Energies renouvelables : pour accélérer sur la production, Enercoop Nouvelle-Aquitaine ouvre son capital - Premium

10 ans tout juste ! Enercoop Nouvelle-Aquitaine a vu le jour en avril 2014. Cette SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) est un fournisseur d’énergie renouvelable. Elle revendique plus de 9.500 contrats auprès de particuliers, professionnels et collectivités de la région. Elle a signé des contrats directs pour vendre l’énergie produite par 40 centrales locales exploitées par 31 producteurs. Pour un total de 73,8 GWh produits en 2022 et 52 GWh consommés en Nouvelle-Aquitaine, soit un taux de couverture de 142%. Depuis quatre ans, elle cherche à enrichir son modèle pour ne plus être seulement fournisseur mais aussi producteur direct. En investissant directement son capital ou en co-investissant aux côtés d’acteurs locaux, tels que des collectifs citoyens ou des collectivités. Un contact facilité par l’activité de bureau d’études menées depuis des années auprès de ces dernières.La crise de l’énergie est venue ébranler le modèle d’Enercoop. La raison ? Une partie des contrats directs de fournitures sont liés aux prix du marché. « Notre modèle ne nous protège donc malheureusement pas totalement des fortes fluctuations de ces prix en temps de crise », constate ainsi Charles Lucazeau, coordinateur du pôle commercial d’Enercoop Nouvelle-Aquitaine. Pour s’en sortir, le réseau national Enercoop a donc pris une décision inattendue : recourir à l’ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), une décision validée à l’issue d’un vote des sociétaires. « L’ARENH rentre en jeu dans nos opérations financières, de couverture de ce qu'on va appeler le risque sur le prix. Et en fait, ça ne change rien en termes de promesses client de fourniture d'énergie en contrat direct, parce qu'en fait, on n’achète pas des mégawattheures, on achète un prix. On prend un volume global d’énergie mais on ne va pas spéculer là-dessus. Cela nous permet de stabiliser globalement notre prix », poursuit-il. Pas idéale par rapport à la philosophie maison, cette disposition a été conclue jusqu’en 2025, date de l’extinction de l’ARENH.Mailler le territoire de sites de productionL’autre porte de sortie, plus conforme aux principes fondateurs, est de développer les projets de production en propre. À son échelle, Enercoop Nouvelle-Aquitaine annonce « 30 projets en émergence ou en développement, pour une puissance installée de 30 MWc, à peu près partout dans la région ». Modulo un certain écrémage au fil des dossiers : « environ 20% des dossiers n’aboutissent pas, pour des raisons administratives ou autres », confirme Sandrine Larrouy Castera, coordinatrice du pôle Opération. In fine, la SCIC table sur 22 projets effectivement réalisés d’ici 2029, pour un total de 22 MWc, « soit la consommation de 22.000 personnes ». L’un d’eux est d’ailleurs entré en production il y a quelques jours et sera inauguré en cette fin de semaine à Faurilles (Dordogne), sur le site d’un ancien camping dont la municipalité ne savait que faire. D’une puissance installée de 250 kWc, ce parc solaire sur 3.000 m² produira quelque 270 MWh/an, soit 150% de la consommation de la commune et ses habitants.Morgane Bénard, Sandrine Larrouy Castera, Karine Oudot et Charles Lucazeau, ce mardi à Bordeaux. Crédit : DMD’autres dossiers sont d’ores et déjà suffisamment matures pour être évoqués. Il est ainsi prévu deux parcs photovoltaïques sur 0,5 ha chacun (soit 2 fois 300 kWc) à Saint-Aubin et Castillonnès (Lot-et-Garonne). Les travaux démarreront au 2e semestre 2024, pour une mise en service début 2025. Dans les Landes, la Ville de Saint-Paul-lès Dax, EnRciT et Enercoop Nouvelle-Aquitaine co-développent une centrale solaire de 5 MWc sur l’ancienne décharge de la commune. Le permis de construire est en cours d’instruction et l’entrée en fonctionnement interviendra courant 2025. En Charente-Maritime, la Communauté d’agglomération de Saintes et Enercoop ont créé Energie Solaire Saintes Agglo, une société de projets « chargée de développer une grappe solaire sur de petits sites dégradés ». Quatre sites sont en cours de développement, pour des puissances allant de 300 kWc à 1 MWc. Même logique de grappe de petits parcs sur des terrains dégradés, via ce partenariat noué avec la SEM Energies Renouvelables en Pyrénées-Atlantiques. Six parcs (entre 300 kWc et 1 MWc) sont en cours d’étude dans le Béarn ; les premiers sont attendus pour 2025.Élargir le sociétariat pour conscientiserÀ horizon 2029, ce sont donc quelque 22 millions d’euros qui devraient être investis pour la grosse vingtaine de sites de production évoquée. Deux millions d’euros de fonds propres seront nécessaires pour lever de la dette bancaire. Dans ce cadre, Enercoop Nouvelle-Aquitaine a lancé à l’automne dernier une levée de fonds en parts sociales, avec l’objectif de drainer environ 400.000 euros par an pendant cinq ans. L’opération, ouverte aux particuliers, entreprises et collectivités, déjà sociétaires ou non, a déjà permis de lever environ 150.000 euros. À souligner qu’Enercoop Nouvelle-Aquitaine n’exclut pas « d’ouvrir un petit peu ses outils financiers, peut-être sur des titres participatifs dans les années à venir », évoque Sandrine Larrouy Castera.« Le projet parfait, selon Enercoop, serait celui porté par la collectivité, les collectifs citoyens, où une partie de l'électricité va être consommée en local par les acteurs du territoire, et le reste vendu à Enercoop pour alimenter ses clients », théorise Morgane Bénard, coordinatrice du pôle Energie. « L'idée, c'est vraiment de mettre en place des partenariats avec des collectivités, avec des citoyens, pour les embarquer, développer des centrales solaires, des éoliennes, mais que ce soit des projets réellement portés par les territoires. Et ça a plein de vertus. Cela permet vraiment de maximiser les retombées économiques pour le territoire. Et de faciliter l'appropriation et la conscientisation des besoins », poursuit-elle. Et Karine Oudot, présidente du conseil d’administration d’Enercoop, d’enfoncer le clou : « Il y a eu une étude menée par Énergie Partagée qui montre que pour 1 euro investi dans des projets d'énergie renouvelable citoyenne, il y a 2,5 euros de retombées économiques sur le territoire. Donc, il y a une vertuosité du modèle qui est plutôt encourageante. »Vous êtes une entreprise à la recherche de solutions en matière de transition énergétique ou écologique ? Placéco organise Résolution, la journée des solutions RSE, ce 11 avril à Bordeaux. Cette seconde édition place la contribution au territoire comme fil rouge de la journée.

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