Bidart : les cartes professionnelles C2A à l’assaut du marché italien

« On n’est pas la régie Renault » sourit Gilles d’Huiteau, président de C2A. Reste que la société lancée en 2010 et ses 14 salariés poursuit sa croissance dépassant en 2022 les 11 millions d’euros de chiffre d’affaires. L’année 2023 est une année charnière pour l’entreprise spécialisée dans l’édition de cartes bancaires à destination des entreprises puisqu’elle se lance officiellement sur le marché italien, avec depuis début janvier 200 stations essence partenaires.

En effet C2A est un organisme agréé par la Banque de France, et peut donc émettre des cartes Mastercard en B2B, à destination des collaborateurs d’une société. « On s’est positionné sur un marché de niche qui est l’approvisionnement en carburant » détaille Gilles d’Huiteau. Car si la société propose aux chefs d’entreprise d’activer la possibilité aux salariés de payer pour leurs prestations (restaurant, hôtel, etc.), la société mise surtout sur l’achat de carburant. Après un récent partenariat avec le pétrolier Repsol en Espagne, C2A compte désormais 5.000 stations essence raccordées. De cette manière, la société promet à ses clients une ristourne à la pompe, ainsi qu’une facturation via les entreprises partenaires.

La société de Bidart adresse un marché européen. Présente en France, mais aussi en Slovénie, en Autriche et en Espagne, la société compte 500 clients et 8.000 cartes bancaires actives. C2A adresse deux marchés de niche, celui des transports de la logistique avec une carte « Truck » et celui des commerciaux, installateurs, flotte et mobilité, avec une carte « Flex ». Actuellement, la carte Truck constitue 70 % de l’activité, contre 30 % pour la Flex.

Stratégie d'expansion à l'Italie

Mais aujourd'hui, la société veut désormais se développer en Italie. Après plusieurs années de préparation, C2A débarque sur la Botte. Pour les accompagner, la région Nouvelle-Aquitaine leur a accordé une subvention de 100.000 euros. Une pénétration de marché pas évidente avoue le chef d’entreprise. « On a mis trois ans à trouver des solutions », du fait de devoir faire fonctionner une carte bancaire connectée à l’étranger. « Ça passe par un terminal bancaire, la station essence doit vous répercuter trois informations que vous n'avez pas, c'est-à-dire le prix au litre, le volume et la catégorie de produits (essence, super, sans plomb) et c’est très compliqué parce qu’il y a beaucoup de données techniques qu'il faut mettre en place, donc il faut travailler avec les opérateurs » détaille Gilles d’Huiteau. Il a donc fallu adapter les logiciels, mais aussi se mettre en conformité concernant la TVA italienne. Actuellement, la société compte 200 stations, et vise les 500 en Italie. Et pour se développer, C2A met les bouchées doubles en travaillant sur le marketing. « Nous avons financé un projet marketing auprès d’une entreprise italienne qui va notamment utiliser les réseaux sociaux, on a aussi fait un site internet en italien, une newsletter, etc. » précise Gilles d’Huiteau.

Et le marché de la carte professionnelle est très concurrentiel, avec de grands groupes comme Total Energies ou Esso, « des mastodontes » ajoute Gilles d’Huiteau. Alors pour se différencier, la société mise d’abord sur le prix, avec un coût d’abonnement mensuel à 1,30€ /mois par carte. Il propose aussi les services de Negometal, une société angloye qu’il a présidée, qui permet de récupérer les TVA étrangères. Mais pas seulement, la société de Bidart diversifie aussi ses services à ses clients, en leur proposant par exemple sur leur site la possibilité de réserver des parkings en ligne, ou même des ferries. Elle met aussi à disposition une application sur laquelle les clients peuvent consulter les stations essence partenaires les moins chères, ou encore proposer aux chefs d’entreprise de consulter les différentes dépenses en direct de leurs collaborateurs.

Par ailleurs, C2A propose aussi une assurance chauffeur intégrée dans la carte, qui prévoit le rapatriement du conducteur en cas d’accident. « Ça permet d’assurer la sécurité des chauffeurs, et ça permet donc de garder des chauffeurs, alors qu’il y a un gros problème de recrutement dans le monde du transport » souligne Gilles d’Huiteau.

Objectif de rentabilité en 2024

Concernant le modèle, le gros de l'activité provient de chaque transaction réalisée avec la carte, et des remises fournisseur à la pompe, dont seulement une partie et cédé au client. 

Après des années COVID assez compliquées, « on reprend des clients » souligne le chef d’entreprise. Après un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros en 2021, la société atteignait les 11 millions l’an dernier sans pour autant être rentable. « Nous avons énormément d’investissements chaque année » justifie Gilles d’Huiteau, qui espère être dans le positif en 2024. Il prévoit de recruter trois personnes d’ici un an et demi.