Pays basque et atteint 74,7% en Béarn (rappel : 64,2% en Nouvelle-Aquitaine). “Seulement” 30,2% des établissements interrogés prévoient de recruter en Béarn, quand il sont 36,4% en Pays basque. La part de projets d’embauche jugée difficile à réaliser (70,3% en Nouvelle-Aquitaine) se limite à 66,5% en Béarn mais grimpe à 73,6% au Pays basque, ce qui reste inférieur aux niveaux atteint en Corrèze (74,6%), dans les Landes (74,7%) et dans les Deux-Sèvres.