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L'association Lazare s'implante à Bordeaux et cherche des partenaires

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jeudi 24 juin 2021

Lazare a déjà ouvert plusieurs colocations en France - Crédits : Louise Vittori

Faire vivre d’anciennes personnes sans domicile fixe en colocation avec de jeunes actifs, c’est la mission que s’est donné Lazare. L'association ouvrira en septembre son premier lieu de vie à Bordeaux, et espère fédérer des entreprises locales pour se développer et poursuivre ses projets.

Dès septembre prochain l’association Lazare s’implantera à Bordeaux. Depuis 2011, ses bénévoles développent et animent des appartements partagés entre de jeunes actifs et des personnes ayant vécu à la rue. « Les lieux de vie sont non-mixtes, précise Arthur Fouan, responsable de la future maison bordelaise avec son épouse Sibylle. La plupart des personnes sans domicile fixe se sont retrouvées dans cette situation après un problème de cœur, familial, un divorce ou un abandon. Vivre en mixité pourrait raviver des douleurs. » Chaque espace Lazare est composé d’une ou plusieurs colocations partagées, ainsi que d’un appartement pour la famille responsable du site, et un espace de vie mixte, ouvert à tous.

Aujourd’hui l’association compte huit maisons à Lille, Nantes, Angers, Toulouse, Lyon, Valence, Bruxelles et Madrid. « Dans les six mois qui viennent nous ouvrirons Bordeaux, Marseille et Rennes », complète Arthur Fouan.

Une ouverture place Saint-Martial

Dans le Port de la Lune, le site de Lazare se trouvera au cœur des Chartrons, place Saint-Martial. La Ville leur met à disposition un hôtel particulier dont elle est propriétaire, qui accueillera les futurs habitants sur trois niveaux. L'un des appartements comptera 10 hommes, l'autre logera 6 femmes. « Souvent ce sont des concessions, en l’occurrence pour Bordeaux nous bénéficions du bâtiment à titre gracieux, détaille Aliénor de Sentenac, responsable communication de l’association. Et d’ici deux ans nous ouvrirons un second lieu en ville, construit par le bailleur social Aquitanis. »

Dans chaque colocation la moitié des locataires sont des anciens sans domicile fixe, l’autre moitié des jeunes actifs, engagés pour une durée d’un an. « C’est important que les jeunes aient un emploi, un service civique, poursuit le responsable du site bordelais. S’impliquer dans une association peut prendre du temps et nous ne voulons pas qu’ils mettent leur vie professionnelle entre parenthèse. » D’ailleurs Lazare ne se substitue pas aux assistants sociaux, aux psychologues ou à tous les professionnels œuvrant pour les personnes en situation de précarité. « Souvent ils ne s’en sortent pas car malgré les services sociaux, ils manquent principalement de chaleur, de vie fraternelle. Nous, nous leur offrons un foyer car c’est plus facile de s’en sortir quand on est attendu le soir pour diner, quand on dort au chaud et qu’on a un projet de balade le week-end suivant avec ses colocataires. »

Trouver des financements auprès d’entreprises

Une fois la colocation en place chaque colocataire paye un loyer, qu’il soit issu de la rue ou non. Car l’une des premières actions des bénévoles, c’est aider les bénéficiaires à régulariser leurs droits sociaux comme le RSA. « Ce n’est pas un gros loyer, reprend Arthur Fouan. Une centaine d’euros sur les 500 euros du RSA, ainsi qu’une participation financière aux frais de nourriture oscillant entre 60 et 80 euros par mois. Cela signifie qu’après paiement des charges, il reste entre 200 et 300 euros à la personne pour vivre, à mettre de côté. A partir de ce moment elle peut rebondir, chercher un emploi ou au minimum un engagement associatif dans le quartier. »

Pour créer une nouvelle maison, en construction ou rachat, Lazare reçoit des dons de particuliers ou de fondations d’entreprises. « Il y a peu de temps nous avons lancé une campagne de financement participatif sur Ulule avec la fondation Monoprix pour la colocation des femmes à Angers, poursuit Aliénor de Sentenac. Nous avons récolté 8.000 euros pour réaliser d’importants travaux. »

Une campagne de com qui a cartonné

Il y a une semaine, Lazare a lancé sur ses réseaux sociaux une vidéo satirique. Les colocataires y sont filmés, reprenant le langage « startup nation » : concept disruptif, « skills », deep learning positif, tout y est. « Nous voulions faire réagir le domaine économique, les startups », en rigole la responsable communication. Objectif atteint car la vidéo a presque atteint les 700.000 vues, et est même remontée jusqu’aux oreilles d’Emmanuel Macron… Qui a commenté le post sur LinkedIn.

« Notre association a pour objet la rencontre, martèle Aliénor de Sentenac. Faire se rencontrer des milieux qui n’auraient pas dû se rencontrer, au-delà des maisons. Que les gens aient envie de s’impliquer, que des patrons nous invitent pour témoigner dans leur entreprise… Nous voulons que l’ensemble de la société puisse bénéficier de cette expérience, abolir les barrières sociales. » Lazare est ainsi constamment en recherche de fonds comme de colocataires. Suite à la vidéo parodique le gérant du magasin Ikéa de Nantes a proposé pour 30.000 euros de meuble à l’association, et la chaîne de restaurants Pitaya à Bordeaux offrira les repas pour la soirée d’ouverture en septembre. « A chaque fois ce sont de vrais coups de pouce pour nous », conclut la responsable de la communication.

Lazare
www.lazare.eu

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