La Brasserie du Pays basque inaugure un système de réutilisation de l’eau pour le nettoyage - Premium

Six litres d’eau. C’était en moyenne ce qui était nécessaire jusqu’à aujourd’hui pour la Brasserie du Pays basque pour produire un litre de bière. Demain, il n’en faudra plus que 2 litres d’eau pour 1 litre de bière. C’est le résultat de la mise en service de la station d’épuration XXL conçue pour recycler l’eau usée issue du nettoyage des équipements. « 90 % de notre consommation d’eau est liée au nettoyage », rappelle Olivier Barucq, directeur de la brasserie. En réutilisant cette eau traitée plutôt que de la rejeter dans le milieu naturel, l'entreprise espère économiser près de 3,5 millions de litres d'eau par an.Une station d’épuration inaugurée en grandes pompes ce lundi. En grandes pompes, parce qu’il s’agit d’une première nationale. Car si la réutilisation des eaux usées traitées dans l'industrie existe ailleurs en Europe, elle restait jusqu'ici impossible en France dans le secteur agroalimentaire. Jusqu’à présent, il n’existait aucun cadre réglementaire et les professionnels étaient bloqués par les contraintes sanitaires strictes. « On pouvait nettoyer un sol en extérieur avec de l'eau recyclée, mais jamais une cuve en contact avec les produits », rappelle Olivier Barucq. En lien avec l’ARS, la Dreal et les services vétérinaires, la brasserie a travaillé pendant deux ans et demi à définir un protocole conforme, jusqu'à l'obtention d'un arrêté préfectoral il y a quelques semaines. Mais les travaux n’ont pas attendu l’autorisation. Le chantier a officiellement démarré il y a 18 mois. Le déploiement de cette unité a nécessité l’installation d’équipements techniques lourds, répartis sur 500 mètres carrés du site. L'eau usée est collectée à la sortie de la station, puis dirigée vers une chaîne de traitement comportant plusieurs étapes : nanofiltration, osmose inverse, silos de stockage, systèmes de surveillance automatisée. « L'eau qui en sort est potable même si on continue à brasser avec l'eau du réseau », précise Olivier Barucq. L'entreprise a mis en place un double circuit, qui permet de basculer à tout moment sur l'eau du réseau si un incident est détecté. « Cela fait partie de ce qui a été exigé dans le cadre du protocole avec les instances étatiques » poursuit-il.Anticiper les futures sécheresses Le projet, d'un montant total de 2,5 millions d'euros, a bénéficié d'un cofinancement à hauteur de 50 % par la Région Nouvelle-Aquitaine et l'Agence de l'eau Adour-Garonne. Il n'est pas conçu comme un levier de rentabilité : la brasserie estime le retour sur investissement à 18 ans. « L'eau n'est pas chère aujourd'hui, mais elle va l'être de plus en plus. On a voulu pérenniser notre activité », affirme Olivier Barucq. Et c’est l’une des explications du lancement de ce chantier coûteux, tant au niveau logistique que financier. Ce choix s'inscrit en effet dans une volonté de baisse de réduction de l'empreinte hydrique. « On a eu une sécheresse, avant l'inquiétude de ne pas avoir d’eau un été, ça nous a fait réfléchir » se souvient le chef d’entreprise. « Cette station c’est l’assurance d’être tranquille ». Autre point qui a poussé la Brasserie du Pays basque à se lancer, c’est la nécessité de faire évoluer sa station d’épuration. Jusqu'à présent dimensionnée pour maximum 20.000 hectolitres, la nouvelle station pourra permettre de traiter jusqu’à 60.000 hectolitres par an. Le projet a été porté en interne par une équipe composée notamment de la responsable qualité hygiène environnement, du directeur de production et du responsable maintenance. Aucune modification structurelle n'a été nécessaire dans l'organisation du nettoyage des cuves : les postes sont déjà automatisés. « Cela ne change pas grand-chose au quotidien, mais les salariés sont très impliqués », souligne le dirigeant. Plusieurs formations internes ont permis d’accompagner la mise en route du système. Une embauche est prévue pour la maintenance du système. Par ailleurs, un étage de méthanisation a été ajouté au dispositif pour valoriser les déchets organiques en biogaz. Ils étaient jusqu’à présent envoyés à Pau, ils seront désormais traités sur place, de quoi permettre un petite part d’autoconsommation en gaz. Ce projet précurseur va peut-être créer des émules. « On a plusieurs visites des installations prévues dans les prochaines jours » souligne Olivier Barucq, ravi que la Brasserie puisse servir d’exemple. « Depuis notre brasserie artisanale, on abouti un projet qui va servir de modèle » souligne-t-il. Car son chemin de croix réglementaire va faciliter les démarches pour les autres entreprises de l’agroalimentaire qui souhaiteraient en faire de même. L'arrêté obtenu à Bardos est pour l'instant valable uniquement dans le département, mais pourrait à terme servir de référence pour d'autres régions. Les services de l'État ont suivi de près l'expérimentation. « Aujourd'hui, le modèle existe », conclut Olivier Barucq.

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