Placéco Pays Basque, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Défaillances d’entreprises : la Nouvelle-Aquitaine « dans le rouge »

Écosystème
lundi 21 juillet 2025
Défaillances d’entreprises : la Nouvelle-Aquitaine « dans le rouge »

La Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions « en rouge », qui enregistrent le plus de défaillances au deuxième trimestre 2025. Photo d'illustration : Adobe Stock

Dans une récente étude, le cabinet Altares dresse un bilan des défaillances d’entreprise en France. Au deuxième trimestre 2025, si la hausse est « contenue » à l’échelle nationale, elle est nettement plus marquée en Nouvelle-Aquitaine.

Au deuxième trimestre 2025, 16.586 procédures collectives ont été ouvertes en France, soit une « hausse contenue » de 1,3% par rapport au premier trimestre. Les défaillances des grandes PME (au moins 100 salariés) sont en forte augmentation (+29%) tandis que les plus petites s’en sortent mieux. Le secteur de la restauration traditionnelle connaît d’importantes difficultés (+21% de procédures). Focus avec Thierry Millon, directeur des études d’Altares.

Dans cette étude, il est fait mention d’un niveau « historiquement haut » du nombre de défaillances d’entreprise en France. Comment expliquez-vous cela ?
Nous en sommes là car il y a au moins deux éléments concomitants. D’abord par le passé il y a eu une situation anormalement basse, du fait des aides de l’époque Covid. Certaines entreprises se font rattraper au fil du temps car elles ne sont pas en capacité de rembourser cette dette. Soit parce qu’elles les ont exagérément utilisées, je pense au prêt garanti par l’État, soit car elles n’ont pas réussi à générer du chiffre d’affaires. Et c’est mon deuxième point - la conjoncture s’est fortement dégradée depuis le deuxième semestre 2023, puis en 2024, et cela continue sur le premier semestre 2025.

Justement, les mois passent et le pic de défaillances se mue en plateau. Doit-on s’attendre à un maintien, sur la fin de l’année ?
En effet, si nous étions sur un pic, avec un volume très supérieur à celui du trimestre précédent, la situation serait susceptible de s’inverser rapidement. Nous ne serions pas dans un contexte quasiment bloqué, voire en légère hausse, depuis la fin de l’année 2024. Pour les dirigeants, les efforts sont devenus permanents au fil des mois et je pense que c’est cela, le point le plus difficile. Si l'on doit tout de même citer un point de satisfaction sur ce deuxième trimestre, c’est que la hausse des défaillances est très faible, on est quasiment stable. En avril, le volume des procédures collectives était en hausse de 8%, puis en recul de deux points en juin. Donc la situation reste inconfortable, mais on garde espoir qu’au deuxième semestre et à la fin de l’année, ça aille mieux.

• La Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions « en rouge », qui enregistrent le plus de défaillances au deuxième trimestre 2025 : 1.624 dossiers ont été comptabilisés (+7%), dont 63% de liquidations judiciaires.
• Dans le détail, la Gironde « stabilise sa sinistralité entrepreneuriale », note l’étude, tandis que la Charente-Maritime « dérape de plus de 20% ». Parmi les départements mentionnés dans l’étude, les Pyrénées-Atlantiques « passent au vert ».


La région Nouvelle-Aquitaine est l’une des plus concernées par les défaillances, comment expliquer cela ?
D’abord, on peut relativiser car elle en enregistre deux fois moins que les Pays de la Loire, par exemple. Oui, il y a une hausse de 7%, mais on ne dresse pas non plus un constat très lourd. Il y a aujourd’hui une attention, car la région met plus de temps pour embrasser la reprise d’activité que l’on commence à voir à l’échelle nationale. Cela peut s’expliquer car le territoire est clivé, il y a des disparités liées aux conditions d’activité dans les différents départements. La Gironde parvient à rester alignée à la tendance nationale de la hausse de 1%. C’est malgré tout important car à lui seul, le territoire a enregistré plus de 600 défauts. Ensuite dans les Pyrénées-Atlantiques, on est à -13% de défaillances, ce qui représente tout de même une centaine de procédures. À l’inverse, les chiffres sont décevants sur un certain nombre de départements, comme la Charente-Maritime ou la Vienne.

Le commerce et la vigne vont mal

Si l’on regarde les secteurs d’activité concernés par ces difficultés, en Nouvelle-Aquitaine, lesquels sont les plus touchés ?
Il y a la situation très particulière de la Nouvelle-Aquitaine en ce qui concerne la viticulture. À l’échelle française au deuxième trimestre, 70 entreprises sont tombées, dont 28 dans la région. Les chiffres ne sont pas bons depuis l’été 2024. Ensuite, il y a une seconde particularité néoaquitaine malheureusement, sur le commerce de détail et de prêt-à-porter. L’ensemble du territoire est plutôt bien orienté malgré les grands noms qui tombent, tandis qu’en Nouvelle-Aquitaine, les difficultés perdurent. Enfin, la restauration est particulièrement dans le rouge, plus d’une centaine de restaurants sont tombés au deuxième trimestre, et ce n’est pas bon.

A contrario, lesquels tirent leur épingle du jeu ?
Le secteur de l'immobilier a été très longtemps celui qui était en rouge vif, en particulier sur la promotion et les agences immobilières. Sur ces métiers, la situation s’inverse favorablement. Il y a un an nous avions 23 défauts de promoteurs, ce trimestre nous en avons eu « seulement » quatre. Autre activité qui se présente de façon satisfaisante, ou du moins « plus favorablement orientée », c’est le bâtiment. C’est une bonne nouvelle car c'est un secteur implanté partout, quel que soit le territoire.