Nurea lève 1M€ pour prévenir les accidents cardio-vasculaires - Premium

En France, 3 millions d’accidents cardio-vasculaires sont comptabilisés chaque année, engendrant 160.000 décès. Partant de ce constat, Florian Bernard et Romain Leguay ont créé, en 2018, la startup Nurea. Une jeune pousse, « spin-off » de l’INRIA (Institut de recherche en sciences et technologies du numérique), qui développe un logiciel d’analyse d’imageries médicales. « Nos premières applications concernent l’imagerie scanner, présente Florian Bernard, président de Nurea. Pour fournir de manière automatique, rapide et fiable, les informations dont les médecins ont besoin – radiologues ou chirurgiens vasculaires. Dans leur prise de décision, leur diagnostic, leur stratégie thérapeutique et le suivi du patient. » Aujourd’hui, les informations nécessaires pour la prise en charge des patients sont collectées manuellement par les médecins, durant dix à quinze minutes en moyenne. « La quantité de données que l’on fournit équivaut à près de deux heures de travail, reprend Florian Bernard. Sauf que notre logiciel le fait en trois minutes. » Objectif marquage CE Après plusieurs années de R&D, une première version du logiciel est sortie au printemps 2021. Une version de recherche, car Nurea n’a pas encore obtenu son marquage CE. La jeune pousse travaille ainsi avec une dizaine de centres à travers le monde, en Europe, en Amérique du Nord ou encore au Brésil ; ce qui lui permet de dégager un premier chiffre d’affaires. Et pour accélérer, les deux fondateurs viennent de boucler leur premier tour de table d’un million d’euros. Auprès de Paris Business Angels, de business angels individuels, du Bpifrance et du fonds Technostar. « L’objectif, avec cette levée de fonds, est d’aller chercher notre premier marquage CE, détaille Florian Bernard. C’est un très gros morceau, cela fait plus d’un an que l’on demande un rendez-vous mais il y a un embouteillage énorme, depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux [NDLR, le MDR, medical device regulation, est entré en vigueur le 26 mai 2021]. »Pour aller plus loin : Dans la santé, l’innovation face aux contraintes réglementaires (3/4) En parallèle, Nurea veut obtenir l’équivalent du marquage CE américain, auprès de la FDA [NDLR, l’administration américaine des denrées et des médicaments]. « Puis nous allons commencer à structurer la partie commerciale, et à aller chercher des partenaires pour déployer notre logiciel. Aussi bien des contrats en direct avec des hôpitaux, que des partenariats avec des éditeurs de logiciel, des constructeurs d’imagerie ; car notre solution vient s’intégrer aux outils déjà existants. » Le modèle économique de l’entreprise, lui, est hybride. Le prix dépend du volume d’examens traités, mais est lissé sur 12 mois, pour se transformer en licence annuelle. Un déploiement tourné vers l’international L’objectif, en 2023, est de compter 20 à 30 centres en Europe, utilisant la technologie de Nurea dans leur routine clinique. Si aujourd’hui la France représente deux-tiers de son activité en termes d’études cliniques, la jeune pousse aimerait transformer ces liens en contrats commerciaux, même si ces cofondateurs ne sont « pas très optimistes ». « On aimerait garder la France comme base de recherche et d’études cliniques, car on a des gens très compétents et des hôpitaux à la pointe, comme le CHU de Bordeaux. Mais pour l’activité économique, on sait que ce sera très compliqué et que nous nous développerons un peu plus en Angleterre, aux Etats-Unis, concède Florian Bernard. Il y a plus d’argents outre-Atlantique, les gens ont moins de problèmes à utiliser de nouvelles solutions et à prendre quelques risques. Nous avons signé des contrats commerciaux aux Etats-Unis en moins de six mois, là où en France, nous mettons la plupart du temps plus d’un an pour avoir un simple accord pour une étude clinique. » Pourtant, Nurea ne compte pas partir de France, et encore moins de l’écosystème bordelais, qui lui a permis de se développer – la startup a été incubée chez Unitec et Bordeaux Technowest. « Il y a beaucoup de compétences sur le territoire, que ce soit au CHU ou ailleurs. Mais il est évident qu’à moyen terme, voire en 2023 selon notre trajectoire de développement, nous pourrions ouvrir des filiales en Amérique du Nord, plutôt pour la partie commerciale. » En matière de R&D, Nurea pense déjà à l’avenir. Les équipes – 11 salariés -, travaillent notamment à l’intégration de modèles prédictifs, qui pourraient aider les médecins sur la compréhension des risques : faut-il opérer ou non ? « On ne peut pas donner toutes les réponses, mais on peut donner un certain nombre d’indications », précise le cofondateur. Aujourd’hui, la technologie de la startup couvre trois grandes zones anatomiques ; la partie basse du cerveau (les carotides), l’aorte et les vaisseaux et artères descendant dans les jambes. Nurea veut ainsi élargir sa gamme en traitant les coronaires, et pourquoi pas aussi, utiliser d’autres modalités d’imagerie, comme l’IRM ou l’échographie.NureaBasée à Bègles11 salariésCA ; n. c.

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