Agriculture : la réforme de l'assurance satisfait Luc Servant, président de la Chambre régionale - Premium

C’est un bilan intermédiaire mitigé, que présente ce mardi 21 septembre Luc Servant, président de la Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine. L’hiver pluvieux, le printemps sec et l’été gris ont évidemment joué sur les récoltes des producteurs régionaux, et si la pluie a permis de consolider les stocks de fourrages pour les éleveurs, du côté des céréales, « nous enregistrons une récolte moyenne mais hétérogène », selon Luc Servant. Les inquiétudes du président de la Chambre portent sur les vignes, les fruits et les légumes. « L’impact du gel a été très fort et marqué, avec des pertes de productions conséquentes, poursuit-il. La viticulture enregistre une perte de 10 % pour le cognac, jusqu’à -30 % autour de Bordeaux. Quant aux productions du sud-ouest comme la prune, c’est entre 70 et 90 %, parfois même 100 % de pertes. » Une bonne nouvelle cependant : la hausse des prix « assez forte » pour les céréales et les oléagineux, due à une augmentation de la demande mondiale, surtout chinoise, et une baisse de la production, notamment en Russie ou en Amérique du Nord. « On sent que le marché se tend, ce qui augmente les prix », reprend Luc Servant.Réforme du système assurantiel Pour le président de la Chambre régionale d’agriculture, l’inquiétude se porte plus largement sur les événements climatiques « de plus en plus forts et violents ». « Il n’y a pas une année sans qu’on ne subisse un aléas ». L’enjeu, pour l’organisme consulaire, est de maintenir son accompagnement auprès des exploitants, pour les rendre plus résilients économiquement. Cela passe, entre autres, par le système assurantiel du secteur. « Le dispositif en vigueur aujourd’hui ne répond plus aux problématiques agricoles, car il n’est pas fait pour des pertes importantes », explique Luc Servant. Cet été le gouvernement a annoncé une réforme de l’assurance, avec 600 millions d’euros alloués chaque année par l’Etat pour aider les agriculteurs victimes de calamités climatiques. « Cela répond à nos attentes, certifie le président de la chambre régionale. Maintenant, il faut voir à quelle échelle la réforme va s’appliquer et si les agriculteurs vont y souscrire. » En France, seulement 20 % des professionnels du secteurs sont couverts par une assurance, une proportion identique à l’échelle néoaquitaine.Innover pour demain Si le premier volet concerne directement l’aide aux agriculteurs pour pallier les pertes liées au climat, les deux autres rejoignent pour partie le plan d’actions de la Chambre d’agriculture. Il s’agit notamment de rechercher de nouvelles productions. « Il est impératif de diversifier les exploitations aujourd’hui, martèle Luc Servant. Car n’avoir qu’une production est trop risqué. Il faut relancer des filières de légumineux, de protéagineux à l’échelle locale pour réduire les importations. » Il poursuit, précisant que la France importe de plus en plus. « Notamment les fruits et les légumes, dont l’importation a été doublée en 15 ans. » A cette problématique se mêle également celle autour de nouvelles variétés génétiques, plus résistantes aux accidents climatiques, et autour de la gestion de l’eau. « Il y a une perte de biodiversité et peut-être que l’agriculture en est en partie responsable, mais elle a un rôle important à jouer dans sa reconquête, conclut le président de la chambre consulaire. Dans les cinq ou dix ans à venir nous verrons sûrement apparaître de nombreuses innovations dans ce secteur d’activité, sans doute aussi importantes que pendant l’après-guerre. » Le salon de l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine devrait bien avoir lieu en 2022, et renouer avec les rendez-vous physiques. Une partie digitale sera maintenue pour permettre au plus grand nombre de participer à certains rendez-vous, qui seront également décentralisés pour « illustrer l’adaptation des agriculteurs aux nouvelles contraintes ». A Bordeaux, pour « répondre à la demande des visiteurs », un espace sera dédié à l’exposition d’animaux mais aussi à un marché de producteurs.

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