Nouvelle-Aquitaine : Alain Rousset place 2024 sous le signe de la « reliance »
Alain Rousset présentait vendredi ses voeux à la presse, entouré d'une partie des élus du conseil régional - crédit AL
Pour ses vœux à la presse, formulés au lendemain de la première allocution du nouveau Premier ministre, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’est fait le chantre d’une action publique basée sur le temps long et la recherche de sens. Sans oublier de régler quelques comptes.
« Moi, ce que je veux, c'est de l'action, de l'action, de l'action ». Le premier 20 heures de Gabriel Attal en tant que Premier ministre, le 11 janvier au soir, ne pouvait pas manquer de faire réagir Alain Rousset, qui se prêtait le lendemain au traditionnel exercice des vœux à la presse. « Un premier ministre qui répète le mot action mais ne dit pas quel en est le sens, c’est inquiétant », lâche le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, avant d’opposer aux remous ministériels sa vision d’une action publique basée sur le temps long et des convictions assumées.
« Il faut du sens, mais aussi de la constance, puisque l’action publique prend du temps », estime Alain Rousset, qui ajoute la pugnacité à ces valeurs cardinales. « La constance suppose parfois de prendre des risques. L’objectif d’installer l’usine de dirigeables de Flying Whales à Laruscade n’est pas une petite affaire, mais nous nous y tenons », illustre-t-il.
« Dérouler un récit positif »
Pour synthétiser sa politique régionale, Alain Rousset convoque en ce début d’année la notion de « reliance », popularisée par le philosophe Edgar Morin. Soit l’acte de relier, au sens de l’appartenance sociale, avec l’idée de « dérouler un récit positif, enchanteur, heureux », autour de la lutte contre le réchauffement climatique, sans lui opposer les stratégies de réindustrialisation et de développement économique, estime Alain Rousset, qui convoque à l’appui, pêle-mêle, les 3 milliards d’euros d’investissements attendus sur le bassin de Lacq, ou la conversion attendue du parc industriel des Fonderies du Poitou au profit des technologies hydrogène et photovoltaïques.
« La reliance, c’est aussi la mobilité, le désenclavement, trouver comment développer un réseau ferré où la grande vitesse ne s’oppose pas au déploiement », embraie le président, qui assure mener avec pugnacité, encore, les négociations avec la préfecture autour des prochains contrats de mobilité président aux investissements ferroviaires, et annonce la tenue, dans le courant de l’année à Mont-de-Marsan, d’un grand événement visant à célébrer les bienfaits de la future ligne à grande vitesse.
« Il faut savoir où l’on va et garder le cap en tête, quelques soient les contraintes budgétaires », résume encore Alain Rousset, qui se garde bien de commenter le casting du remaniement, mais profite de l’actualité récente pour renouveler son aspiration à une plus grande autonomie des régions, dont la politique publique se heurterait à la « volatilité des gouvernements et des ministres ». « Je suis gourmand de savoir ce que va faire la nouvelle ministre de la Culture, surtout quand 70 ou 80% de l’accompagnement vient des territoires », lâche-t-il tout de même, en référence à la très médiatique arrivée de Rachida Dati rue de Valois.
Crispations sur le financement de la régénération ferroviaire
S’il apprécie ferrailler avec Etienne Guyot, préfet de région, sur les contrats de mobilité, Alain Rousset se montre en revanche nettement moins amène vis-à-vis de Bercy, quand il s’agit d’évoquer les hausses de péages tarifaires qui attendent le TER. Comme l’a révélé L’Informé le 9 janvier, la Nouvelle-Aquitaine fait partie des huit régions qui contestent cette augmentation devant le Conseil d’Etat. « C’est une décision léonine totalement inacceptable », tonne Alain Rousset, selon qui la facture annuelle passerait de 65 à 82 millions d’euros pour la collectivité. « On nous demande de payer deux fois. D’abord, en intervenant pour la régénération ferroviaire, puis avec ces péages qui devraient précisément aller à cette régénération et cette maintenance. Les régions en ont assez d’être le cochon payeur des erreurs historiques de l’Etat sur le ferroviaire », argue-t-il.