Crise interne à Enargia : « On va avoir une réflexion sur la gouvernance » - Premium

Le ton est monté ce samedi à l’assemblée générale d’Enargia. La SCIC, qui fournit de l’énergie verte au Pays basque, a connu en ce début d’année une crise interne importante. Plusieurs épisodes ont jalonné ce feuilleton autour de la gouvernance de la coopérative. Au bout du compte, le directeur général Patxi Bergara a été révoqué de ses fonctions. Les salariés l’ont soutenu et ont fait grève avant d’être mis en arrêt maladie. Ce samedi, après avoir été d’abord ouverte à tous, l’assemblée générale s’est tenue à huit clos. De ce que Placéco a pu vérifier, les discussions ont été vives entre l’ex-directeur général, les salariés et le président du conseil d’administration. Mais au bout du compte, l’assemblée générale a pu se poursuivre, en présentant les différents chiffres. Après une année impactée par une crise mondiale de l’énergie, la situation revient doucement à la normale. Le chiffre d'affaires est en hausse, à 15 millions d’euros l'an passé. Une année particulièrement marquée par une quantité importante d’énergie achetée, avec une plus faible consommation clientèle. « 55% de l’énergie a été revendue sur le marché » est-il précisé dans la présentation. Malgré une marge brute négative, la SCIC fait état de bénéfices de plus de 230.000 euros. Crise énergétique, crise interne, on a pu échanger sur la poursuite de l’activité d’Enargia avec Iban Lizarralde après l’Assemblée générale. Qu’est-ce qu’il ressort de cette Assemblée générale tendue ?Iban Lizarralde : Oui, effectivement, il y a eu des moments de tensions, mais bon, c'était déjà prévu à l'avance qu'on prenne le temps d'échanger et d'essayer de mettre les différents points de vue sur la table. Donc c'était le cas, on a pris le temps qu'il fallait. Mais à la fin, comme on dit, ce sont les sociétaires qui ont le dernier mot. Donc les sociétaires ont pu voter, et ils ont donné confiance au conseil d'administration actuel et donc le conseil d'administration va continuer son travail entamé jusqu'à maintenant.Il y a aussi du changement au conseil d’administration, concrètement, qu’est-ce qui va changer dans la gouvernance ?Donc effectivement, ce qui a été décidé, c'est qu'il va y avoir des groupes de travail qui vont être créés à partir de maintenant. Avec la présence de tous les sociétaires qui souhaitent participer. On aura plusieurs échéances en 2023, 2024, 2025. Et donc dans ces groupes de travail, il y en a un point qui est lié à la gouvernance. Donc, on va avoir une réflexion par rapport à la gouvernance actuelle et se poser la question de comment fonctionne le conseil d'administration, quel type de direction on souhaite, comment trouver un équilibre entre les conseils d'administration et la direction. Donc toutes ces questions vont se poursuivre et on va inviter également des membres d'autres coopératives pour qu'ils puissent témoigner de leur organisation. Le prochain rendez vous, ce sera le 5 octobre, où on va organiser la fête de l'énergie. Ça sera un moment pour partager avec les autres acteurs du monde de l'énergie. Et ça sera le moment aussi pour que les sociétaires commencent à travailler dans les groupes de travail, ça sera le tout premier rendez-vous. Donc une fois qu'on a lancé ce travail, à la fin, le but sera de revoir les statuts. On travaille aussi avec des experts juridiques qui amèneront à une nouvelle version du règlement intérieur et une nouvelle version pour les statuts. Et donc tout ça sera proposé à la prochaine assemblée générale et ça sera la fin de ce processus avec la validation de ce nouveau statut si les sociétaires sont d'accord.La situation des salariés a été évoquée, qu’en est-il ?Il y avait cinq salariés à la fin de l'exercice 2023. Aujourd'hui, il y en a quatre qui ont voulu s'exprimer et donc ils ont eu un temps de parole. Un a annoncé qu’il a effectivement quitté la structure. Il y a un autre qui a annoncé que pour l'instant, il ne souhaite pas une rupture conventionnelle, mais qui compte partir. Et il y a deux autres qui ont annoncé souhaiter négocier une