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Emploi cadre : quelles perspectives en Nouvelle-Aquitaine ?

Écosystème
mardi 02 avril 2024

Plus de 14.000 cadres ont été recrutés en 2023. Photo d'illustration : Adobe Stock Undrey

Après un ralentissement des recrutements de cadres en 2023, l’Apec prévoit un « atterrissage » cette année. Une conséquence de l’instabilité économique et géopolitique, même si près de 14.000 profils devraient tout de même être recrutés en Nouvelle-Aquitaine.

Après des années 2021 et 2022 de « rattrapage » post-Covid, les recrutements de cadres ralentissent en Nouvelle-Aquitaine. À peine 14.660 profils ont été recrutés l’an dernier, soit 2% de plus qu’en 2022 - un bilan conforme à ce que l'Apec avait anticipé. « La Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions qui marquent le plus nettement un recul, analyse Valérie Fenaux, déléguée régionale de l’Apec. En comparaison, la moyenne nationale était de +7% l’an dernier. » Cette tendance s’explique, à l’échelle de notre région, par la typologie des entreprises recruteuses. Plus de la moitié des cadres néoaquitains sont aujourd’hui en poste dans des TPE ou des PME, plus sujettes à un certain attentisme lorsque le climat économique connaît des turbulences. Également, ce sont traditionnellement les services à forte valeur ajoutée (informatique, banques, R&D, conseil) qui sont « parmi les grands moteurs de l’emploi cadre ». Or, « c’est une “faiblesse” de la Région, quand on compare avec le poids national [ndlr, voir infographie ci-dessous] ».

Et si la Nouvelle-Aquitaine est mieux placée que la moyenne française dans d’autres secteurs comme la logistique, l’intérim, la santé ou les CHR, « ce sont peut-être ces derniers qui ont le plus souffert en 2023 », déroule Valérie Fenaux. Dans le détail, sur les près de 255.000 postes de cadres néoaquitains l’année dernière, près de 4.800 émanent de créations nettes. Un volume en baisse de 6% sur un an.


Répartition des cadres par secteur d'activité, en Nouvelle-Aquitaine (à gauche) et en France (à droite). Crédits : Apec

Dans le détail, c’est sans surprise la Gironde qui concentre très majoritairement les emplois cadres : 44% du volume régional. Viennent ensuite les Pyrénées-Atlantiques avec 12%, et les Deux-Sèvres, 8%. La Charente-Maritime concentre près de 7% des postes, et les Landes, 4%.


Une dynamique structurelle

Selon ses premières prévisions, l’Apec prévoit un « atterrissage » des recrutements pour l’année à venir : 14.450 profils pourraient être recrutés par les entreprises de la région, soit un point de moins qu’en 2024. Une perspective multifactorielle : due au contexte géopolitique incertain, d’une part, mais aussi à la possible hausse des taux d’intérêt. « L’emploi cadre est étroitement lié aux investissements des entreprises - implantation, développement technologique », précise Valérie Fenaux. Qui se veut rassurante : « La dynamique de l’emploi cadre est plus structurelle que conjoncturelle. Ça ne veut pas dire que cette conjoncture n’a pas d’impact, mais on n’a pas détruit d’emplois cadres depuis 1993. Il y a toujours eu de la création de postes, c’est une dynamique plus ou moins forte, mais il y a toujours besoin de compétences dites élevées - d’expertise, de compétences managériales, expertes. »

En Nouvelle-Aquitaine, les cinq familles de métiers qui devraient être les plus demandées cette année seront la comptabilité, le développement informatique (forte pénurie de ces métiers dans notre région), le management administratif et financier, l’audit et l’expertise comptable, et l'ingénierie d’affaires.

Valoriser les profils seniors
6 recrutements sur 10, cette année, devraient cibler le « candidat idéal », ayant entre un et dix ans d’expérience. Si le recruteur ne trouve pas, il se tournera vers les profils juniors, puis ensuite seulement, vers les profils seniors. « C’est un vrai sujet, insiste Valérie Fenaux. À l’Apec, nous menons des actions pour accompagner tant les cadres seniors que les entreprises. » Pourquoi ces dernières rechignent-elles à se tourner vers un profil plus expérimenté ? « Il y a beaucoup de représentations et de stéréotypes, réfléchit la déléguée régionale. La question de la durabilité dans l’entreprise par exemple. Un jeune va rester deux ans maximum dans l'entreprise, alors que s’il reste dix ans de carrière à un senior, celui-ci va rester dans l’entreprise. Il y a aussi la représentation salariale ou en matière d’adaptabilité. » Présente à la présentation de l’Apec, Séverine Andrieu apporte un contre-exemple peut-être marginal aux chiffres régionaux. Responsable des ressources humaines de l’entreprise Synergy, elle explique ainsi que son dernier recrutement, en date du mois dernier, concerne un « cheveu gris » de 58 ans responsable de la supply chain. « Les jeunes sont très attirés par les domaines technologiques. Un senior va avoir un regard global sur différents postes, va comprendre l’intérêt économique de l'entreprise, sa stratégie », met-elle en avant.

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