Pau : les Halles, « emplacement idéal » pour les commerçants - Premium

Il est quinze heures, les Halles de Pau viennent de fermer et les vigiles poussent vers la sortie avec plus ou moins d’insistance les derniers clients traînards. À l’intérieur, les commerçants achèvent de plier boutique. Depuis la fin de leur rénovation en 2018 et leur passage au modèle de halles gourmandes avec espace restauration, elles sont un moteur du commerce dans le centre-ville de la capitale béarnaise.Elles représentent aussi une opportunité pour les commerçants palois : « Les Halles sont un emplacement idéal », commence Line Maunas, patronne du café Laits Pots d’Vache et secrétaire de l’association des commerçants des Halles. L’emplacement aux Halles lui revient « plus cher » que le loyer de son autre boutique, Place Reine Marguerite, mais elle y bénéficie d’un flux « que l’on n’a pas dans une boutique de centre-ville. Dans une boutique, il y a des moments où il ne se passe plus ou moins rien, le dimanche après-midi, par exemple. Ici, tu n’attends jamais, il n’y jamais un temps mort. Et c’est une très belle vitrine ».L'ouverture le dimanche matin plébiscitéeLes animations régulières sont plébiscitées, de même que l’ouverture du dimanche matin. Celle-ci, si elle avait fait, à l’époque de la rénovation, grincer des dents à certains commerçants, est devenue l’un des jours les plus rentables de la semaine. « Tout le monde est satisfait aujourd’hui de l’ouverture le dimanche matin, confirme Line Maunas. C’est l’une des grosses journées, pour tous les commerçants des Halles ». « La difficulté c’est surtout de motiver les équipes à venir travailler », renchérit un de ses confrères, traiteur, qui passe derrière elle en fermant son étal. « C’est vrai qu’en fermant à quinze heures, on n’est pas partis avant dix-sept », admet Line Maunas.Trouver des salariés relève toutefois moins du casse-tête aux Halles que pour un restaurant classique, souligne Maxime Deslandes, président de l’association des commerçants : « L’avantage, c’est que l’on ne travaille pas en coupure, la soirée est libre. Les horaires sont plus proches d’un emploi classique. Et puis l’ambiance des Halles plaît bien, c’est très convivial ». Pour les commerçants, c’est aussi la garantie de ne pas faire face à une trop forte concurrence sur place. « Il y a une sélection à l’entrée qui garantit une certaine diversité », reprend Maxime Deslandes. L’activité est en effet pilotée directement par l’agglomération paloise via une SPL, qui sélectionne les candidats pour maintenir un équilibre dans l’offre. « On ne va pas chercher un charcutier en plus, détaillait pour Placéco Béarn en septembre dernier Sophie Borotra, directrice de la SPL. Par contre, nous n’avons pas de spécialités orientales, ni de cave à bière ou d’épicerie en vrac ».Contraintes techniques« Quand un étal est disponible, un appel d’offres est mis en place. Une fois qu’il est publié, les candidats peuvent déposer leur dossier, qui présente leur boutique, les produits qui seront vendus, les tarifs qui seront pratiqués… détaille Maxime Deslandes. Ensuite, les candidats passent devant un jury de la SPL qui vote pour choisir le meilleur dossier ». Une fois le candidat sélectionné, « les problèmes commencent », plaisante-t-il. « On est dans un bâtiment public, les règles de sécurité sont très strictes sur les aménagements ». « Ici on n’est pas vraiment chez nous », abonde Line Maunas. « Il y a des contraintes techniques sur l’installation, l’électricité… on ne peut pas faire tout ce que l’on veut ». Au total, il faut compter un an et demi entre le dépôt de candidature et l’ouverture de la boutique. « Quand j’ai postulé, il y avait trois concurrents, raconte Maxime Deslandes. Les Halles sont très demandées. Mais beaucoup de candidats se découragent à cause des contraintes et des délais ».« L’inconvénient, c’est que vous n’avez pas de fonds de commerce, mentionne également Maxime Deslandes. Nous sommes locataires de nos emplacements, avec une concession de sept ans. Et si, après, vous voulez vendre votre affaire, vous ne vendez que le matériel ». Et de mentionner également le manque de places assises à l’intérieur du bâtiment. « Pouvoir servir le soir, on est toujours en demande aussi », ajoute-t-il. « Mais il faut garder à l’esprit qu’ici, c’est un marché, nuance Line Maunas. Il y a déjà la nocturne qui est devenue un rendez-vous incontournable ». « Il faut penser à l’échelle de toute la ville. Déjà, les bars et les restaurants de ville grincent des dents quand il y a une nocturne », conclut Maxime Deslandes. « Et puis ce sont des métiers durs, il faut se ménager, on n’est pas des robots ».

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