rupture conventionnelle et qui souhaitent partir. En parallèle, on a présenté à l'assemblée générale les nouveaux salariés qui travaillent actuellement. Donc il y a plusieurs CDI qui ont été embauchés. Et il y a également une personne qui est arrivée récemment, qui est en CDD. Aujourd'hui, il y a une équipe en place et on a trouvé de nouveau un fonctionnement normal.Le nouveau directeur général a également été présenté…Oui, et ce nouveau directeur général a présenté à l'assemblée générale la réorganisation de la direction. Le directeur général actuel souhaite proposer au conseil d'administration un comité de direction composé de quatre personnes. Il a exprimé son souhait d'enlever ce poids du rôle du directeur général qui est concentré en une seule personne. On va créer ce groupe de quatre personnes paritaires et ça fera partie de ce processus qu'on démarre aujourd'hui à l'assemblée générale. Et avec les nouveaux statuts, on verra ce que décident les sociétaires.« Tous les indicateurs sont au vert » Quel impact de cette crise interne rendue publique pour l’activité d’Enargia ?Non, au contraire. Nous, on est très contents parce que depuis le début de l’année 2024, on constate qu'il y a plus de sociétaires qui sont rentrés dans la coopérative que ceux qui l'ont quitté. Grâce au travail de tous les sociétaires, l'activité économique n'a pas été impactée. Donc, aujourd'hui, on a montré à l'assemblée générale que la santé financière de la coopérative est très bonne et on a des perspectives très positives. Avec les nouveaux clients qui arrivent, les nouveaux sociétaires qui arrivent aujourd'hui, on a tous les indicateurs au vert. On va avancer.La crise interne qui s’est ajoutée à la crise mondiale de l’énergie. Vous êtes rassurés là-dessus ?Non pas rassuré. Ce n’est que mon opinion personnelle, mais je ne pense pas que, contrairement à ce qui est dit par certains, c'est une crise conjoncturelle. Moi, je pense que c'est une crise structurelle du monde de l'énergie mondiale. Donc on va vivre d'autres hauts et bas. L'assemblée générale de l'année dernière était centrée sur cette crise mondiale normale. On a vu les prix exploser. On a vu aussi un marché qui était complètement emballé. Donc nous, on a rappelé aujourd'hui que la coopérative a comme objectif de développer des circuits courts de l'énergie au Pays basque et de garder une indépendance des sept marchés électriques qui n'est pas du tout fiable, qui s'emballe tous les quatre matins. Et donc on dit que c'est possible de développer nos propres moyens de production d'électricité et de travailler aussi dans le domaine thermique. Et si on développe tous ces moyens, on va réussir à atteindre une autonomie qui nous permet d'être complètement indépendants du marché électrique. Ce qui veut dire que non seulement du point de vue environnemental, mais en plus d'un point de vue économique, c'est très intéressant parce que justement, on ne dépend pas de toutes ces crises au niveau mondial. Quand il y a une guerre qui éclate ou quand il y a des il y a des spéculateurs qui jouent dans les marchés de l'énergie, si on développe nos propres moyens de production, on restera indépendant de toutes ces pratiques et donc on pourra maîtriser et les coûts et l'impact environnemental de nos activités énergétiques.La crise interne et la crise énergétique mondiale n'impactent-elles pas la pérennité de la société ?Non, aujourd'hui au niveau crise mondiale, il y a une période d'accalmie, on va dire. Donc on a des indicateurs qui sont plutôt positifs, avec un prix des marchés électriques aussi qui s'est calmé. Et la crise interne, comme je disais tout à l'heure, mais on a eu une réponse des sociétaires vraiment incroyable, des gens qui sont venus travailler avec nous et grâce à ça, on a pu continuer à offrir un service de qualité et donc on continue à facturer et la coopérative continue avec une activité économique normale.Avant de fermer les portes aux non-sociétaires, l'assemblé générale d'Enargia a été sollicitée à plusieurs reprises. Crédits : Anthony Michel

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