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Que pensent les acteurs de la construction du futur Bâtiment Frugal Bordelais ?

Écosystème
mardi 04 mai 2021

Le quartier de Bacalan à Bordeaux - Crédits : Adobe Stock JeanLuc Ichard

Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic et ses adjoints ont présenté hier les orientations 2021-2026 pour l’urbanisme et l’habitat. 24 heures plus tard c’est durant le conseil municipal que le label Bâtiment Frugal Bordelais, mis en place par la Ville, a été détaillé. Que contient-il, et qu’en pensent les acteurs de la construction ?

« Notre ambition s’agissant de la production neuve est très claire, affirme Bernard Louis Blanc, élu en charge de l’urbanisme résilient. Participer à décarboner la production immobilière. […] Le secteur est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre en France derrière celui des transports si l’on ne compte que les émissions liées à l’énergie ; mais il passe en tête si l’on ajoute la consommation liée à la fabrication des matériaux et équipements mis en œuvre sur les chantiers. »

Pour réussir cette décarbonation, la Ville souhaite remonter le plus en amont possible dans la chaîne des permis de construire grâce au référentiel Bâtiment Frugal Bordelais : ce dernier énonce de façon précise la façon dont les futures opérations de construction pourront être conçues par les porteurs de projet. « Nous l’introduirons dans la modification du PLU [ndlr : plan local d’urbanisme] pour qu’il soit, au terme de cette modification, opposable. »

A lire : Urbanisme et habitat - Pierre Hurmic présente les orientations de son mandat

Une limite de 200 km qui ne convainc pas

Entre autres, le label prévoit une attention particulière à la provenance des matériaux et à leur poids dans la réalisation des bâtiments, pour modérer l’emploi de produits jugés polluants comme le béton coulé en place, et favoriser l’emploi de matériaux locaux. La distance de 200 km entre les matériaux et le projet a d'ailleurs été avancée lors de la présentation. « C’est une très bonne chose », constate dans un premier temps Thierry Leblanc, président de la Fédération française du bâtiment de la Gironde. « Mais je ne sais pas dire aujourd’hui quels matériaux la municipalité souhaite utiliser, même si j’en ai une idée. Surtout, je voudrais être sûr que l’on ait les ressources nécessaires. Le pin des Landes par exemple n’est pas adapté pour faire de la construction. »

Un constat partagé par le président du Cobaty Bordeaux Métropole Loïc Soulat, qui va plus loin. « Je trouve qu’il est dommage d’opposer les nouveaux matériaux innovants à ceux plus traditionnels. Je comprends que la nouvelle majorité ait une idéologie, c’est normal car il s’agit de politique, mais la ressource en bois ou en terre crue par exemple, à un moment, sera épuisée. Déjà aujourd’hui, on voit combien il est difficile de se fournir en bois à Bordeaux. »

Moins construire, mais pas à n’importe quel prix

Second critère de ce label, porté par l’équipe de Pierre Hurmic depuis la campagne des municipales : la zéro artificialisation des sols. Bernard Louis Blanc a répété lors du conseil que 3.000 nouveaux logements seront construits chaque année durant toute la mandature. « Je pense que c’est insuffisant par rapport à la demande, renchérit Thierry Leblanc. On peut faire des effets d’annonce sur la ville de Bordeaux mais c’est le plan de charge de la Métropole qui dira si cela répond aux besoins. Au moins, on ne peut que se satisfaire du maintien de la construction. » Le président de la Fédération Française du Bâtiment de Gironde reste vigilant sur ce qui sera mis en œuvre. « Si la Ville ne fait pas ce qu’elle a annoncé, à savoir une régulation du marché, le freinage de la construction entraînera logiquement une hausse des prix des appartements et des maisons. »

« Nous continuerons de construire, ceux qui seront impactés sont les promoteurs, analyse Loïc Soulat. Il n’y aura pas forcément la place pour tout le monde… Ensuite, ils annoncent qu’ils feront de la préemption pour réguler le marché et réguler le coût du foncier : il faut voir dans la réalité, comment cela va se passer, car ce n’est pas simple. »

Si la Ville n'a pas encore présenté en détails aux acteurs de la construction l'étendue du label, Thierry Leblanc et Loïc Soulat partagent un même avis : un temps de dialogue sera nécessaire. 

Que dit le référentiel ?
Ce bâtiment frugal veut préserver la qualité des sols, leur perméabilité et la préservation de la biodiversité. Mais aussi réduire l’effet d’ilot de chaleur urbain. « Il doit être conçu de façon bioclimatique », précise Bernard Louis Blanc. La gestion du confort d’été sera prise en compte pour atteindre le zéro chauffage, zéro climatisation et zéro système de ventilation mécanique. Le low-tech sera privilégié, et des espaces partagés seront créés. Enfin, le bâtiment frugal sera « généreusement augmenté d’espaces extérieurs pour vivre la chaleur et le confinement. » 42 points composent ce futur référentiel, dont 22 obligatoires sur tous les nouveaux permis de construire. « Le reste permettra d’obtenir un classement de une à trois étoiles, pour le bâtiment le plus frugal », précise l’adjoint au maire.