Placéco Charente-Maritime, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Agriculture : la Nouvelle-Aquitaine réaffirme sa trajectoire éco-responsable

Écosystème
mercredi 28 février 2024

Au Salon International de l'Agriculture, Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, président du conseil régional et Jean-Pierre Raynaud, son vice-président en charge de l’agriculture - crédit MB

Présent au Salon international de l’agriculture a Paris, le président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset a rappelé son ambition : faire de la région la première éco-responsable de France. L’occasion, également, de s’engager pour la ressource en eau des élevages pour les cinq ans à venir… et de jouer au chat et à la souris avec des agriculteurs de la Coordination Rurale.

C’était une journée de communication initialement bien huilée pour la Région Nouvelle-Aquitaine, ce mercredi 28 février, au Salon international de l’agriculture de Paris. Mais c’était sans compter sur quelques grains de sable, affublés de bonnets jaunes, grippant (un peu) les rouages : une demi-douzaine de membres de la Coordination rurale, venus sur le stand néoaquitain décrocher un moment d’échanges, ou simplement une confrontation, avec le président du Conseil régional Alain Rousset. « On l’a intercepté tout à l’heure pour discuter mais il est dans la fuite, lâche Karine Duc, co-présidente de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne. On veut discuter du sujet de l’eau notamment, des sujets bloquants - finalement ce sont tous les dossiers sur lesquels la Région intervient. » Sans préciser davantage ces points de blocage, l’agricultrice poursuit, toujours remontée contre le Conseil régional : « À chaque fois, ils ont un oeil non pas de simplification mais de complexification de tous les dossiers, et il faut que ça s’arrête. C’est ce qu’on a dit à Gabriel Attal [ndlr, l’actuel Premier ministre] sans arrêt, à chaque fois qu’on l’a vu. Il semblerait qu’il y ait une volonté nationale de simplification, mais il ne faut pas que la Région rajoute une couche supplémentaire. »

Accompagner les agriculteurs dans la transition

Une heure plus tôt, Alain Rousset avait abordé la crise actuelle devant un parterre de journalistes, affirmant mener dans sa politique régionale « un travail en lien et en empathie permanente » avec le monde agricole. Rappelant d’abord un chiffre : 240 millions d’euros consacrés chaque année au secteur. « Je ne suis pas sûr, quand on fait la comparaison avec d’autres régions, qu’il y ait ce niveau d’intervention » a avancé l’élu politique. « Le président de la FNSEA l’a dit, le problème n’est pas sur le principe de la transition agro-écologique, mais sur comment on accompagne les agriculteurs pour changer de pratiques, disposer d’autres outils », a-t-il déroulé. Citant ainsi en exemple l’enveloppe de 17 millions d’euros allouée chaque année à la recherche dans le domaine, et le cluster régional BiosolutioNA, créé en 2019 et dédié aux biosolutions et au biocontrôle en région.

Car pour Alain Rousset, hors de question de dévier sa trajectoire, lui qui ambitionne de faire de la Nouvelle-Aquitaine la première région éco-responsable de France d’ici 2030. « Qui pense aujourd’hui - peut-être la Coordination Rurale et encore -, qu’on peut continuer à rendre la terre non vivante, alors qu’on a atteint une asymptote sur le rendement ? », a questionné, en réponse à la presse, Alain Rousset. Et de poursuivre, quelques minutes plus tard à propos des outils à développer pour la profession : « Il y a un outil qui existe aux Etats-Unis et en Espagne, c’est un outil assuranciel. Il fait partie des nouveaux outils auxquels on réfléchit », a-t-il esquissé, précisant que le mécanisme est complexe, mais sans en dévoiler davantage.

Un protocole pour sécuriser la ressource en eau

Dans cette journée au SIA, l’un des temps forts néoaquitains était aussi la signature d’un protocole d’accord, pour la sécurisation de la ressource en eau des élevages. Autour de la table : la Région Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, les Chambres d’agriculture respectives, mais aussi l’Agence de l’eau Adour-Garonne, le comité de bassin Adour Garonne et l’Idele (l’institut de l’élevage). Était aussi présent pour l’occasion Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et des relations avec les collectivités. « Lors de la sécheresse 2022, 82 communes étaient en rupture avérée, et plus de 200 étaient en difficulté. Sur ces zones de tension, où plus de 3.500 élevages sont présents, soit près de 10% des élevages du bassin Adour-Garonne, il était difficile de concilier l’abreuvement du bétail alors que l’eau potable manquait pour l’alimentation humaine », développe-t-on dans un communiqué.

En pratique, le protocole permettra d’étudier « la faisabilité et les potentialités de sécurisation des élevages et de préservation des réseaux d’eau potables qui rencontrent des difficultés » sur le périmètre de l’Adour-Garonne, pour déployer des solutions concrètes et appropriées sur les cinq ans à venir. Un diagnostic de ces territoires en tension et des exploitations agricoles implantées sera réalisé dans un premier temps, avant d’identifier « les pistes et solutions techniques a mettre en œuvre ». Difficile d’en savoir plus pour le moment, mais le protocole s’appuiera « sur l’expérience d’expérimentations mises en œuvre en Lozère », notamment sur le territoire du Causse Méjean (48), où des solutions de récupération d’eau de pluie de toitures sont déjà déployées. « Les 60 exploitations agricoles représentaient 50 à 60% de la consommation totale d’eau potable », déroule-t-on, sans préciser pour autant les économies possibles grâce au dispositif. Quant aux bonnets jaunes de la Coordination Rurale ? Ils n’auront pu parler à Alain Rousset, parti après la signature du protocole, n'échangeant que rapidement avec les agriculteurs mécontents.

Sur le même sujet