L'inflation, principale difficulté des chefs d'entreprise de Charente-Maritime - Premium

« En un an, nous avons eu une augmentation de 2,7 % du nombre d’établissements inscrits au registre du commerce et des sociétés. Comme l’année dernière, nous avons 94 % des entreprises qui ont moins de dix salariés, dont 57 % qui n’en ont aucun. Il y a une légère baisse par rapport à l’an dernier qui vient du fait qu’il y a moins de créations de micro-entreprise. Nous sommes encore et toujours évidemment un département avec de très petites entreprises », a souligné Thierry Hautier, président de la CCI de Charente-Maritime lors du bilan de l’activité de la chambre consulaire, le 18 mars. Les 6 % restants sont stables avec 8 % de plus de 50 salariés et 4,2 % avec entre 10 et 50 salariés. Le secteur des services, hors hébergement et restauration, concentre 42 % des établissements du département, le commerce 26 % et l’hébergement et la restauration 10 %. En 2023, il y a eu 3.200 nouveaux établissements créés en Charente-Maritime, soit un taux de création brut de 7,7 %. En tenant compte des radiations, volontaires ou non, il reste un seuil positif de 2,7 %. « Ces résultats sont issus d’une étude réalisée au dernier trimestre 2023, ce qui peut expliquer l'optimisme pour janvier 2024 avec 82 % des chefs d’entreprise qui estimaient que la situation de leur entreprise serait assez bonne, voire très bonne, contre 85 % en Nouvelle-Aquitaine », précise le président. Baisse du chiffre d'affaires chez les commerçantsPar ailleurs, la situation des entreprises dans l'industrie est meilleure que celle des entreprises du commerce. En effet, les commerçants ont constaté une baisse de leur chiffre d’affaires au deuxième semestre. « Cela signifie une réelle baisse importante car même l'augmentation du premier trimestre était inférieure à l'inflation, ce qui entraîne une détérioration de leur trésorerie car les commerces ont des difficultés à répercuter sur leur prix les hausses des approvisionnements et de l'énergie », constate Thierry Hautier. Cependant, dans les autres secteurs, les entreprises observent une hausse ou un maintien de leur chiffre d'affaires. Les chefs d'entreprise prévoient une légère amélioration de la situation pour début 2024. « Ce qui nous préoccupe à la Chambre de commerce, c'est que 31% des chefs d'entreprise jugent leur trésorerie difficile, voire très difficile. Nous sommes vigilants par rapport au crédit interentreprises qui se met en place et qui pourrait entraîner des défaillances en série avec les délais de paiement qui se rallongent notamment, et qui compensent parfois le manque de réactivité de certains partenaires bancaires auprès des entreprises qui en ont besoin. Nous préconisons une anticipation pour éviter ces défaillances », soulève le président. Moins d'investissementsUne baisse des intentions d'investissements a également été constatée, sûrement liés aux problèmes de trésorerie, au coût du crédit et à l'augmentation du coût des machines-outils. « Et même si cela devient nécessaire au niveau des investissements pour que la production et la productivité soient au rendez-vous, notamment face au manque de main d’œuvre dans certains secteurs d'activité », ajoute Thierry Hautier. Par ailleurs, 8 chefs d’entreprises sur 10 déclarent rencontrer des difficultés dans le cadre de leur activité. Le problème des ressources humaines, qui figurait en première position des difficultés l’an dernier, arrive maintenant à la 5e place. En premier lieu se trouve l'inflation, puis la baisse de la demande et les charges. Par ailleurs, à cause de l’inflation, près de 70 % des chefs d’entreprise concernés pourraient être amenés à baisser leur rémunération. « Pour une entreprise importante, ça peut paraître bizarre que le chef d'entreprise parle de baisser sa rémunération, mais il y a 94 % d'entreprises de petite taille et la rémunération du dirigeant peut être un poste important qui permet de baisser le taux de charge », indique Thierry Hautier. Et de conclure : « Cependant, les chefs d'entreprise sont des gens optimistes et 80 % ont confiance en l’avenir ».Antenne de La Rochelle : près de 40% des établissements« L’antenne de La Rochelle de la CCI, animée par une équipe d’environ 40 personnes représente près de 40% des établissements de Charente-Maritime et c’est une proportion qui est stable », explique Larissa Michalowski, responsable de l’antenne qui englobe trois collectivités territoriales : la communauté d'agglomération de La Rochelle, la communauté de communes Aunis Atlantique et celle de l'île de Ré. Ce territoire est composé de 58 communes sur les 463 du département et de 227.693 habitants, soit 34,4% de la population totale. Les établissements sont au nombre de 16.642 et 54,3 % se trouvent dans la catégorie « services ». Par rapport à 2022, il y a eu 0,2 % d’établissements supplémentaires. Les commerces de détail non alimentaire et alimentaire ont tendance à diminuer. Sur l’Aunis Atlantique, les activités liées au domaine de la construction ont augmenté ( 15,22%). « Cela révèle les contraintes liées au foncier que l'on peut avoir sur certains territoires et l’Aunis Atlantique peut encore accueillir ce type d'activité », remarque Larissa Michalowski. Augmentation des activités de servicesLes trois EPCI ont tous eu une augmentation des activités de services à la personne mais aussi aux entreprises (bureau d'études, organismes de formation, par exemple). « Notre territoire est largement composé de très petites entreprises, souvent de moins de dix salariés mais on peut souligner que le nombre d’établissements qui n’ont pas de salariés est en baisse et ceux qui en ont entre un et neuf sont à la hausse. C'est un indicateur intéressant puisque sur les deux années précédentes, il y avait une augmentation des structures sans salariés », précise la responsable de l’antenne. Autre particularité : chaque territoire a un secteur prédominant. Sur l'agglomération de La Rochelle, toutes les activités de services sont très fortement représentées (43,1%). Pour l'île de Ré, le commerce reste le secteur qui est le plus important en ce qui concerne les effectifs salariés (44,1%). Et sur Aunis Atlantique, c’est l’industrie qui domine (43,9%). Par ailleurs, l’évolution du nombre de salariés sur les différents territoires est disparate avec 15,4 % pour l’Aunis Atlantique, 1,1 % sur l’île de Ré et 2,2 % sur l’agglo rochelaise.1.313 créations en 2023En 2023, il y a eu 1.313 établissements créés sur le territoire de l’antenne de La Rochelle et 868 radiés (près de 80 % sont des arrêts d’activité). « On est quasiment sur le même nombre que les années précédentes, mais on a vraiment une diminution du nombre de créations d'entreprises. Il y a une diminution des créations d'établissements de commerces alimentaires ou non-alimentaires notamment à cause des contraintes liées au coût de l’immobilier pour pouvoir s’installer sur certaines zones géographiques, mais aussi la difficulté à trouver un local », explique Larissa Michalowski avant de poursuivre : « Dans les créations d’activités, on constate que de plus en plus de porteurs de projets sont amenés à faire évoluer la nature de leur projet pour s'adapter. Le projet va être concrétisé en étant mobile, par exemple, pour aller où se trouvent les clients plutôt que d'attendre qu'ils viennent ». Enfin, en 2023, il y a eu 135 établissements (hors micro-entreprise) repris, soit une hausse de 6,3 % par rapport à 2021. La CCI Charente-Maritime dispose en tout de six antennes (La Rochelle, Rochefort, Saint-Jean-d’Angély, Saintes, Royan et Jonzac) pour couvrir le département.

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