La startup Reevolt va tester son service dans les montagnes béarnaises - Premium

Reevolt veut « rendre fun la sobriété énergétique », présente Charlène Decia, cofondatrice de la startup. Plus précisément, « récompenser les gens qui font des efforts » : son application mobile se connecte aux compteurs Linky des particuliers, décompte leurs économies d’énergie et cagnotte des euros pour récompenser les comportements vertueux, lesquels euros peuvent ensuite être dépensés dans des enseignes partenaires. Reevolt, de son côté, se rémunère par une commission prélevée sur l'opération. Lancée en mai 2023 et largement tirée vers le haut par son passage dans l’émission « Qui veut être mon associé », la startup revendique aujourd’hui 25.000 foyers connectés… a développé une nouvelle activité tournée vers les entreprises, et vise maintenant en Béarn, un nouveau type de marché.« On est en train de développer un tout nouveau volet, celui du tourisme, explique Kevin Sala, le second cofondateur de Reevolt. Les acteurs du tourisme ont une énorme difficulté avec les économies d’énergie : un client qui a payé son séjour a beaucoup plus de réticence à faire attention à sa consommation, à baisser le chauffage ou la clim ». L’enjeu n’avait pas échappé au Tourisme Lab, l’incubateur régional de startups du tourisme. « Tourisme Lab est lauréat d’un AMI qui nous permet de déployer cinq expérimentations dans la région, raconte Marion Oudenot-Piton, responsable de Tourisme Lab au sein de l’ADI Nouvelle-Aquitaine. L’une de ces expériences concerne la transition des stations de montagne, et cela nous a rapidement amené à la transition énergétique. Quand on a découvert Kevin et Charlène, ils n’avaient pas connaissance de la filière du tourisme et de ses enjeux. Mais pour nous, c’était sûr que les hébergeurs allaient être intéressés par ce genre d’actions ».Pour lancer l’expérimentation, le choix de Tourisme Lab et Reevolt s’est porté sur le territoire du Haut-Béarn. « On avait besoin d’un panel conséquent, d’un territoire engagé, et ce territoire accompagne les stations de montagne sur des sujets comme la rénovation énergétique des immeubles. L’office du tourisme du Haut-Béarn s’est aussi beaucoup impliqué dans le processus, ils avaient envie d’expérimenter, explique Marion Oudenot-Piton. Dans les expériences de ce type, on a besoin d’un territoire qui soit moteur, d’une entreprise solide, et nous pouvons faire office de tiers de confiance ».Adapter le modèle économique Restait à imaginer comment adapter le modèle économique de Reevolt aux spécificités et enjeux du tourisme. La solution retenue : chaque hébergement touristique possèdera une place avec un QR unique, que les visiteurs pourront scanner dans leur propre application Reevolt. Les économies d’énergie qu’ils réaliseront dans cet hébergement seront ensuite créditées sur leur application. « Chaque hébergeur aura un back-office sur lequel il pourra suivre l’ensemble de son action, son impact et les économies réalisées, ajoute Kevin Sala. L’idée était de créer un système qui soit très simple à déployer et autant dématérialisé que possible, sans qu’il y ait besoin d’installer des capteurs dans chaque hébergement. »Vient ensuite l’enjeu des montants reversés aux utilisateurs : Reevolt est conçue pour une utilisation domestique sur le long terme. Comment rendre son usage intéressant sur des séjours courts ? « 10 euros seront crédités automatiquement à l’ouverture de la cagnotte, ou à la première instanciation sur un nouvel hébergement, répond Kevin Sala. On va aussi ajuster le mode de calcul. Au total, le touriste arrivera assez facilement à 15 ou 17 euros cagnottés à la fin de son séjour ». Une somme que les dirigeants de Reevolt veulent également permettre à leurs utilisateurs de dépenser auprès des commerces locaux, « pour les rendre plus compétitifs et attractifs ».Se pose ensuite la question de la tarification. Le modèle de Reevolt à destination des entreprises est basé sur un abonnement annuel. Inadapté au monde du tourisme et à sa très forte saisonnalité : « On tente donc un modèle pay as you go, où la facturation se fait au fur et à mesure de l’utilisation, raconte Kevin Sala. Cela génère un autre effet : en période de pointe, les hébergeurs trouvent parfois que ça monte trop haut, on réfléchit donc à le capper… mais alors, est-ce que l’on ne revient pas vers l’abonnement, s’interroge-t-il. Et puis il y a des hôtels qui nous ont approchés. Eux, ils ont une activité saisonnière mais qui sont ouverts toute l’année… C’est aussi l’enjeu de cette expérience, affiner notre modèle comme on a pu le faire pour les particuliers et les entreprises », conclut l'entrepreneur.L’expérimentation a été lancée pendant les vacances de février, et près de 50 hébergements y participent déjà, avec l’objectif d’atteindre les 500 hébergements partenaires sur un an, annonce Marion Oudenot-Piton. « Quand on mène des expériences, on a un double objectif, reprend-elle. Répondre à une problématique exprimée par les acteurs de la filière et accompagner l’entreprise dans le développement d’un produit adapté à la filière tourisme. Reevolt découvre la filière du tourisme, c’est un marché qu'ils ne connaissaient pas. On est en train de passer la saison d’hiver, on a besoin de passer la saison d’été. On verra grâce à cette expérience quel modèle économique est le plus performant, sur quels acteurs il faudra s’appuyer… Puis on accompagnera Reevolt vers d’autres marchés, comme par exemple le tourisme de bord de mer ».

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