Transports : les patrons béarnais poussent un cri d’alarme
Plusieurs représentants des entreprises béarnaises se sont réunis lundi 2 octobre pour alerter sur l'enclavement croissant du territoire, faute de liaisons aériennes. | Photo : LVG
« Pousser un cri d’alarme collectif » : réunis ce lundi en marge de l’assemblée générale du Medef, plusieurs représentants du monde économique béarnais ont souhaité s’adresser à la presse pour « alerter d’une seule voix les pouvoirs publics » sur l'enclavement croissant du Béarn.
« Nous sommes le troisième bassin économique de la région Nouvelle-Aquitaine, et nous ne sommes pas desservis », s’indigne Didier Laporte, président de la Chambre de Commerce Pau-Béarn, soulignant en particulier le nombre de liaisons aériennes entre la capitale béarnaise et les grandes métropoles françaises qui se réduit comme peau de chagrin. « En 2019, nous avions six aller-retours quotidiens entre Pau et Orly, il n’y en a plus qu’un aujourd’hui. en 2023, l’aéroport de Pau ne fera que 60% de son trafic 2019 ».
« France Chimie est tout à fait en phase, abonde Pierre Moreau, Vice-président de France Chimie Nouvelle-Aquitaine. 25% de toute la chimie française se trouve sur le bassin de Lacq. Il n’est pas concevable de ne pas avoir de vols permettant de faire l’aller-retour Paris-Pau dans la journée ».
« Déjà que les problèmes de recrutement sont nombreux, ajoute Sébastien Labourdette, président de la Fédération du Bâtiment, on perd notre lien avec les grandes métropoles ; sans compter les grandes écoles, les étudiants, que l’on a déjà eu assez de mal à faire revenir ».
« Risquer la sclérose » du territoire béarnais
Comme M. Labourdette, Evrard Willemaers, président de l’UIMM, ne conteste pas l’enjeu écologique d’une diminution des liaisons aériennes au profit du train. « Une solution écoresponsable, oui, admet-il. Mais il faut prendre le temps de la construire ». À l’heure actuelle, relier Pau à Paris en train prend « au mieux » 4h30 : un temps de trajet incompatible avec les aller-retours dans la journée dont les patrons béarnais estiment avoir besoin.
Le sujet est d’autant plus sensible, que le Béarn a récemment attiré plusieurs grandes entreprises et projets d’investissement. « Aujourd’hui, ces projets n’iront peut-être pas à la hauteur de ce qui était envisagé. Notre situation en termes de liaison avec le reste du pays nous fait risquer la sclérose », s’inquiète Didier Laporte.
« Nous voulons nous adresser à l’Etat. En juillet dernier, Emmanuel Macron a dit que l’Etat était prêt à financer des liaisons régulières. C’est ce que nous demandons, conclut Jean-Marc Roy, président du Medef Béarn et Soule. On ne pourra pas réindustrialiser les territoires sans une solution qui tienne la route pour rester connectés ».