Centre Jean Féger : « Transformer petit à petit les compétences » - Premium

Le centre scientifique Jean Féger est une véritable ville dans la ville, avec 2.500 employés. Outre par sa taille, comment ce centre s’insère-t-il dans la vie économique béarnaise ? On imagine un centre de recherche plutôt comme une institution tournée vers l’intérieur… Notre premier axe, c’est notre insertion dans le tissu universitaire et scientifique du territoire. Tous les liens que l’on peut développer avec des universités, des écoles, nous apportent beaucoup. On est en partenariat avec l’UPPA, nous avons des chaires, des investissements, des installations en commun. C’est un partenariat très riche, un investissement fort que nous souhaitons poursuivre. Nous avons aussi des partenariats avec des grandes écoles, qui nous apportent des étudiants, des idées nouvelles, des partenariats nouveaux. Enfin, nous avons des projets de recherche codéveloppés avec d’autres entreprises du territoire. Nous avons la chance d’avoir la plateforme de Lacq et ses différentes industries. Tous les accords que l’on peut avoir avec eux, c’est une démultiplication de nos investissements, et cela nous permet de progresser plus vite. On ne peut pas faire de la recherche tout seul dans son coin, c’est avec des partenaires que l’on avance. Et le deuxième axe ?Le deuxième axe, c’est tout notre lien avec le tissu associatif et la vie sociale. Aujourd’hui, nous nous concentrons beaucoup sur les jeunes et les quartiers défavorisés. Nous soutenons des associations pour amener la science, le développement sportif dans les quartiers défavorisés, nous soutenons l’orchestre El Camino à Pau… C’est un axe de fierté pour nos collaborateurs : s’ils sont fiers à l’extérieur, ils sont fiers à l’intérieur et ils contribuent au développement de la compagnie.« Le contexte de Lacq nous a beaucoup appris »Le centre Jean Féger est historiquement spécialisé dans l’étude du sous-sol. Aujourd’hui, étudie-t-on encore le sous-sol béarnais, ou bien a-t-il livré tous ses secrets ? L’histoire a fait qu’on a grandement étudié le sous-sol béarnais et qu’on a développé toutes ces compétences. Aujourd’hui, on les met au service de l'ensemble de la compagnie à-travers le monde. Elles sont principalement tournées vers l'extérieur, nous n’avons pas de permis de production ou d’exploration dans le sous-sol béarnais, donc pas de projets en ce sens. Nous n’avons plus de R&D dédiée au sous-sol béarnais, mais nous utilisons ces compétences sur le reste du monde. Par contre, nous avons une expérience, et nous continuons d’utiliser ces connaissances pour les transposer, les traduire, par exemple pour regarder d’autres capacités, le stockage de CO2 par exemple.Le sous-sol béarnais a la réputation d’être particulièrement complexe, a-t-il permis de développer une expérience particulière ? Le champ de Lacq est très particulier, mais tous les champs le sont. Tous les apprentissages que l'on fait nous servent à être plus performants, quand on rencontre d’autres types de roche et de sous-sol. Ce qui fait la richesse, la force d’un physicien, d’un géologue, c’est sa capacité à étudier différents milieux et à utiliser ces différentes connaissances. Le contexte de Lacq était effectivement complexe, avec une teneur en sulfure d'hydrogène qui était exceptionnelle. Il nous a beaucoup appris en matière de sciences du soufre et donné d’autres manières de voir le sous-sol, qui nous servent encore dans d’autres régions du monde. Donc oui, le Béarn était important, comme il est important d’avoir les forages en Mer du Nord, le deep offshore en Angola… C’est la multiplicité des expériences qui permet d’enrichir un ingénieur, et le Béarn en est une, avec des spécificités qui restent très marquées.« Le captage et le stockage de CO2 feront partie de la transition énergétique »Vous évoquiez le stockage de CO2. Un projet de ce type, Pycasso, a fait couler beaucoup d’encre en Béarn. Pensez-vous que notre territoire puisse accueillir des projets de ce genre ? Les peurs de contamination des poches de gaz encore existantes vous semblent-elles justifiées ou bien relever du fantasme ? En tant que site de recherche, nous ne travaillons pas sur le projet Pycasso, je ne peux donc pas en parler. En tant que TotalEnergies, nous pensons que le captage et le stockage de CO2 feront partie de la transition énergétique. Ce n’est pas la solution miracle mais ça fera partie de la solution pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous avons des équipes qui travaillent sur la capture de CO2, mais aussi le stockage, avec toutes nos connaissances de la roche, du sous-sol, qui nous permettent d'appréhender les différentes problématiques. Il faut prendre en compte un certain nombre de caractéristiques, que ce soit la capacité de stockage, les risques de fuite, les interactions avec le milieu environnant… tout cela se regarde, s’étudie en profondeur. En fonction de ces caractéristiques, on va développer des capacités de stockage. Aujourd’hui, on a des projets dont on s’assure qu’ils sont viables et présentent un intérêt pour l’ensemble de la société.Il a aussi été récemment question de rechercher de l’hydrogène blanc en Béarn…Aujourd’hui, ça n’est pas un axe de développement pour TotalEnergies. On suit ça, mais on n’a pas un projet ou un investissement dans ce domaine-là. Pour que ça soit un vrai projet, il faut des capacités de production, de transport, un marché. Aujourd’hui, on n’a pas encore le spectre global de cette filière, et tant qu’on ne l’a pas, la compagnie a décidé de ne pas miser sur l’hydrogène blanc. C’est un sujet à suivre, mais c’est encore un peu balbutiant. Qu’en est-t-il de l’hydrogène vert ?L’hydrogène vert est vraiment quelque chose que l’on regarde. TotalEnergies souhaite développer des capacités de production d’électricité renouvelable. Or, ces capacités sont souvent intermittentes, alors que la demande ne l’est pas. On a donc besoin de développer des moyens de stockage de l’électricité. Il y a les batteries, mais il y a aussi les projets d’hydrolyse, qui peuvent permettre de stocker l’énergie sous forme d’hydrogène. Nous sommes aussi d’importants consommateurs d’hydrogène dans nos raffineries. C’est aujourd’hui de l'hydrogène gris, issu de gaz, et nous mettons tout en œuvre pour développer des capacités de production d’hydrogène vert. Le centre Jean Féger a-t-il vocation à grandir ? Aujourd’hui, la taille du site correspond aux besoins de TotalEnergies. il n’y a pas une volonté de croissance démesurée, on va suivre les besoins de la compagnie, en support de ses activités industrielles dans les différents pays du monde. En revanche, on va certainement transformer petit à petit les compétences que l’on développe sur ce site pour répondre aux besoins, en allant vers des compétences sur le stockage de CO2 et les énergies renouvelables.

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