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La monnaie locale de Gironde, la miel, sera accessible sur smartphone en 2021

Engagement
mercredi 05 mai 2021

Les bénévoles espèrent créer un emploi pour professionnaliser l'association cette année - Crédits : Association Miel

Depuis 8 ans, il est possible de payer dans certains établissements de Gironde en miel, une monnaie locale. Si aujourd’hui moins de 30.000 euros convertis en miel circulent sur le territoire, l’association qui gère cet outil espère une forte accélération cette année avec la numérisation de la monnaie – et la possibilité de payer avec son smartphone.

Depuis 2010, l’Hexagone voit fleurir un peu partout des monnaies locales. Complémentaires et adossées à l’euro, elles ne peuvent être utilisées que sur un territoire restreint. Aujourd’hui 80 monnaies existent en France et depuis 2013, une partie de la Gironde a vu arriver la Miel – monnaie d’intérêt économique locale. D’abord créée à Libourne, elle s’est diffusée dans l’Entre-deux-mers, le Sud-Gironde, Saint-Loubès, Saint-Médard-en-Jalles et depuis 2016 sur la métropole bordelaise.

« A l’origine d’une monnaie locale, il y a un groupe de personnes qui échangent, qui veulent se réapproprier la monnaie, présente le coprésident de l’association éponyme, Yannick Lung. On ne peut utiliser la Miel que sur les territoires l’acceptant, chez des professionnels ayant signé la charte de notre association. Et surtout, tous les commerçants ne peuvent adhérer. » Cet outil économique se base sur trois orientations : l’achat local, l’environnement et l’engagement citoyen. « Les produits ou services vendus par les professionnels doivent valoriser le circuit-court, les produits écologiques ou éthiques ».

Quelques principes de base

Obligatoirement créées par une association, la Miel comme les autres monnaies locales sont strictement encadrées. Entre autres règles, elles doivent être gérées par une structure de l’ESS (économie sociale et solidaire) dont le but quasi exclusif est la gestion de cette monnaie. « Une Miel équivaut à un euro, reprend Yannick Lung. Pour en acquérir, les particuliers doivent se rendre dans un comptoir de change, c’est-à-dire à l’association elle-même ou chez un professionnel acceptant le change. A l’inverse, les particuliers ne peuvent pas récupérer des euros avec leurs miels. Car le but premier, c’est de faire circuler cette monnaie et non de l’épargner. »

Jusqu’à l’année dernière la miel était une monnaie fondante, c’est-à-dire qu’elle perdait 2% de sa valeur tous les six mois pour inciter ses usagers à la faire circuler, mais l’association y a renoncé pour simplifier le procédé. Les billets sont ainsi imprimés selon la demande des adhérents. « Nous ne sommes pas dans une logique de raréfaction », insiste le coprésident. En fin d’année 2020 moins de 30.000 euros étaient ainsi convertis en miel. Une somme relativement faible en comparaison avec certaines autres monnaies : « Au pays basque par exemple, l’eusko compte environ 2 millions d’euros en circulation. Dans des villes comme Lyon ou Clermont-Ferrand, on avoisine les 200.000 euros. »


Les bénévoles impriment des billets de miel selon la demande des usages - Crédits : Association Miel

2021, année de la relance

Pour adhérer à la miel, il ne faut pas forcément être commerçant. Aujourd’hui sur les 200 professionnels répartis en Gironde (dont une centaine sur la métropole bordelaise), plusieurs secteurs d’activité sont représentés comme des experts-comptables, des kinésithérapeutes… Toutes structures réalisant des échanges monétaires, même si la plupart sont des commerces, alimentaires notamment. Les particuliers utilisant la monnaie, eux, sont au nombre de 500. « A Bordeaux, un groupe préparait le lancement d’une monnaie locale en 2016 mais tous ses membres n’étaient pas d’accord pour adopter la miel. Durant plusieurs années il n’y a pas vraiment eu de dynamique de groupe, ce qui a limité son déploiement. »

En 2021, l’association a pour objectif de rattraper le retard accumulé durant les dernières années. Ainsi d’ici la fin de l’année, la miel passera au numérique. Selon le coprésident, une dizaine de monnaies locales en France ont aujourd’hui franchi ce palier, qui nécessite d’informatiser entièrement le système de gestion de la monnaie. A terme, les usagers pourront payer avec leur smartphone. « Cela permet la multiplication des échanges, notamment entre professionnels. L’usage de la miel sera simplifié et il sera possible de d’effectuer des virements de compte à compte. »

Une demande de subvention régionale

L’association espère pouvoir créer un emploi cette année. Aujourd’hui seuls des personnes bénévoles font vivre le projet, et l’embauche d’un salarié faciliterait le travail de prospection, de développement. Yannick Lung mise aussi sur l’adhésion de collectivités locales comme la ville de Bègles. « Ils sont adhérents depuis décembre dernier, et on travaille actuellement ensemble pour voir comment diffuser la miel sur la commune. Ce n’est pas toujours simple juridiquement, et cela prend parfois du temps. » Surtout, la structure n’a jamais perçu de subventions. Avec cinq autres monnaies locales de Nouvelle-Aquitaine, elle a récemment déposé une demande d’aide auprès de la Région pour financer la numérisation.

« Nous n’avons aucun objectif chiffré pour 2021 car nous sommes en train de nous restructurer, précise le coprésident. Lancer une monnaie locale, arriver à l’autonomie financière, cela prend une dizaine d’années. C’est un travail de longue haleine, encore plus dans le contexte actuel. »

A découvrir vendredi 7 mai sur Placéco : Les projets de Bordeaux autour de la miel. 

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