Laurent Cazenave, l'apiculteur qui bourdonnait à l'oreille des chefs - Premium

« L'apiculture, comme beaucoup d'autres filières, est en pleine mutation. Aujourd'hui, avant d'acheter, les consommateurs aiment savoir d'où vient le produit, comment il a été fabriqué et quelle est son histoire. » En 2021, plus de trois millions de tonnes de miel ont été produites en Nouvelle-Aquitaine. La région, qui compte parmi les plus gros producteurs, est aussi l'une de celles où l'on recense le plus d'apiculteurs - plus de six millions. Le chiffre d'affaires global est estimé à plus de 10 millions d'euros par an. Une filière qui reste porteuse donc et qui attire toujours plus de nouveaux acteurs. Laurent Cazenave fait partie de ceux que le Covid a convaincu de sauter le pas. Dans sa miellerie de Seignosse, il accueille au quotidien les visiteurs curieux de découvrir Apis Mellona. « A côté des 300 ruches que je possède et dont je dois m'occuper chaque jour, je reçois les clients, je leur fais découvrir mon travail et j'essaie aussi de valoriser mes produits », raconte Laurent Cazenave. Un savoir-faire que l'apiculteur cultive depuis trois ans et qu'il a su imposer à la table de grands chefs étoilés. « Il y a quelques mois, Jérémy Lauilhé est devenu meilleur ouvrier de France dans la catégorie barman. Ce mixologue dacquois a utilisé un de mes miels pour confectionner le cocktail avec lequel il a gagné en finale », raconte le néo-entrepreneur dans un sourire. Une fierté pour ce producteur qui a démarré son activité il y a seulement trois ans et qui fait désormais partie des 31 producteurs à intégrer le Collège culinaire de France. Notre alimentation et sa diversité dépendent des abeillesApis Mellona. Son nom fait référence à la protectrice des abeilles et des ruches, dans la mythologie romaine. Un rôle qu'endosse aujourd'hui Laurent Cazenave. C'est en 2020, en pleine période Covid, que cet ancien ingénieur qualité dans l'aéronautique a décidé de se reconvertir. « Mon père était apiculteur amateur. J'ai pu travailler avec lui pendant plusieurs années et il m'a donné le goût du métier. » Laurent Cazenave le sait, ce métier est extrêmement exigeant et demande une implication totale. « Pour réussir dans ce secteur, on ne peut pas avoir un autre emploi à côté, il faut s'investir pleinement », affirme t-il. Comme le soulignait Jean Pierre Lespiaucq pour Placéco, désormais, être apiculteur, ce n'est plus seulement être producteur. « Le réchauffement climatique, mais aussi les frelons asiatiques et le varois menacent les abeilles », relate t-il. Un danger pour l'espèce mais aussi pour notre écosystème, selon lui.« Il faut savoir qu'environ 35% de la quantité de notre alimentation et 65% de sa diversité dépendent de la pollinisation. Une butineuse peut polliniser jusqu’à 3.000 fleurs. A noter d'ailleurs que pour fabriquer un pot de miel, il faut que 3.000 abeilles butinent 2.200.000 fleurs et parcourent 60.000 kilomètres. Il est donc vital de les protéger, pour notre avenir mais aussi pour celui de nos enfants », détaille Laurent Cazenave. Pour lui, l'apiculteur a aujourd'hui un rôle à jouer dans la sensibilisation et la préservation de l'espèce. « J'essaie d'aider les clients à mieux connaître les abeilles mais aussi à mieux les comprendre. Leur organisation mais aussi leurs méthodes de communication et cette vie dédiée à la reine. »De la bière et du gin à base de mielQuitter un emploi stable pour se lancer à son compte n'est pas chose facile. Après avoir débuté avec quelques ruches dans son garage, Laurent Cazenave a suivi une formation à la ruche-école de Souprosse. « J'ai travaillé durant deux saisons avec des apiculteurs qui m'ont appris les ficelles du métier. » Puis d'année en année, il se développe et s'installe dans son local à Seignosse. « Il faut savoir que la concurrence est très rude dans ce métier. Pour l'heure, il est encore un peu tôt pour moi pour communiquer sur mon chiffre d'affaires mais je peux affirmer qu'il augmente chaque année et me permet de me dégager un salaire suffisant », relate Laurent Cazenave. Une notoriété qu'il a bâtie en allant toquer à la porte des restaurants étoilés. « J'ai commencé en faisant du porte-à-porte et j'ai proposé à certains chefs étoilés de venir visiter mes ruches. »Une stratégie payante pour l'apiculteur dont le miel s'est invité à la table de quelques-uns des chefs cuisiniers les plus réputés du Sud-Ouest, et notamment, deux restaurateurs étoilés landais : Yannick Duc, au Hittau, et David Sulpice, à la Villa de l’étang blanc. Autre spécificité pour se démarquer : Laurent Cazenave propose de la bière et du gin à base de miel. « Je me suis associé avec un producteur basque pour proposer le gin. C'est un produit qu'on ne trouve pas forcément ailleurs et je remarque que les clients sont souvent curieux de le goûter. » L'apiculteur vient également de développer un miel au cacao, un produit dont il est le seul à détenir la recette. « Ça n'a jamais été fait avant et je suis fier de dire qu'il est confectionné ici, à Apis Mellona », raconte Laurent Cazenave. « De plus en plus de nouveaux clients viennent me chercher. Je développe également un projet de repas dans la nature autour du miel, avec une cheffe landaise. Le but est de sensibiliser les consommateurs à l'importance de notre écosystème et le lien avec ce que nous consommons. »Apis MellonaAnnée de création : 2020Nombre de salariés : 1CA en 2023 : n.c

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