Pourquoi le Centre Hospitalier de la Côte Basque risque un déficit de 20 millions fin 2024 - Premium

Le GHT Côte basque Navarre, comprenant le Centre Hospitalier de la Côte Basque, ainsi que ceux de Saint-Palais et de Saint-Jean-Pied-de-Port, a organisé ses traditionnels vœux de début d’année ce mercredi. L’occasion pour le groupement de faire le point sur les réalisations et les chiffres de l’année qui vient de s’écouler. A noter par exemple l'augmentation de 5,3% de l’hospitalisation de jour, soit 40.000 entrées. Le GHT souligne également l’ouverture de 25 postes médicaux, et en tout, rien que pour le centre hospitalier de la côte basque, pas moins de 100 postes dans les métiers non-médicaux qui ont été créés en un an. Dans cette succession de chiffres, le directeur de l’établissement Frédéric Espenel n’a pas voulu « passer sous silence la dégradation sans précédent de la situation budgétaire ». En effet, le centre hospitalier de la côte basque prévoit un résultat prévisionnel négatif de 20 millions d’euros en 2024, sur un budget de 400 millions. « Un déficit inédit », selon les mots de son directeur. Après un premier déficit de 10 millions d’euros l’an dernier, la situation s’aggrave pour le centre hospitalier. La faute, selon le dirigeant, à « des facteurs exogènes » à savoir « des mesures salariales indispensables mais pas complètement compensées, des augmentations de prix notamment pour les énergies », ainsi que des déficits selon lui dans les EHPAD. Frédéric Espenel a répondu à Placéco Pays basque. Placéco Pays basque : Vous mentionnez plusieurs facteurs comme l’énergie pour justifier ces hausses, mais concrètement qu’en est-il ? Frédéric Espenel : Nos frais d'énergie, le chauffage et l’électricité, ont doublé d'une année sur l'autre. C’est un impact qu'on n'a pas pu maîtriser. Et puis il y a l'ensemble des mesures salariales qui ont été prises par le gouvernement cette année, qui étaient des mesures attendues cette année et les années précédentes, les primes, les augmentations de la valeur du point d'indice des fonctionnaires. Tout ça, c'est des mesures salariales qui ne sont pas forcément compensées par l'État ou par le Conseil départemental pour les EHPAD. Donc ça creuse mécaniquement le déficit.Deux ans de déficit consécutif, c’est que la situation est inextricable et que les prochaines années seront pire ?C'est en réagissant maintenant qu'on va essayer de retrouver une trajectoire soutenable, étant entendu qu'il y a un certain nombre de choses qui ne sont pas à notre main. L'augmentation du prix de l'énergie par exemple, ou les mesures salariales qui ne sont pas financées, ça pose un problème politique au niveau national. Après, il y a des choses que nous, on peut essayer de faire et c'est sur ça qu'on est en train de réfléchir avec l'ensemble de la communauté hospitalière. Les leviers, c'est repenser nos organisations pour essayer de s'organiser de façon plus efficace, avec le même nombre de personnel. Puisqu'en fait notre souhait, c'est bien de continuer à travailler avec tous les professionnels qui sont ici, puisque comme je le disais tout à l'heure, on continue d'augmenter d'ailleurs le nombre de personnels, mais il faut être plus efficace. Au niveau national, tout ça pose la question pour tous les hôpitaux publics et les EHPAD, puisque si on regarde au niveau de la France, c'est 95% des EHPAD publics qui sont aujourd'hui en déficit. Donc ça réinterroge leur modèle de financement.Jusqu’où le déficit peut-il se creuser avant d’atteindre la ligne rouge ?Il y a un principe de réalité de toute façon puisque c'est nous qui finançons nos investissements. Donc il faut qu'on arrive à retrouver la possibilité de dégager suffisamment d'argent pour financer les investissements de demain. C'est pour cela que l’on se mobilise. Un des aspects qui nous rend quand même optimiste, c'est qu'on a une très forte dynamique d'activité et ça montre que les patients nous font confiance. L'activité, c'est aussi le gage de la pérennité de notre établissement.Frédéric Espenel, directeur de l'établissement a fait le point sur la situation financière du CHCB. Crédits : Anthony MichelSi le déficit se confirme, la solution serait de réduire les investissements ou la masse salariale ? Réduire la masse salariale n'est pas du tout quelque chose qui est à l'ordre du jour. Ce n'est pas du tout dans cette direction-là qu'on s'oriente, puisqu'au contraire, on se dit que recruter du personnel nous permet de faire davantage d'activité. C'est plutôt ça notre pari. Après, il y aura peut-être des choix effectivement d'étalement des investissements à faire, mais on n'en est pas là pour le moment. Ces décisions vont se prendre en cours d'année, en fonction aussi des discussions que nous aurons avec l'Agence régionale de santé à qui on vient juste de présenter notre budget prévisionnel.Il y a plusieurs projets dans les cartons, mais quels sont les plus gros investissements à venir ? C'est une année où on termine les travaux du nouveau bloc de cardiologie qu'on partage avec le privé. Ce qui va permettre de rénover les salles de bloc opératoire ici, donc de développer l'activité de chirurgie. Et puis on a aussi des travaux d'amélioration thermique des bâtiments qui sont à Camp de Prats : la psychiatrie, la gériatrie, des vieux bâtiments qui sont aussi des passoires thermiques qu'on va rénover cette année. Et puis on est inscrit là dans une démarche de définition de nos investissements pour les dix ans à venir, et même au-delà, au travers de ce qu'on appelle le schéma directeur immobilier qui va nous permettre de reconstruire progressivement. Ce plan sera présenté au premier semestre de cette année.Vous avez prévu de lancer un diagnostic RSE sur l’ensemble de l’établissement, ça va consister en quoi ? La RSE, la responsabilité sociétale des entreprises, c'est quelque chose de très vaste. Et donc une des questions, c’était de savoir comment on aborde ces sujets. Nous, on a choisi en priorité de travailler le sujet de la transformation écologique. Mais ce que j'évoquais dans mes vœux que nous faisons déjà en ce qui concerne la parité, les violences sexistes et sexuelles, tout cela aussi, ça rentre dans la définition de la RSE. Et il est important qu'on porte les valeurs qui fondent cette responsabilité sociétale des entreprises dans nos actions au quotidien. C'est pour ça que ce diagnostic nous permettait de faire la liste de tout ce qu'on fait déjà et de préparer les actions à venir dans ce domaine. Le diagnostic couvre tout le champ, comme les modalités de gouvernance, l'association des personnels à la prise de décision, etc. Le diagnostic est terminé, il y a une première itération qui a été faite et là, on lance les groupes de travail sur le sujet.

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