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Sport et business : Pau en a fait le tour 74 fois

Écosystème
vendredi 07 juillet 2023
Sport et business : Pau en a fait le tour 74 fois

Passage des coureurs du tour de France dans les rues de Pau. Crédits : PhC Placeco

74. C'est le nombre de fois que Pau a accueilli le tour de France. Une histoire d'amour avec une élue dédiée, qui plus est députée, Josy Poueyto, plus qu'une histoire d'argent. Quand on aime, c'est bien connu, on ne compte pas. Et pourquoi ne le ferait on pas, pour le tour mais aussi, pour d'autres événements. Plus loin encore, on pourrait s'interroger sur l'évolution du modèle économique des clubs de haut niveau.

Pau aura encore été cette année dans la grande boucle du tour de France. Elle a des atouts pour le faire, à commencer par ses capacités d'hébergement, avec un solide parc hôtelier pour accueillir équipes de coureurs et d'organisation, une caravane qui dépasse les 4.000 personnes tout de même. Sa localisation géographique, au pied des Pyrénées, l'un des deux massifs montagneux avec les Alpes qui rendent l'exercice toujours attractif et à portée de cols aux noms connus dans le monde entier (Tourmalet, Aubisque, Aspin, Soulor...) Il y a enfin cette relation étroite, entretenue depuis 1983, par une élue, Josy Poueyto, avec l'équipe d'organisation qui lui a valu d'être la première femme à suivre une étape dans l'une des voitures. « Je peux comprendre que le Tour ne passe pas une année de temps en temps. Mais il ne faut pas que ce soit deux » déclarait elle à nos confrères de Sud Ouest en 2019. La cause est entendue : le tour et Pau entretiennent des liens indéfectibles. Mais au fait, au-delà du prestige d'accueillir le 3e événement sportif le plus suivi dans le monde après la coupe du monde de football et les Jeux Olympiques, cela rapporte quoi, économiquement ?

Un investissement de 250.000 euros et des retombées de... ?

La question la plus juste serait d'ailleurs "cela coûte quoi" ? Dans la colonne des charges, il y a tout d'abord ce qui est clairement défini : le droit d'entrée pour voir passer les deux-roues dans la cité royale, fixé par l'organisateur, Amaury Sport Organisation (ASO), à 108.000 euros. Pour la ville et l'agglomération, les dépenses les plus conséquentes sont liées à l'affectation des personnels : voirie, services techniques pour la préparation et la gestion des parcours, police municipale, dépenses évaluées à 140.000 euros. Il y a encore des dépenses de promotion du territoire à l'occasion de l'événement et c'est cette fois, vers l'agence départementale du tourisme, dont ce sont les compétences, qu'il faut se tourner. Il y a quelques semaines, cette dernière affichait sa gestion vertueuse, en diminuant son budget d'environ 60.000 euros, par la renonciation aux gadgets et autres goodies au profit de semaines dans des gîtes locaux. Ce sont naturellement ces professionnels du tourisme que l'on retrouve dans la colonne des recettes, avec des retombées indirectes pour tous les établissements hôteliers qui ont hébergé cette année encore, la caravane commerciale, sportive et l'organisation durant 3 nuitées (étape paloise, arrivée et départ des étapes à proximité de Pau). On poursuivra naturellement avec les mêmes retombées dans les hébergements individuels (gîtes, chambres d'hôtes et camping) du Béarn des amateurs et touristes amateurs de l'événement.

Pour la ville centre, il n'existe pas à notre connaissance d'étude d'impact récente de l'événement, ni au sein de la Chambre de Commerce ni auprès des services de développement économique de la ville. Si l'on en croit les éléments fournis par les organisateurs, « Selon les différentes études, on estime que les retombées vont de 3 à 7 euros pour 1 euro dépensé. »

Qui pour auditer l'impact des grands événements locaux ?

La question se pose et se pose d'une façon plus générale pour toutes les manifestations d'ampleur organisées à Pau comme d'ailleurs dans toutes les collectivités. À l'occasion du dernier grand prix automobile, la question avait été posée, jusque dans l'organisation même de la manifestation. Quels indicateurs pour réellement évaluer l'impact et qui pour le faire ? Si les Chambres Régionales des Comptes auditent l'emploi des deniers publics dans les collectivités et dans les établissements publics, il n'existe pas d'organismes indépendants qui pourraient proposer une grille d'analyse objective. L'ESC Pau et le CNPC sport, école de management du sport y ont d'ailleurs réfléchi au mois de juin, mais sous un angle plus macroéconomique. Pour Pau, et au-delà du tour et du grand prix automobile, la question pourrait se poser pour le cinq étoiles (organisé par une société privée), les compétitions de Canoë Kayak avec le stade d'eaux vives de Pau, voire la saison hippique. La question du sport et de son financement se pose aussi plus largement pour les clubs professionnels. 

L'agglomération a déclaré dès 2011 d'intérêt communautaire le soutien aux clubs de haut niveau qui "contribuent par leurs performances sportives, leur rôle sociétal et d'image à la promotion et au rayonnement de notre territoire". Dans sa dernière séance, elle donc validé l'attribution des subventions (au travers de contrats d'objectifs encadrés par le Code du Sport) pour la prochaine saison au profit de la Section Paloise (555.000 €), de l'Elan Béarnais (865.000 €), du Pau FC (400.000 €) de l'équipe féminine de rugby Lons/Section Paloise (34.300 €)et du Billère Hand-Ball (255.400 €).C'est au sein de ce dernier club d'ailleurs que le Directeur Général confiait il y a quelques semaines que le modèle économique de ce club avait profondément évolué. Rendez-vous pris pour comprendre comment et pourquoi.