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Métiers 2030 : vers « une demande croissante de métiers plus qualifiés » dans l’industrie

Écosystème
vendredi 03 juin 2022

Nicolas Foucard, président de l'UIMM Gironde. Crédits : UIMM

Dans une étude publiée au premier trimestre 2022, la direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dresse un panorama des métiers qui recruteront, à horizon 2030. Les métiers de l’industrie devraient ainsi se redresser, « inversant la tendance baissière des années passées ». Pour Placéco, Nicolas Foucard, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie de Gironde (UIMM), revient sur les défis qui attendent ces secteurs d'activité.

Selon la Dares, 45.000 postes dans les métiers de l’industrie devraient être créés entre 2019 et 2030. Qu’en pensez-vous ?
C’est un sujet sur lequel on apporte une attention particulière, que ce soit au niveau industriel ou métallurgique, à l’échelle nationale comme locale. Il faut néanmoins être prudent, car ce que l’on se dit aujourd’hui n’aurait pas forcément été vrai avant le Covid-19, et pourra être différent après la guerre en Ukraine. Selon moi, trois grands défis s’imposent au monde industriel aujourd’hui, et plus particulièrement à la métallurgie. L’ancrage territorial et la mondialisation d’abord. Il faut relever le défi de l’ancrage territorial, les Français sont convaincus que la disparition ou l’absence d’industrie dans une région entraîne une paupérisation de cette dernière… Et en même temps, l’objectif au global est de renforcer la compétitivité européenne face à la concurrence, un peu partout dans le monde. Ensuite, il y a le défi de l’écologie et de la décarbonation avec le besoin de filières de recyclage, les nouveaux matériaux qui arriveront sur le marché, les nouveaux modes de propulsion d’un certain nombre de véhicules à moteur… Enfin, il y a l’innovation et la créativité. Ce sont des éléments qui accompagnent la décarbonation, on n’y arrivera pas sans progrès technologique et ça passe par l’innovation.

Et ce sont ces nouveaux enjeux qui généreront ces nouveaux emplois…
Cela générera surtout, dans les années à venir, une demande croissante de métiers plus qualifiés. On monte dans les chaînes de compétences. Le quatrième défi auquel l’industrie sera confrontée est nécessaire pour accompagner les trois premiers, il s’agit d’accompagner ces compétences. D’attirer les collaborateurs, d'aller chercher les salariés dans des secteurs différents de ceux habituels. Notamment des demandeurs d’emploi, en transformant des formations existantes pour les adapter aux publics qui ont d’autres compétences et qui pourraient rejoindre le monde industriel. Il y a un vieil exemple, typiquement, dans l’industrie mécanique. Il y avait un certain nombre de métiers dans lesquelles les couturières avaient une dextérité telle, qu’elles étaient extrêmement compétentes une fois leur reconversion faite. Également, il faut faire confiance aux plus jeunes et notamment les moins de 30 ans, en leur confiant des responsabilités qu’on met plus de temps à leur confier actuellement.

« On ne pourra pas reconquérir tous les secteurs »

Est-ce difficile, en 2022, de recruter dans les métiers industriels ?
Avant la crise sanitaire, on commençait à avoir des difficultés pour trouver un certain nombre de postes dans les domaines de la maintenance, du soudage, de la chaudronnerie… Le Covid-19 est passé par là, et fort heureusement, au travers de mesures, on a pu préserver un certain nombre de compétences et éviter des difficultés. Pour autant aujourd’hui, cela redevient extrêmement compliqué, dans l’industrie mais pas seulement. Cette situation est accentuée par des problématiques de mobilité, de prix des carburants, de difficultés de circulation pour Bordeaux…

On parle beaucoup de souveraineté, depuis 2020, dans plusieurs secteurs d’activité comme l’industrie. Que faut-il faire pour l’atteindre ?
On ne pourra pas reconquérir tous les secteurs, notamment ceux qui ne sont aujourd’hui plus suffisamment dotés ou structurés, au niveau national comme européen. Cela prendrait beaucoup de temps, et nous ne sommes pas toujours à la même vitesse que la politique. Par contre, s’il y a une constance durant 10 ou 15 ans, sur la volonté de réindustrialiser le territoire, on y arrivera peut-être. Mais les activités que ne sont plus assez présentes en France le sont dans d'autres pays qui se sont donné les moyens, sont compétents dans leur domaine et ne vont pas nous laisser rattraper notre retard. On a beaucoup parlé de l’électronique, aussi, secteur sur lequel il y a des questions de souveraineté. Je pense qu’il faut également être vigilant sur le secteur automobile, car il y a une double crise. De volumes d’une part, et de révolution en termes de motorisation, avec toute une chaîne de sous-traitance qui sera particulièrement bousculée dans les prochaines années. Lorsqu’on parle de transition environnementale il faut faire attention, se donner du temps. Il y a certaines choses qui, même avec la meilleure volonté du monde, ne se font pas comme ça.

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