« Je suis en train de démontrer que ça fonctionne et que ça va être rentable » - Premium

Qu’est-ce qui vous a amené à créer votre entreprise près de Saintes ?Je suis née à Cognac et j’ai toute ma famille ici donc ça me tenait à cœur de rester dans ma région. Après un master en développement de produits en agroalimentaire, j’avais déjà envie d’avoir ma propre entreprise mais j'avais 24 ans, pas d'expérience et pas de projet bien défini. Pour se lancer, il ne suffit pas d’une idée, il faut un projet clairement établi avec un marché. J’ai donc travaillé pendant plus de huit ans et demi dans la biscuiterie Colibri de Pons pour terminer responsable du service recherche et développement et du service marketing produits. J'avais à ma charge tout le pilotage du développement d'un nouveau gâteau depuis la partie sourcing des ingrédients jusqu'à l'industrialisation et le développement du packaging. J'ai fait aussi du marketing stratégique. J'ai ensuite exercé sur le même type de poste pendant quatre ans dans le développement de nouveaux produits mais pour les animaux de compagnie chez Zolux. Mais la pâtisserie qui est ma passion depuis toute petite me manquait. Le projet de me mettre à mon compte dans l’univers de la pâtisserie a ressurgit. Comment avez-vous monté votre projet ?J'ai passé deux ans à faire toute une étude de marché sur les biscuits sans allergènes. Je voulais faire des gâteaux que tout le monde puisse manger car j’ai un papa qui a des allergies alimentaires. En plus, j’étais devenue maman et j’avais dans mon entourage un petit garçon aussi avec des allergies donc très sensibilisée à cela. J’ai vu que le marché du sans allergène n’était pas structuré. Il y a seulement le marché du sans gluten qui s'est développé sur la dernière décennie mais des gâteaux sans aucun allergène ni traces et qui soient bons, ça n'existait pas. En tant que femme entrepreneur, cela demande plus d’anticipation et d’organisation donc j’ai d’abord eu mon deuxième enfant en 2020, puis j’ai finalisé un achat immobilier et réalisé des travaux pour installer les locaux de ma société. J’ai aussi fait une centaine d’essais de recettes. Quand j'ai immatriculé ma société le 8 janvier 2021, j'étais prête à générer du chiffre d'affaires. J’ai ensuite passé deux audits de qualité pour obtenir les certifications bio et sans gluten. J’ai démarré avec 60 points de vente la première année démarchés un par un. Vous venez de fêter les trois ans de votre entreprise. Quel est le bilan ? Je peux me verser un salaire et j’ai embauché ma première salariée en octobre dernier. La première année, j'ai fait à peu près 11.000 sachets de gâteaux vendus et là, je vais clôturer en mars ma troisième année et je devrais finir quasiment à 33.000 sachets. Je suis en train de démontrer que ça fonctionne et que ça va être rentable mais j'ai embauché avant d'être rentable pour pouvoir me libérer du temps. C'est vraiment une stratégie bien réfléchie d'avoir été chercher les financements pour embaucher une salariée qui s'occupe de la production. J’ai doublé mon chiffre d’affaires par rapport à la première année et il aura triplé cette année.« J’ai failli planter ma boîte au bout de deux ans à cause du packaging » Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?J’ai failli planter ma boîte au bout de deux ans à cause du packaging. Quand je me suis lancée, j’avais ciblé en priorité les enfants allergiques car mon étude de marché a montré qu’il y en avait deux fois plus que les adultes. J’avais adapté mon packaging dans ce sens mais il était trop chargé et on ne comprenait pas ce qu’était le produit. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Donc la première année, j'ai atteint mes objectifs mais j'ai commencé à constater que les rotations en magasin n'étaient pas forcément celles que j'avais envisagées. Le chiffre d’affaires continuait d’augmenter car je m’implantais dans de nouveaux magasins mais ça ne tournait pas vraiment dans les rayons. J’ai eu peur de ne pas être rentable et de ne pas pouvoir me payer. En avril 2022, je me suis demandé pourquoi ça ne marchait pas. J'ai commencé à rencontrer des gens dans le domaine du commerce, du marketing, des réseaux et je me suis rapprochée du club des DCF de Saintes. Il accueille une fois par mois un porteur de projet ou un chef d'entreprise déjà immatriculé, qui arrive avec une problématique pour avoir l’avis des participants en toute bienveillance. Je l’ai fait et ça a été unanime, ils m’ont dit que mon packaging n’allait pas car on ne voyait pas la marque ni les produits. Comment avez-vous pu rebondir ?J’avais 10.000 euros à trouver pour refaire mon packaging donc j’ai lancé une campagne de crowdfunding sur la plateforme Mimosa en octobre 2022. J’ai récolté plus de 9.300 euros, ce qui m’a permis de racheter des packagings. En janvier 2023, les produits sont arrivés dans les magasins. Heureusement, ils croyaient en mon projet et m’ont tous redonné ma chance, même ceux dans lesquels il y avait de faibles rotations. J’ai pu aussi implanter mes produits dans de nouveaux points de vente. Aujourd’hui, j’en ai plus de deux cents sur toute la France qui tournent et j’ai dû doubler la production. En parallèle de l'augmentation de mon chiffre d'affaires, j’ai finalisé mon plan d'investissement, et je suis allée chercher des financements car je continuais à faire mes cookies à la main avec une cuillère à glace... J’ai donc investi dans une machine qui coûte plus de 30.000 euros pour former mes cookies. J’ai tout optimisé avant l’arrivée de ma salariée pour qu’elle soit dans de bonnes conditions de travail. Quels sont vos objectifs pour 2024 ?J'ai un objectif de chiffre d'affaires à réaliser. Je suis rentable et il faut continuer dans cette perspective pour 2024. Je veux vraiment stabiliser les choses avec ma salariée. Il y a quasiment 3.000 magasins bio en France et c’est impossible de les avoir tous en direct. Il faut passer par des centrales d'achat ou des grossistes qui commandent une certaine quantité. Aujourd'hui, sur mon atelier actuel, ce ne sera pas possible car la capacité est limitée, je ne peux pas pousser les murs et fabriquer plus de gâteaux. Mais j’ai quand même commencé à travailler avec un premier grossiste. D’autres me sollicitent mais je ne peux pas répondre positivement pour le moment. Je cherche donc un activement un terrain pour construire un atelier plus grand de entre 300 et 400 m² avec des possibilités d’extension mais je souhaite rester sur ma commune des Gonds.La Marmotte GourmandeLes Gonds2 salariéesCA : NC

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