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A Rochefort, le musée national de la Marine investit 25M€

Stratégie
mercredi 10 janvier 2024
A Rochefort, le musée national de la Marine investit 25M€

Charlotte Drahé, administratrice des deux sites du musée national de la Marine à Rochefort. Crédits : Jean-Dominique Lamy

A Rochefort, les deux sites du musée national de la Marine vont être rénovés. Cette opération chiffrée à 25 millions d'euros devrait démarrer fin 2026, avec des réouvertures prévues à l’été 2029 et en 2030. Explications avec Charlotte Drahé, administratrice des deux sites du musée.

Un projet de rénovation globale est en cours, pour les différents sites du musée de la Marine. Quels sont ceux concernés ?
Le ministère des Armées à travers son établissement public administratif qui est le musée national de la Marine a, depuis 2015, un grand projet de rénovation et de transformation globale. La première action était la rénovation du site de Paris, qui a rouvert ses portes le 17 novembre 2023 après six ans de travaux. Il poursuit son action en allant désormais sur le littoral, pour travailler sur les sites implantés en région.

Avec Rochefort en tête de liste ?
Oui, Rochefort a été priorisé assez facilement pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est le seul endroit où le ministère des Armées est propriétaire des murs. Deuxièmement, Rochefort est le seul site régional où il y a deux musées à redresser sur le plan architectural, muséographique, à transformer. Enfin, c’est le site où nous percevons le plus de difficultés sur les aspects structurels de nos bâtiments, qui montrent depuis plusieurs années des signes de faiblesse, que ce soient les toitures, huisseries, fondations et les collections pâtissent de cette situation ; les conditions de conservation doivent être améliorées. Depuis 2019, beaucoup d’actions ont été menées pour préparer le terrain à l’entrée en rénovation de ces deux musées de Rochefort, en lien avec la Direction régionale des affaires culturelles. On a travaillé sur des préprogrammes muséographiques et on a commencé des chantiers d’inventaires de nos collections pour anticiper au mieux toutes ces phases de travaux qui vont maintenant s’ouvrir sur les prochaines années.

La marque « musée national de la Marine » regroupe différents sites en France. Au nombre de sept, ceux-ci sont présents à Paris, en Seine-Saint-Denis et sur le littoral Atlantique, à Brest, Port-Louis, Toulon et Rochefort qui dispose de deux bâtiments en centre-ville. L’hôtel de Cheusses/Arsenal est un hôtel particulier typique des hôtels à la française du XVIIe siècle XVIIIe siècle, en forme de U avec une cour intérieure. C’est le premier monument de Rochefort qui a été classé monument historique en 1932. Et L’ancienne école de médecine navale est installée dans un pavillon situé au sein de l’ancien hôpital de la marine qui a été construit en 1700 et inauguré en 1788, un an avant la Révolution française. Et c’est également un monument historique.

Quel est le montant de l’investissement ?
Cinq millions d’euros pour le bâtiment qui abrite l’ancienne école de la médecine navale. Le bâtiment de l’ancienne école de médecine est réparti sur trois niveaux et on est à peu près à 1.300 m² de surface exploitable. Et 20 millions d’euros pour les bâtiments qui abritent les collections plutôt marines dans l’Arsenal. Ce sont deux hôtels particuliers qui sont mitoyens, l’hôtel de Cheusse/Arsenal et l’hôtel Amblimont, qui vont être rénovés ensemble et connectés. Chacun dispose de 1.000 m², mais la surface d’exposition sera doublée lorsque la partie Amblimont sera rénovée. Cette dernière accueille actuellement des services plutôt techniques, des salles de pauses, de rangement. L'hôtel Amblimont a également été construit au XVIIIe siècle, et il nous appartient depuis 1992. Sauf que l'on n'y a jamais rien fait. Outre la rénovation de l'infrastructure, l’opération prend aussi en compte la refonte de la muséographie. On peut imaginer plus de médiation, de numérique, des objets à toucher, car on a plein d’outils dans les musées qui permettent de rendre accessible le discours. Nous avons aussi pour ambition de développer de nouveaux services comme des espaces pour se restaurer, se reposer.

25 millions d’euros, c’est une grosse enveloppe sur le territoire ?
En comparaison, 25 millions c’est deux fois plus que le budget de la rénovation de la maison Pierre Loti et c’est aussi le montant de la rénovation du pont transbordeur. C’est une grosse enveloppe.

