Linksider, quand le réseau vaut des euros - Premium
Héloïse Xeniia Gavrilenko, Jean-Charles Méthiaz et Gilles Lavaure, cofondateurs de la startup. Crédits : Linksider
La startup Linksider a créé une place de marché sur laquelle les entreprises expriment leurs besoins de prospects, et sont mises en relation avec d’anciens cadres pouvant y répondre. Une façon de monétiser son réseau, mais aussi de l’étendre.
À l’heure où 840.000 entreprises françaises sont inscrites sur LinkedIn, et que ce réseau social est le plus utilisé par les décideurs BtoB, les contacts valent de l’or. C’est en partant de ce constat que trois anciens cadres de la vente aux grands comptes ont lancé Linksider, une marketplace qui « transforme les cadres en commerciaux ». « Cela fait environ 15 ans qu’on assiste au développement des plateformes. Au début, la "gig economy" [NDLR, l’économie des petits boulots] s’en est emparée, puis la "creative economy" avec les designers, traducteurs, développeurs, puis on a vu arriver les "knowledge platform", qui concernent le savoir. Nous, nous embrassons la "relationship economy" », présente Héloïse Xeniia Gavrilenko, cofondatrice de la startup aux côtés de Gilles Lavaure et Jean-Charles Méthiaz. « On pense que le réseau est un actif pas du tout valorisé aujourd’hui, reprend notre interlocutrice, alors qu’au bout de 20 ans de carrière il a un potentiel énorme. »
Une prospection plus directe que le mass mailing
Les trois entrepreneurs ont donc créé, à Bordeaux et en pleine pandémie, Linksider. Une marketplace qui s’adresse d’un côté aux « insiders » : des professionnels ayant un parcours de 5, 10, 20 ans dans de grandes entreprises, et qui ont gardé contact avec leur réseau - principalement des cadres dirigeants évoluant au board de sociétés ou juste en dessous. Ces insiders sont en partie d’anciens cadres reconvertis en freelance, mais aussi de personnes en transition professionnelle ou – plus rarement – encore en poste. De l’autre côté, la plateforme s’adresse aux entreprises – surtout des startups et des PME – n’ayant pas ou peu de forces commerciales. « Il est souvent difficile de joindre un prospect qu’on ne connaît pas, reprend Héloïse Xeniia Gavrilenko. Beaucoup de sociétés choisissent des méthodes de mass mailing, mais on pense que ce n’est pas très efficace, et qu’il existe des moyens plus directs de joindre des décideurs. »
Alors, via Linksider, les entreprises peuvent publier des annonces précisant le secteur d’activité qu’elles ciblent, les clients qui les intéressent et bien sûr, le produit qu’elles proposent. Ensuite, un algorithme les met en relation avec les insiders dont le profil correspond. « À l’instar d’un VTC, les insiders peuvent accepter ou refuser, poursuit la cofondatrice. S’ils acceptent de mettre en relation les entreprises avec un prospect, ils ont 15 jours pour organiser une rencontre, puis sont rémunérés une fois que c’est fait. » Les entreprises clientes, elles, paient un montant à l’introduction, et Linksider prélève une commission. Si la jeune pousse ne communique pas sur le prix de ces « intro », notre interlocutrice fait la comparaison entre un service en cloud et une compétence internalisée. « Le salaire des meilleurs talents peut grimper jusqu’à 100.000 euros annuels, les startups et PME ne peuvent pas s'offrir leurs services. »
Étendre les services selon les besoins des usagers
Aujourd’hui, Linksider enregistre 30 clients, « un taux de rétention de 100% », et 300 insiders inscrits. Avec pour objectif d’en compter 10.000 d’ici la fin de l’année. Et pour cela, en plus de miser sur l’aspect viral et communautaire de sa solution, la startup compte amorcer une levée de fonds en seed dès cette année. Surtout, elle travaille sur des services annexes. Pour coacher, par exemple, les entreprises clientes, ayant besoin d’une vision commerciale. « Très vite, on a fait appel aux freelances pour leur proposer d’assurer ce service. Ce n’est pas notre cœur de métier car ça représente moins de 10% de notre activité, mais dès que l’on sent une demande de nos clients, si elle est connexe, on la met en place », résume l’entrepreneuse. D’ici juin prochain, Linksider lancera également un « bootcamp » pour aider les insiders à atteindre des objectifs en quelques semaines : savoir définir sa clientèle, sa stratégie entre autres.
« Aux Etats-Unis un actif sur trois est concerné par le freelancing, et en France, un sur sept. Selon certaines études, l’âge moyen est de 45 ans. C’est pile notre cible. Nous sommes convaincus que notre plateforme fonctionnera », conclut Héloïse Xeniia Gavrilenko.
Linksider
Basée à Bordeaux salariés
CA : n. c.
