Foie gras vegan : Aberyne rentre chez Monoprix, Grand Frais et part à l'assaut des USA - Premium

Le foie gras reste l’un des produits phare sur toutes les tables à l’approche des fêtes de fin d’année. Selon une étude réalisée fin 2021, 91% des Français avaient l’intention d’en manger à cette occasion. Un produit qui fait néanmoins débat et qui est pointé du doigt par certains consommateurs et militants concernant sa fabrication. Si bien que depuis des années, une gamme de « faux-gras » réalisés à partir d’aliments végétaux se développe. Un marché sur lequel s’est lancé lui aussi Mikel Abeberry, un jeune biarrot en 2020. « Pour des raisons de santé, on avait interdit le foie gras et la charcuterie à mon père, puis mon frère est revenu d’Australie végétarien, et ma mère a suivi le mouvement » se souvient avec le sourire le jeune chef d’entreprise. Si bien que ce bon vivant s’est penché sur ce qui existait. « J’ai goûté ce qui était fait en 2020, et c’était pas top». Faute de trouver de quoi le satisfaire dans le commerce, il a décidé de créer sa propre recette.Reproduire les marqueurs du foie gras 800 échantillons et un an de R&D plus tard, il arrive avec une première version de son produit qu’il commercialise à petite échelle. Avec les premiers retours, et l’aide du Basque Culinary Center de Saint-Sébastien, il adapte la recette et revient avec une seconde version, commercialisée depuis la fin d’année 2022. Le résultat est donc un « faux-gras » qu’il vend sous la marque « Foi Green », composé principalement de purée de noix de cajou à plus de 40%, puis de beurre de cacao, d’huile de coco, et de vin de Porto rouge. Il ne mise pas sur un produit qui imite le goût du foie gras, mais qui en reprend plusieurs critères. « On a repris les marqueurs du foie gras, c'est-à-dire une attaque avec de la résistance, le côté fondant en bouche, et un arrière-goût qui reste avec du caractère, et même un trompe-l'œil visuel » détaille le chef d’entreprise. Des matières premières qu’il source principalement en Europe, sauf la noix de cajou qu’il fait venir d’une exploitation de commerce équitable au Burkina Faso. La production, la logistique et le stockage sont réalisés auprès d’un industriel basé à Lasarte au Guipuscoa, qu’il a fait entrer au capital de l’entreprise. « La première année de production, j’avais choisi quelqu’un qui m’avait lâché au dernier moment, et je voulais m’assurer que ça n’arrive plus » insiste Mikel Abeberry. Le « Foi Green » d’Aberyne est commercialisé en ligne, et via des réseaux de distribution dans de nombreuses épiceries en France, en Espagne, et depuis peu en Suisse. La nouveauté, c’est que la société biarrote vient de décrocher deux gros contrats auprès de Monoprix et Grand Frais, pour un rayonnage sur cette période de fêtes de fin d’année. « On fera le bilan en janvier et, si ça a bien fonctionné, on part sur un contrat à l’année » précise-t-il. Un gros contrat, dont on ne connaîtra pas les quantités liées. De quoi en tout cas apporter de la visibilité à ce produit. « Par ailleurs, on mettra des hôtes pour faire goûter le produit aux clients » annonce Mikel Abeberry.Faire goûter pour convaincre Une stratégie de testing particulièrement importante pour le jeune entrepreneur. En effet, sûr de la qualité de ses produits, son argument principal est d’arriver à le faire goûter pour convaincre. « Pour Monoprix, j’ai réussi à me glisser à une réunion mensuelle entre managers de tout le pays pour leur faire goûter, ils m’ont tous validé » raconte le Biarrot. De la même manière, dans un documentaire sur la cuisine vegan, il fait goûter devant la caméra à un chef réputé espagnol, qui valide le produit. Une vidéo disponible sur son site internet, comme une épreuve de la qualité de son produit. Une stratégie qu’il poursuit pour ses développements à venir. En effet, après le marché français et quelques voisins européens, il a décidé de se tourner vers les Etats-Unis. « Là-bas, le foie gras a été interdit d’abord à New York puis en Californie, il peut y avoir un engouement » précise-t-il. « D’autant qu’il n’y a pas de concurrent sur place ». Détenteur de la double nationalité, il s’est rendu sur plusieurs salons de gastronomie où il a été repéré par un distributeur spécialisé. Dans un premier temps, il veut démarcher des épiceries fines, et petit à petit aller chercher des plus grosses chaînes de produits premium en fonction du succès. Pour faire parler de son innovation, il a bouclé une campagne de crowdfunding sur Kickstarter. « On voulait de la visibilité, et des backers qui puissent goûter le produit » poursuit le chef d’entreprise. Pour son « Foi Green », Aberyne mise sur une clientèle principalement citadine, ouverte à la consommation de produits premium. En effet, il commercialise ses produits à presque 17 euros le lingot de 175g, soit deux à trois fois plus cher que certains de ses concurrents. Un choix assumé. « Je ne veux pas me démarquer sur le prix, mais sur la qualité du produit » précise Mikel Abeberry. Après des fêtes de fin d’année, il espère connaître une croissance de vente toute l’année. « C’est un produit qu’on peut consommer pour des mariages, des séminaires, de grands événements » espère l’entrepreneur. Par ailleurs, il mise sur un grand succès de son opération outre-Atlantique qui est moins sujette à « la saisonnalité du produit ». Après les USA, l’entrepreneur veut aussi tenter sa chance en Asie. « Je vais aller tester le marché au printemps au Japon, en Chine et peut-être à Singapour » précise-t-il. Pour développer ses affaires, il veut aussi se tourner vers le marché de la restauration. D’ici fin 2024, il espère avoir écoulé 50.000 unités de son produit. Aberyne Créée en 20207 rue Jeanne d’Arc, 64200 Biarritz 1 salarié CA : NCAberyne propose trois produits différents de sa gamme de Foi Green. Crédits : Aberyne.

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