Augmenter la fréquentation du musée

A quel stade en est le dossier ? Quel est le calendrier ?
On va entrer dans une phase d’études, qui va durer de 2024 à mi-2026. On va continuer d'accueillir nos visiteurs mais on va commencer à faire des études sur la programmation architecturale, la programmation muséographique, à rédiger les premiers parcours de visite. On va entrer dans cette phase de réflexion pour projeter les opérations de rénovation. Puis fin 2026, les collections, les objets des musées doivent être évacués. Comme ce sont des monuments historiques, il y aura une rénovation plutôt patrimoniale. L’idée est de redonner tout leur lustre aux bâtiments d’autrefois tout en les transformant pour qu’ils soient adaptés aux fonctions modernes, accessibles par exemple aux personnes en situation de handicap. Il y aura plusieurs années de travaux pour une réouverture de l’ancienne école de médecine navale envisagée à l’été 2029. Pour la partie Arsenal, on est plutôt sur un calendrier de réouverture qui nous amènerait à 2030. On fermerait les sites fin 2026 pour entrer en phase chantier.

Le musée de la Marine accueille 45.000 à 50.000 visiteurs par an. Quels sont les objectifs de fréquentation après travaux ?
Etant donné que l’on va doubler la surface d’exposition, on souhaite faire croître aussi la fréquentation de ce site. Cette phase d’études concernera le modèle économique de l’établissement. On n’a pas dessiné encore précisément le nombre de visiteurs que l’on pourrait recevoir en fonction des équipements que l’on va choisir.

Quant à l’ancienne école de médecine navale, elle est aujourd’hui seulement accessible en visite guidée. Allez-vous faire évoluer ce fonctionnement ? 
Il s’agit aussi de requestionner le modèle, soit de le transformer complètement, soit de le consolider. Toutes les pistes sont sur la table.

Avez-vous désigné un architecte ?
Ca va faire partie de ces jalons qui vont apparaître entre 2024 et mi-2026. Les études permettent aussi de rédiger les cahiers des charges, en tout cas l’expression des besoins pour pouvoir lancer un concours et ensuite choisir un architecte.

Etes-vous accompagné dans cette opération ?
On va bénéficier de l’expertise qui a été absorbée par l’ensemble du musée national de la Marine à travers la rénovation du site de Paris. On a en interne des experts et des compétences que l’on va mobiliser pour Rochefort. On va très probablement s’associer à une assistance à maîtrise d’ouvrage car ce sont de très gros chantiers. Il y a des services de l’Etat qui accompagnent ce genre de rénovation, on est aussi en discussion avec ces services là, du ministère de la Culture notamment.

« On va tous un eu changer de métier »

A la réouverture en 2029 et 2030, est-ce que des recrutements sont prévus ?
Nous dimensionnerons les équipes en fonction du modèle économique. Concernant celles en place, parce qu’on va tous un peu changer de métier dans les années qui arrivent, nous souhaitons bien évidemment garder les personnes qui sont à Rochefort et qui travaillent dans les musées actuellement pour leur proposer de rentrer dans cette phase de conception d’un nouveau musée. On souhaite aussi faire vivre le musée pendant sa fermeture, on va travailler sur des partenariats, sur de la visibilité de nos œuvres, sur peut-être aussi rendre compréhensible et lisible le chantier par le biais d'un chantier école ou de partenariats avec des lycées professionnels. On va aussi avoir cette action hors les murs, sur laquelle on va commencer à réfléchir en 2024 pour qu’elle puisse être mise en œuvre dès la phase chantier.

Est-ce que vous raisonnez en termes de chiffre d'affaires ?
On parle aussi de chiffre d’affaires dans les musées puisqu’on a une billetterie et une boutique. Les ministères nous demandent aussi d’être dans cette même dynamique que toute entreprise, même si on est un service public et d’utilité publique. On n'a pas de bénéfice à faire mais on essaie d’accroître nos ressources propres pour pouvoir mieux réinvestir dans des programmes culturels, des expositions. On cherche du mécénat également, on a cette vertu économique. Et on est un acteur  du territoire aussi, c’est en tout cas comme ça que le président de l’agglomération et maire de Rochefort nous perçoit. Nous avons un rapport d’activités qui sort tous les ans.

Musée national de la marine Rochefort
Deux sites
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