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1/5 Mal-logement au Pays basque : le casse-tête des saisonniers

Écosystème
lundi 22 mai 2023

La question du logement est l'une des plus grandes problématiques au Pays basque depuis plusieurs années. Tous les acteurs économiques du territoire sont impactés. Quels enjeux et quelles solutions ? Comment trouver une sortie pérenne de cette véritable crise du logement ? Placéco Pays basque vous propose une série d'articles toute la semaine sur la question du logement.

D'un côté la difficulté de se loger, de l'autre la difficulté à recruter, la saison s'annonce compliquée au Pays basque cette année encore. Photo d'illustration

Plus le manque de logements s’aiguise sur l’ensemble du Pays basque, plus il est devient difficile de loger les salariés qui, ponctuellement ou pas, viennent y travailler. Particulièrement les saisonniers. Mais cette situation ne paraît empêcher ni les idées de la part des entreprises ni les initiatives locales.

Le décor a quelque chose du cliché : quelque 1.600 saisonniers travaillent l’été venu à Biarritz. « Le tourisme représente 13 % de la richesse générée au Pays basque, chiffre Roland Héguy, soit un total de 11.000 salariés et 12 % de l’ensemble des emplois sur ce territoire. » L’ancien président national de l’Union des métiers et de l’industrie hôtelière (UMIH) installé à Biarritz rappelle ainsi l’importance de cette industrie de main d’œuvre qui requiert des renforts estivaux.

Encore que les choses aient changé au fil des ans : la saison s’étire depuis Pâques jusqu’à l’automne et il y a bien moins de saisonniers autochtones. Et donc trouver un emploi ne suffit plus, le saisonnier veut se loger correctement, et pas forcément en camping (s’il y a de la place). Et Roland Héguy d’ajouter : ces employés veulent aussi du temps libre et regardent de près les salaires (ils ont progressé de 16 % en moyenne selon les conventions collectives en 2021-2022).

Résultat, ces derniers mois la pénurie est là. Des emplois ne trouvent pas preneur : même en allant chercher des postulants hors de la région, souvent pas de candidat ou des démissions, menaçant Biarritz où « trois millions de visiteurs passent en haute saison » selon Edouard Chazouillères, adjoint au maire de la cité balnéaire.

Il y a donc urgence pour le logement, sur la Côte et ses activités hôtels, cafés, restaurants, mais aussi pour les commerces de Bayonne, les transports urbains, les plagistes d'Anglet, les guides à Saint-Jean-de-Luz ou Saint-Jean-Pied-de-Port, sans oublier les personnels temporaires des collectivités locales (moniteurs, bureaux de tourisme), ni les travaux des champs. Et sans omettre non plus que nombre de salariés prennent des congés, sans que pour autant leurs tâches aient disparu avec l’été.

Initiatives privées

Afin d’accueillir les saisonniers à des coûts non-prohibitifs, les initiatives se font jour, même si elles ne pallient pas complètement les lacunes. Parmi les plus récentes, la conversion de l’Auberge de jeunesse de Biarritz, près de lac Mouriscot : en cours, l’opération permettra de disposer de 61 lits pour des saisonniers et les jeunes actifs. Même chose à Anglet où un immeuble se transforme depuis mars et offrira 148 logements (du deux pièces au studio) à l’été 2024, avec un loyer mensuel de 500 euros.

Autant d’initiatives qui complètent celles plus anciennes comme la conversion partielle des cités étudiantes par le Crous (les œuvres universitaires) ou des lycées avec leur internat l’été venu. Ou encore les efforts menés et cofinancés pour l’hébergement des saisonniers votés les 27 et 28 mars par la région Nouvelle-Aquitaine.

Reste que les employeurs continuent de proposer une chambre ou davantage à leurs employés du moment : près d’un quart des entreprises, 23 % selon une enquête de l’Agence d’urbanisme Atlantique et Pyrénées (Audap), logent elles-mêmes leurs salariés saisonniers. Elles recourent à des places en camping, la location de mobil-homes voire chez les particuliers. C’est souvent la condition sine qua non pour recruter ces employés, voire les fidéliser.

Plus inhabituel, est à l’essai « Mugi », le logement ponctuel et mobile des salariés lancé par Soliha. Cette association nationale de l’habitat privé à vocation sociale a en 2020 imaginé une habitation itinérante. Créé avec le centre du bâtiment et de l’environnement Nobatek d’Anglet, Mugi (bouge, en langue basque) a l’allure d’une maisonnette composée de modules. « L’idée est d’offrir des logements abordables et durables, c’est un enjeu économique et sociétal, décrit Benoît Caussade, directeur de Soliha Pays basque. Nous visons une population particulièrement vulnérable, les travailleurs saisonniers et temporaires par lesquels l’hébergement est insuffisant. De nombreuses offres d’emplois ne sont pas pourvues pour cette raison. » Ce qui n’empêche pas Soliha d’avoir aussi dans le parc public des appartements loués pour des employés temporaires ou précaires.

Au final, le Pays basque accueillait 9.700 saisonniers chaque année avant la crise du Covid, la moitié se retrouvant sur les seules communes de Biarritz, Anglet et Bayonne. Pour le reste, il s’agit du sud du littoral et des sites touristiques de l’Intérieur. Des réalités à confirmer fin 2023.

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