Lingua Vista : un avatar en langue des signes pour faciliter l’inclusion dans les établissements culturels - Premium

Faciliter l’accès des personnes sourdes signantes aux établissements culturels : c’est la mission que s’est fixée Lingua Vista, une jeune entreprise d’Hendaye. Créée il y a quelques mois, elle propose de traduire en langue des signes, via des avatars 3D, des supports textuels, car de nombreuses personnes sourdes souffrent de difficultés à lire. Derrière la structure, un couple d’entrepreneurs : Marie-Mélissa Moulin et Christian Guevara. Si l’entreprise est très récente, l’idée est née il y a longtemps dans la tête de son cofondateur, originaire d’Amérique du Sud. « Mon frère est né sourd », confie Christian Guevara. « Depuis toujours, je constate les problématiques auxquelles il est confronté. » Ainsi, pendant ses études en « 3D interactive jeux vidéo, développement web et IA », il avait travaillé sur un projet combinant avatar 3D et intelligence artificielle pour traduire la langue des signes. Une solution qu’il avait menée jusqu’à la preuve de concept (POC). Finalement, le projet avait été mis en pause pendant des années, pour travailler sur l’autre société du couple, Onyva Studio, une agence spécialisée dans la création de contenus immersifs et interactifs. Et ce jusqu’au congé maternité de Marie-Mélissa Moulin. « Ce projet a été mis dans le placard, mais c’était le bon moment pour le ressortir », sourit-elle. Un peu de temps et de travail plus tard, le couple lance officiellement la société en novembre dernier, avec pour mission d’apporter une solution qui permette de traduire en langue des signes des textes pour des personnes malentendantes.500.000 personnes avec une surdité sévère en FranceSelon la DRESS, 7 millions de personnes sont sourdes ou malentendantes en France, dont 500.000 qui vivent avec une surdité profonde ou sévère. Autant d'individus qui n’ont pas forcément accès à de nombreux services. De tous les marchés potentiels, Lingua Vista a décidé d’approcher celui de la culture. « Notre objectif, c'est l'inclusion, l’accessibilité et donner leur place aux personnes sourdes », explique la cofondatrice. Une innovation déjà saluée, parce qu’elle a été lauréate de plusieurs concours, comme celui de la Fabrique Aviva dans la catégorie inclusion sociale. Ainsi, la solution développée est basée sur un avatar 3D animé en temps réel, développé de zéro par Christian. Lui n’a pas recours à des intelligences artificielles grand public type OpenAI. Le logiciel capte les gestes en langue des signes grâce à des capteurs enregistrant les gestes réalisés par un traducteur, qui alimentent leur propre base d’entraînement. C’est pour cette raison que les deux associés cherchent leurs premiers « beta » utilisateurs, des espaces culturels prêts à mettre à disposition leurs contenus au logiciel. Le couple veut s’accompagner des services d’un traducteur langue des signes pour traduire ces textes, et entraîner le logiciel sur le modèle de deep learning. À terme, l’objectif est que le logiciel puisse être ensuite totalement autonome, sous vérification humaine. « On veut optimiser le processus de traduction, réduire les coûts et rendre la solution plus accessible. » poursuit Marie-Mélissa Moulin. Chaque établissement pourra utiliser ensuite des QR codes qui accompagneront leurs supports de textes habituels, et qui permettront aux personnes malentendantes de bénéficier d’une traduction en langue des signes, diffusée via un avatar 3D accessible sur smartphone.2.000 établissements d'ici 2030Ainsi, parmi leurs premiers clients, la Cité des Mémoires à Hendaye devrait pouvoir proposer des avatars 3D en langue de signes de leurs supports dès cet été. Pour entraîner leur logiciel, Lingua Vista vise un objectif de 10 établissements pilotes, à terme, elle mise sur 2.000 établissements d’ici 2030. Pour les séduire, les deux entrepreneurs comptent non seulement sur les obligations réglementaires des établissements à recevoir du public à être les plus accessibles possibles (Tourisme & Handicap et les ERP). Mais pas seulement. Pour encourager l’adoption de leur solution par d’autres établissements, les fondateurs misent aussi sur un levier simple mais efficace : la visibilité. « Si tu télécharges l’application, tu verras tous les lieux qui l’utilisent déjà », explique Marie-Mélissa Moulin. Une carte intégrée permettra de répertorier les établissements partenaires, incitant ainsi les visiteurs à les découvrir, et les autres structures à rejoindre l’initiative. Le modèle économique va reposer sur un abonnement payé par l’établissement culturel, quant à l’application utilisateur, elle sera entièrement gratuite. À ce jour, Lingua Vista n’a identifié aucun concurrent direct sur leur solution, mais voit surtout la finalité. « Si quelqu'un développe une solution similaire, tant mieux, l'important, c’est que la communauté bénéficie de ces outils. » souligne l’entrepreneuse. Les deux chefs d’entreprise se projettent aussi déjà dans l’après et aimeraient pouvoir proposer des créations d’avatars pour les lunettes connectées, avec des traductions en LSF via réalité augmentée. « Si on extrapole, on rêve d’avatars en réalité augmentée pour le cinéma ou les gares », conclut la cheffe d’entreprise.

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