ESS : La Roch'Coop fédère consommateurs et producteurs locaux - Premium

À Puilboreau, tout près de La Rochelle, des petites mains s’activent. Mise en rayon, ménage, mise en route de la caisse : ici aucun salarié, mais des sociétaires du magasin coopératif La Roch'Coop. Un supermarché atypique qui a ouvert ses portes en août 2021, après deux ans de mobilisation et de travail. « Au départ, en 2019, nous étions une association. Nous faisions des ventes éphémères dans le local d’un club de sport gracieusement prêté. Une fois par mois, on s’y réunissait, on créait un petit magasin le temps d’un week-end », se remémore Delphine Hutrel, aujourd’hui présidente de La Roch'Coop. L’objectif est alors « d’enclencher la démarche », de montrer à quoi un magasin coopératif pourrait ressembler : un intermédiaire avec un minimum de marges. Aussi et surtout, l’enjeu pour l’équipe, regroupée alors sous la forme associative, est de fédérer de nouveaux coopérateurs. « On est monté jusqu’à 400 adhérents », précise Delphine Hutrel.Très vite, il a fallu identifier un local pérenne. « On a dû le trouver au début de l’année 2021. Le temps de réunir les documents nécessaires, de faire le montage financier, déroule notre interlocutrice. Au début c’était un peu compliqué car on n’est pas forcément des professionnels de ces métiers, qu'ils soient financiers, comptables ou autres. C’était aussi formateur de voir les différentes positions dans le groupe, le côté humain était très intéressant. » L’association toque aux portes de banques coopératives, ou reconnues pour leur travail dans l’économie sociale et solidaire, mais rien n’aboutit. Par chance, l’un des coopérateurs est propriétaire de deux magasins à La Rochelle et met en contact la structure avec sa propre banque. « C’était Franck Bourasseau, le premier président de La Roch'Coop », complète Delphine Hutrel. L’association fait un emprunt bancaire (montant n. c.), et contracte des prêts auprès de quelques sociétaires. Le statut de La Roch'Coop évolue vers la SAS à capital variable, « puisque chaque coopérateur ajoute une part sociale lorsqu’il nous rejoint ».Une marge fixe et des fournisseurs locaux Bientôt trois ans après ses débuts officiels, la coopérative a dépassé le seuil des 300 sociétaires. Chacun achète dix parts sociales (100 euros au global) à son arrivée pour pouvoir être client du magasin, hormis les étudiants ou les personnes bénéficiant des minimas sociaux. « Ils peuvent acheter seulement une part à dix euros, car tout le monde n’a pas les moyens », argue Delphine Hutrel. Mais, précise-t-elle, « un humain égale une voix ». Et ensuite ? « On doit travailler trois heures par mois pour faire tourner le magasin. Objectivement, nous avons la chance d’avoir des retraités qui sont là plus souvent, car grâce à eux ça met beaucoup d’huile dans les rouages, insiste la présidente de la structure. Ces trois heures comprennent des créneaux en caisse, pour le ménage, le réassort, et pour tout ce qui est achats, gestion, finances, comptabilité, communication… » Côté produits, La Roch'Coop compte 1.500 références. Des fournisseurs d’abord choisis pour leur ancrage local, agriculteurs, producteurs et artisans. « Il y a peu, on vient de rentrer un torréfacteur rochelais », illustre notre interlocutrice. Qui précise que le label bio n’est pas un impératif. « On veut pouvoir s’adapter aux économies de chacun, et on sait bien que tout le monde ne veut pas forcément acheter tout en bio. » Pour compléter ses rayons, le supermarché travaille avec des grossistes ayant une « charte éthique », et habitués aux modèles coopératifs, comme celui de Supercoop à Bordeaux. Niveau prix, « l’idée est de trouver un compromis entre un tarif acceptable pour nous, coopérateurs, et correct pour le fournisseur. On n’est pas là pour le presser au maximum et faire du profit comme les grands supermarchés ». Ainsi, La Roch'Coop s’est fixée une marge fixe et unique à 25% du prix d’achat.Construire la stabilité financière Si la coopérative ne communique pas son chiffre d’affaires, Delphine Hutrel livre quelques éléments sur la situation financière. « Ça reste un peu délicat encore, car on a l’emprunt bancaire, les prêts à nos sociétaires, mais pour l’instant on est plutôt sur la bonne voie. Au début, notre marge était de 20%, mais nous l’avons augmentée pour nous booster. Cette année, on sera un peu plus qu’à l’équilibre, ce qui nous aidera à préparer les remboursements à venir de nos coopérateurs, sur cinq ans. » Pour consolider ces résultats encourageants, La Roch'Coop entend augmenter davantage le nombre de ses coopérateurs. Et atteindre idéalement les 370 en décembre prochain… puis faire en sorte qu’ils viennent régulièrement faire leurs courses. « Quand on a dépassé la barre des 300, on a été assez surpris. Je pense qu’il y a un effet “on adhère à vos valeurs”, mais on a constaté que le nombre d’acheteurs n’avait pas beaucoup augmenté, que nos créneaux en magasin n’étaient pas plus remplis. Cela fait partie de nos objectifs - aller chercher ceux qui ne sont pas vraiment impliqués, voir ce qui nous manque pour les faire venir davantage. » Le supermarché planche notamment, depuis quelques mois, sur une formation réservée aux nouveaux sociétaires pour qu’ils se sentent mieux intégrés et accompagnés, et ce dès leur arrivée. À terme, La Roch'Coop espère pouvoir suffisamment consolider ses finances, pour pouvoir baisser de nouveau sa marge. Et continuer de « consommer autrement, plus local ». La Roch'CoopSAS créée en 2021Basée à Puilboreau 300 sociétairesCA : n. c.

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