Club Résolution #2 - Décarbonation : « La prise de conscience est réelle » - Premium

Ce mercredi, Placéco Pays basque organisait le deuxième Club Résolution pour aborder, décrypter et faire avancer les démarches RSE dans les entreprises du territoire. Un événement réservé aux référents RSE des organisations. Pour ce deuxième numéro, la thématique de la décarbonation a été choisie. La quinzaine de participants a pu assister à un petit journal de la RSE, avant une table ronde animée par Gérald Oger.Il y recevait Ophélie Léonart, consultante indépendante en RSE, et Stéphane Bousquet, directeur général délégué de la SCOP Alkar. Ensemble, ils ont exploré les enjeux, leviers et bénéfices de cette démarche structurante. Extraits. Gérald Oger : D’abord, peut-on clarifier ce que recouvre le terme de « décarbonation » et pourquoi c’est devenu un impératif pour les entreprises ?Ophélie Léonart : Le mot peut faire peur, mais il s’agit simplement de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, principalement le CO₂. Deux enjeux majeurs motivent cette démarche : le changement climatique, qui menace nos sociétés, et la dépendance aux énergies fossiles, dont les ressources diminuent et que nous ne maîtrisons pas localement.« On a écrit nos engagements à travers une vision »Quel a été le déclencheur, chez Alkar, pour vous engager dans une telle démarche ?Stéphane Bousquet : Nous avons lancé cette dynamique en 2018, dans le cadre d’une transition de gouvernance alors que le dirigeant historique prenait sa retraite. En tant que coopérative, il nous fallait construire un projet collectif pour les 10 à 15 prochaines années. On a écrit nos engagements à travers une vision. Et c’est à travers cela que la réduction de notre impact carbone s’est imposée naturellement. D’abord, parce que nous faisons partie du secteur du bâtiment qui représente 25% des émissions totales. Il y a forcément l'aspect réglementaire, mais nous voulions aussi un projet d’entreprise qui suscite l’adhésion chez les collaborateurs.Ophélie, quel niveau de maturité constatez-vous chez les PME et ETI que vous accompagnez ?O.L. : Le type d’entreprises sur le territoire est varié. Il y a quelques pionniers. La prise de conscience est réelle, je n’ai jamais entendu une entreprise dire que ce n’était pas un sujet. Mais la difficulté est par où commencer. On sait qu’on doit y aller, mais on manque souvent d’outils ou de méthode.Justement, par quoi commencer ?O.L. : Il faut d’abord mesurer. "Ce qui ne se mesure pas ne se réduit pas", disait Deming. La première étape est donc un bilan carbone, pour identifier ses principaux postes d’émission et concentrer ses efforts au bon endroit.« 80% de notre impact venait du scope 3 »Stéphane, comment avez-vous réalisé ce bilan carbone chez Alkar ?S.B. : Nous avons été accompagnés par Bpifrance, via un programme dédié « Décarbonation ». Ce travail nous a permis de quantifier nos émissions, et là, grosse surprise : 80% de notre impact venait du scope 3, c’est-à-dire nos achats de matières premières, notamment l’acier.Quels leviers d’action avez-vous identifiés à partir de ce diagnostic ?S.B. : Nous avons engagé plusieurs axes : approvisionnement en aciers bas carbone, majoritairement issus de filières de recyclage, et mieux communiquer là-dessus ; mixité des matériaux, avec une introduction progressive du bois ou de matériaux biosourcés. Mais aussi des actions rapides (« quick wins ») : verdissement de notre flotte, télétravail, challenge mobilité… Ce sont des mesures moins impactantes, mais essentielles pour mobiliser les équipes.Ophélie, pouvez-vous rappeler ce que recouvrent les fameux « scopes » d’un bilan carbone ?O.L. : Alors, d’abord le scope 1 : émissions directes (carburants, process industriels) ; le scope 2 : émissions de gaz à effet de serre indirectes comme la consommation d’électricité ; le scope 3 : tout le reste, en amont et en aval (achats, transport, usage des produits, déchets) donc c’est souvent 80 à 90% du total.Stéphane, avez-vous observé des co-bénéfices depuis votre engagement dans cette transition ?S.B. : Oui, clairement. Sur le côté financier, ça a intéressé nos banques, qui nous proposent parfois des taux bonifiés. Côté fournisseurs, ce sont de plus grosses entreprises que nous, ils ont des contraintes réglementaires importantes à ce sujet. Mais ce sont des transitions longues, mais ils sont dans ces démarches-là. Ça commence à bouger. Côté clients, on a un peu plus de mal. Certains écoutent, sont intéressés, mais ne transforment pas forcément en action. On peut intégrer le poids carbone du bâtiment, ils sont intéressés, mais ils ont leur propre contrainte, notamment de coûts, etc. On travaille sur le réemploi des matériaux. Ça commence à bouger, mais on est au début. C’est une démarche individuelle, mais aussi collective.C’est quoi vos prochaines étapes chez Alkar ?S.B. : Suite au bilan carbone, nous avons notre plan d’action. Nous avons travaillé par rapport aux accords de Paris. On s’est fixé une trajectoire sur les prochaines années en se fournissant de plus en plus avec de l’acier bas carbone. On s’est fixé des objectifs sur la mixité de matériaux. On a mis des moyens en place : nous avons recruté une personne dédiée. Mais aussi sur l’animation en interne pour sensibiliser les salariés.

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