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Qui pour accélérer le développement d'Alpha Chitin ?

Stratégie
mercredi 31 mai 2023

Alpha Chitin, un nom qui a fait son chemin en Béarn et en Nouvelle-Aquitaine. Lauréate de France 2030 première usine, l'entreprise de Lacq est soutenue par le Territoire d'industrie Lacq-Pau-Tarbes et par ailleurs labélisée par la Fondation Solar Impulse. Alors que l'usine flambant neuve de 3500 m² de chitine et de chitosanes, produits à partir de larves de mouches, a trouvé sa vitesse de croisière, Placeco a échangé avec Philippe Crochard, le Président et fondateur sur la suite de l'aventure.

Où en êtes-vous de votre plan de développement ?
Je ne vais pas le cacher. Le lancement de l'usine est très chronophage. Après la validation du pilote industriel, la phase d'industrialisation et les recrutements, nous maîtrisons parfaitement la chaîne de production de larves issue de la bioressource Hermetia Illucens. Dès l'origine du projet, nous voulions diversifier ces sources et c'est pourquoi nous voulons exploiter, d'ici la fin d'année, du krill issu de l'Antarctique. Mais nous souhaitons aussi développer un champignon spécifique qui complétera notre gamme de bioressources. Les enjeux sur ce champignon sont d'apporter des biomolécules à l'industrie cosmétique. Cette industrie, du fait de l'évolution de la réglementation européenne, va être confrontée à des contraintes, notamment en termes de transformation de la formulation de leurs produits avec des biomolécules. La pression est forte puisqu'elle porte jusqu'aux contenants qui doivent être biodégradables et eux aussi constitués de biomolécules. Nous sommes donc en contact avec tous les majors de la cosmétique, et en premier lieu, les français. La page de la chimie de synthèse étant tournée, il est évident que nous souhaitons nous engager sur ces marchés avec une proposition de valeur forte pour nos chitosanes fongiques : production intégrée, de haute qualité, avec des garanties sur la traçabilité et la pureté, certifiée sans OGM et 100 % certifiée d’origine végétale naturelle (chimie verte).

Concrètement, de quelle ressource parle-t-on ?
La chitine est en fait un matériau qui se présente sous la forme de flocons et dans sa version finale ressemble à de la farine. C'est une molécule fabriquée, comme on l'a dit, par exemple à partir de biomasses comme des larves d'insectes ou de carapaces de crustacés. C'est une molécule de la famille des polysaccharides, un sucre naturel utilisé pour de multiples applications. Agroalimentaires bien sûr mais aussi médicales et pharmaceutiques, cosmétiques, industrielles ou environnementales.

Quelles sont vos priorités aujourd'hui ?
Aujourd'hui, le véritable levier de croissance pour nous, le nerf de la guerre, est de trouver des fonds pour lancer notamment notre production de mycélium, mettre au point et qualifier le produit. Les temps changent un peu. Après les impacts du Covid et l'impact de la géostratégie sur l'énergie, qui nous a, comme les autres impactés, il est désormais plus difficile de trouver des financements pour notre croissance. C'est d'autant plus important que des marchés sont à portée de main, bien identifiés et que notre avantage concurrentiel pourrait à terme s'amoindrir. Aujourd'hui nous sommes en phase de devenir leader européen et souhaitons devenir leader mondial mais nous ne nous faisons pas d'illusions, nous allons forcément être attaqués malgré notre avance technologique et nous devons donc aller vite. Tout cela est stratégique. Sur un marché jusque-là dominé par la Chine, avec des produits qui ne sont pas de qualité constante, nous sommes bien positionnés sur une molécule qui, je veux quand même le rappeler, a été classée par l'Union Européenne dans le top 20 des biomolécules stratégiques. Si nous voulons adresser les marchés du pharmaceutique, du médical et de la cosmétique, il faut aussi compter avec le temps de la certification indispensable. Time is money (ndlr : "le temps c'est de l'argent"). Il nous faut donc trouver des accompagnements, qu'ils soient issus de fonds d'investissement, industriels ou bancaires.


Les élus vous aiment bien. Quid de la puissance publique ?
C'est vrai, d'une façon générale, l'écosystème économique et politique nous a suivis. Mais là, je le redis, j'ai l'impression qu'on nous a mis sur pause et compte tenu de l'énergie que nous avons mise dans ce projet, dans sa concrétisation, il nous faut trouver au plus vite les moyens d'assurer notre développement. On essaye d'ouvrir des portes, c'est compliqué, cela demande énormément de temps alors que nous ne sommes encore qu'une start up. Si quelqu'un a une idée, je veux bien qu'il me l'adresse.