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Territoire zéro chômeur longue durée : Bordeaux candidatera en septembre

Écosystème
lundi 04 janvier 2021

Photo d'illustration - YB

La Ville de Bordeaux souhaite expérimenter, dans le quartier du Grand-Parc, le programme « territoire zéro chômeur longue durée ». Le dossier sera déposé en septembre 2021, pour un démarrage en 2022, si l’Etat valide cette candidature.

Le projet « Territoire zéro chômeur longue durée » était porté, initialement, par l’ONG ATD Quart Monde. « Ils ont constaté que plus les demandeurs d’emploi restaient au chômage plus il est difficile pour eux de se réinsérer, présente Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire en charge de l’emploi, de l’ESS et des formes économiques innovantes. Surtout, le coût social de ces personnes est très élevé. »

Une idée émerge alors : conserver, dans un premier temps, les aides pour les chômeurs longue durée (RSA, allocations chômage, APL), pour leur verser un salaire via une entreprise à but d’emploi (EBE), non lucrative et œuvrant pour l’intérêt général.

Trouver un modèle économique

« De mémoire, la première loi d’expérimentation date de 2015, reprend Stéphane Pfeiffer. Elle a dû être votée car elle déroge au droit commun. » Dix territoires ont expérimenté ce projet, avec des résultats « mitigés », reconnaît l’élu. « Certains ont réussi à mettre en place une vraie réinsertion, avec des dizaines de personnes concernées. La mobilisation des acteurs locaux a été forte, et l’accompagnement a porté ses fruits. Pour d’autres territoires, mener à bien le projet a été plus compliqué : il est parfois difficile de trouver un modèle économique qui fonctionne pour ces entreprises particulières. »

En effet, les entreprises à but d’emploi doivent se positionner sur des activités non concurrentielles, tout en réussissant à dégager des résultats pour, à terme, rémunérer les salariés en réinsertion sans s’appuyer sur les aides sociales.

Créer de l’activité où il n’y en a pas

Pour autant, Bordeaux ne se décourage pas. La Ville a identifié le quartier du Grand-Parc qui compte près de 400 chômeurs longue durée, élargi à quelques zones des Chartrons, du Jardin Public et de Bordeaux Maritime. « Pôle Emploi est en train de recenser le nombre de personnes concernées par le projet, précise Stéphane Pfeiffer. C’est-à-dire qui sont au chômage depuis plus de 24 mois. A la mairie notre objectif est simple : il est difficile de trouver des solutions pour ces personnes, alors il faut que nous essayions de nouvelles choses. »

En cas de réussite, les avantages sont multiples. « Cela limite les coûts sociaux, les personnes en réinsertion cotisent ainsi à la sécurité sociale ou la retraite. » Mais surtout, cela peut créer de l’activité économique au Grand-Parc. « Par exemple, reprend l’adjoint au maire, il n’y a plus de café dans le quartier. Nous pourrions imaginer d’ouvrir une EBE sous forme de café associatif, cela permettrait de créer de l’emploi et un lieu de convivialité. »

Une expérimentation en 2022 ?

La nouvelle municipalité de Pierre Hurmic revendique le droit à l’échec, et compte bien déployer le dispositif zéro chômeurs longue durée. En novembre dernier le Parlement a voté en faveur d’une poursuite et d’un élargissement de l’expérimentation, et 50 nouveaux territoires seront labellisés. Bordeaux, après avoir adhéré à l’association nationale du projet, a été désigné « territoire émergent ». Le 15 décembre un comité local pour l’emploi a été constitué, et plusieurs commissions thématiques vont être créées pour étudier les différents axes du projet. « Nous voulons déposer notre candidature en septembre prochain, avance notre interlocuteur. Si cette dernière est retenue, nous pouvons imaginer un début d’expérimentation en 2022. »

Avant cela plusieurs étapes sont au programme dès ce mois-ci. La Ville s’apprête à travailler avec Atis pour mobiliser les habitants du quartier, pour qu’ils s’emparent eux-mêmes du projet. Un comité scientifique va également être constitué pour aborder plusieurs domaines comme la psychologie du travail. Enfin, un comité de soutien va voir le jour dans les semaines à venir pour que tous les acteurs économiques et les habitants puissent soutenir, s’ils le souhaitent, ce projet.

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