Teréga se projette à dix ans avec son plan stratégique Gaïa 2035 - Premium

Basé à Pau et spécialiste des infrastructures dédiées au transport, à la logistique et au stockage du gaz naturel, le groupe Teréga boucle l’année 2023 sur un chiffre d’affaires de 494 millions d’euros ( 2 million par rapport à 2022), qui se traduit par un résultat net de 97 millions d’euros ( 7%). « Nos résultats sont assez comparables à ceux de 2022, qui était déjà une très bonne année. Notre chiffre d’affaires est stable, même s’il marque des variations en son sein. Il se réduit un peu dans le transport, mais progresse côté stockage, ce qui traduit à la fois une augmentation de notre revenu autorisé et un succès commercial », commente Dominique Mockly, PDG de Teréga. Des niveaux de stockage élevés à l’issue de l’hiverSur son périmètre du grand Sud-Ouest (à cheval sur les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), Teréga enregistre sur l’année six nouveaux clients en matière de transport, pour un total de 80, et huit nouveaux contrats dans l’univers du stockage, pour un total de 36 clients sur l’année. « C’est une belle marque d’intérêt, puisque 100% de notre offre est souscrite », précise le PDG. Du point de vue des usages, le groupe remarque une consommation en baisse de 7% par rapport à 2022 pour la distribution publique – une réduction attribuée notamment à la clémence des températures hivernales, alors que l’activité à destination des industriels, qui représente 21% de la consommation globale sur la zone, se maintient à -1%. Conséquence : Teréga sort de l’hiver avec un niveau de stockage élevé (56% de ses infrastructures). « Pour l’hiver qui arrive, on considère que si le gaz naturel liquéfié est disponible comme il doit l’être, le risque de tensions sur l’approvisionnement est faible », estime Dominique Mockly.Sur l’année, Teréga a maintenu sa politique d’investissements, avec une enveloppe groupe de l’ordre de 174 millions d’euros, dont 20 millions d’euros destinés à l’achat de gaz « coussin », destinés à améliorer la performance des infrastructures de stockage. Le groupe indique par ailleurs avoir déployé des capacités supplémentaires de l’ordre de 40 GWh/j au niveau de Pirineos, l’interconnexion avec le réseau gazier espagnol, avec 20 GWh/j supplémentaires prévus en 2024.Gaïa 2035 : préparer l’avènement du gaz vert et des nouveaux gazS’il travaille déjà à la décarbonation de ses propres activités, avec l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% sur l’ensemble de ses trois scopes (incluant donc les fournisseurs) à horizon 2030 par rapport à 2021, Teréga fait aussi face à un défi stratégique d’ampleur : s’adapter à la baisse attendue de la demande en gaz. « Il y a plusieurs scénarios, mais en moyenne la consommation devrait être inférieure de moitié en 2050, et dans tous ces scénarios on sera à 100% de gaz renouvelable dans la production », éclaire le PDG. C’est tout l’objet du plan Gaïa 2035, présenté jeudi. « Nous devons regarder dans le détail nos activités traditionnelles, et de l’autre saisir les opportunités offertes par la décarbonation et par la réindustrialisation associée, c’est-à-dire la remise en place d’industries vertes. Pour nous, il est essentiel de tirer le meilleur parti des forces de nos territoires, et d’accélérer sur ces projets pour que ces communautés locales trouvent dans les infrastructures Teréga les moyens d’accélérer leur tradition en maintenant l’emploi et la compétitivité », déchiffre Dominique Mockly. Le groupe palois, qui a déjà concrétisé ses ambitions de diversification « partenariale » avec la création de sa filiale Teréga Solutions et le lancement d’appels à projet dédiés aux énergies décarbonées, table en premier lieu sur le développement du gaz vert (biométhane), et rapidement multiplier par cinq ou six le nombre de sites de production en injection de son réseau (591 GWh/an à date, avec comme site le plus emblématique le méthaniseur BioBéarn de TotalEnergies à Lacq). Faire du Sud-Ouest un hub d’énergies nouvelles Teréga table en parallèle sur le développement des nouveaux gaz, avec l’hydrogène et la valorisation du CO2 comme principaux leviers. « Sur l’hydrogène, on a recensé 43 projets sur nos territoires, quand on regarde la production associée, on est à 58% des objectifs nationaux. En 2030, on a le potentiel de devenir une zone exportatrice d’hydrogène, pour peu que le cadre réglementaire et légal soit là », indique Dominique Mockly, qui attend logiquement beaucoup du projet de corridor européen H2MED, mais table surtout sur le développement du réseau HySOW à l'échelle du Sud-Ouest. L’appel à manifestation d’intérêt lancé autour du CO2 dans la lignée du programme Pycasso a quant à lui permis d’inscrire 30 projets industriels, avec un potentiel de captation de CO2 industriel estimé à 1 million de tonnes par an.Teréga veut fournir les infrastructures capables de « catalyser les ambitions du Sud-Ouest en matière d'énergies vertes, du biogaz à l'hydrogène en passant par les biocarburants destinés à l'aviation - crédit TerégaLe groupe adapte en conséquence sa politique d’investissement, avec une enveloppe programmée de 1,8 milliard d’euros d’ici 2035 dédiée à l’entretien et à la maintenance du réseau Teréga actuel, et 1,2 milliard d’euros consacrés aux nouveaux gaz. « À horizon 2035, 50% de nos investissements seront dans les énergies vertes », précise Dominique Mockly, qui rappelle que la mission première de Teréga reste de sécuriser l’approvisionnement en gaz. « Aujourd’hui, nous aidons un certain nombre de transformation, mais nous avons besoin de modèles d’affaires solides pour développer nos infrastructures, soit parce qu’ils sont régulés, soit parce que la relation entre clients producteurs et clients consommateurs permet d’assurer de la visibilité sur le financement », rappelle-t-il.

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