Biarritz : l’Office de Tourisme répond aux critiques de la chambre régionale des comptes - Premium

Cette semaine, la chambre régionale des comptes de Nouvelle-Aquitaine a publié un rapport assez critique concernant l’office de tourisme de la ville de Biarritz. Elle s’est penchée sur la période allant de 2016 à 2021 et a fait état de nombreux dysfonctionnements. Manque de clarté, financement par la taxe de séjour incomplète, rémunération et départ à la retraite de l’ancien directeur, absence de mise en concurrence des fournisseurs, autant de points soulevés, qui ont donné lieu à 15 recommandations. « Il n’y a pas le feu au lac » temporise Richard Tardits, président de l’office de tourisme et adjoint au maire en charge du tourisme. Selon lui, il s’agit plus « d’une recommandation intelligente ». Il appelle d'ailleurs à être davantage contrôlé. La mairie de Biarritz annonce qu’elle reverra certainement la forme juridique de l’office de tourisme, actuellement enregistré comme établissement public local à caractère industriel ou commercial (EPIC). « On penche peut être pour une société d'économie mixte » précise Richard Tardits. La décision sera prise avant la fin de l’année.Pour rappel, l’office de tourisme de Biarritz fonctionne avec un budget annuel de 5 millions d’euros et emploie 44 personnes. Suite à la publication du rapport, l’élu a accepté de répondre à Placéco.Sur la forme, la CRC soulève un manque de clarté dans la transmission des documents, quelle est votre analyse ? C’est une question de format. Depuis 2015 l’Etat veut des formats M4 qui sont des formats de régie comptable, alors que nous sous la forme d’EPIC, nous avons un format différent. Depuis 2015, on n’a jamais reçu un courrier de la préfecture pour dire que le format n’était pas le bon. Il faut que 7 ans plus tard, un rapport de la CRC sorte pour nous dire que ça n’allait pas. Ce n'est pas une consigne pour dire qu’on veut cacher quelque chose.Aucune convention d’objectifs entre la mairie et l’Office de tourisme, l'Office faisait donc ce qu'il voulait ?Nous sommes sur une DSP. Un office de tourisme, c’est bicéphale, il y a une partie service public pour tout ce qui est l'information, etc. Et il y a une partie affaires, pour laquelle on a un contrat d’affermage, une DSP où la Ville demande de gérer des salles, le casino, la gare du midi, la halle d’Iraty, pour lequel on paie un loyer. Ce que soulève la CRC, c’est : est-ce qu'aujourd'hui le remboursement, le paiement de cette DSP, inclut toutes les prestations fournies ou uniquement les salles ? À ce jour, quand l’office fait son rapport pour rembourser son loyer, on a toujours détaillé le nombre de fois où une salle a été louée, et on donne 8%. Est-ce qu’on aurait dû dire que des prestations étaient liées ? Ça va nous obliger à revoir ce contrat d’affermage, cette DSP, pour bien spécifier de quoi sont responsables l’office et la ville pour qu’on soit dans les clous.Concernant le financement de l’Office, la chambre relève que seulement 37% de la taxe de séjour n’est reversée par la Ville à l’Office au lieu de 100%. Pourquoi ?En fait, la ville de Biarritz ne fléchait pas 100% de la taxe de séjour, mais 37 %, plus 42 % des droits de mutation, plus d’autres montants et au total elle recevait l’équivalent de la taxe de séjour. La CRC nous a dit qu’il faut arrêter ça et donner les 100% de la taxe de séjour directement. Ça sera fait.La CRC pointe aussi du doigt « les conditions très avantageuses et irrégulières de rémunérations et de départ en retraite de l’ancien directeur ». En l’espèce, un salaire à 9.800 euros brut par mois, et une prime de départ à la retraite à 61.363 euros « indûment perçue » selon la CRC. Que répondez-vous ?Sur le contrat de travail de l’ancien directeur, il était bien spécifié qu’au jour de sa retraite, il serait éligible à une indemnité de retraite. Cependant, dans les statuts de l'EPIC, il s'avère qu’un directeur d'EPIC n'est pas éligible à l'indemnité de retraite, on ne le savait pas du tout. La CRC nous a rappelé que dans les statuts des EPIC, le directeur n'était pas éligible à une indemnité de retraite alors que son contrat le demandait. Sur son contrat de travail, c’est écrit qu’il y avait droit, puisqu'on fait partie de la convention Syntec au sein de l'Epic. Donc, qu'est-ce qu'il fallait faire ? Alors nous, on a calculé sa prime de départ qui s'élevait aux alentours de 60.000 euros, ça fait 2 000 € par an. Je pense qu'on n’a volé personne. Est-ce qu'il fallait ne pas la payer et se retrouver aux Prud'hommes ?Les locations de salles de congrès et de spectacles ont des tarifs qui font l’objet de fréquentes négociations « au détriment de l’égalité de traitement des clients » inscrit la chambre régionale des comptes. L’Office établit ses prix à la tête du client ?Ce n’est pas à la tête du client, mais plutôt par rapport à ce que le client peut amener à la ville de Biarritz. Pourquoi ? On parle ici uniquement de la partie affaire, si un client dit qu'il amènera 800 personnes qui vont rester quatre nuits en semaine, ça fait travailler hôteliers, restaurateurs, traiteurs locaux, tous les acteurs économiques. Est-ce que c'est du préférentisme de proposer d'autres dates à certains, et d'être moins flexible sur le prix avec d'autres ? C'est du business. Mais ça fait partie de ce qui nous fait dire que l’EPIC n’est pas la bonne forme juridique. On le voit surtout ici sur cette partie où une directrice a le pouvoir de négocier des prix sur des appels d'offres très précis dans la partie affaires. Il y a une très forte concurrence, on se bat dans la cour des grands avec Cannes, Royan, Bordeaux, Strasbourg, La Baule. Aujourd'hui, quand on fait un devis, parfois, il faut négocier. Sauf que le statut de l'EPIC est très strict et la CRC a souligné que non, le tarif doit être négocié et validé en conseil d’administration, qui a lieu six fois par an. Quand on sait que le client attend, et qu’il faut donner une réponse rapidement, c’est impossible. Une autre forme juridique nous permettrait de négocier plus facilement. Justement changer la forme juridique de l’EPIC vers quoi ?Ce n’est pas simple parce qu’il n'y a pas de formule miracle. Il faut peser le pour et le contre. Aujourd'hui, on évalue, on essaie de voir quelle sera la formule la plus appropriée. Je pense qu'on aura pris une décision avant la fin de l'année. Je pense fortement que nous allons nous diriger vers une Société d’économie mixte, une SEM. On a déjà des SEM à Biarritz pour le Palais, le golf, etc. Je pense qu'on va, on va se diriger vers cette forme d'organisation et de structure juridique qui nous permettra de travailler plus librement et plus efficacement, surtout à tous les niveaux.Ce changement d’organisation suffira-t-il à résoudre les points soulevés par la chambre régionale des comptes ?Ça va nettoyer 50 % de ces recommandations. Et pour les autres, il y a des points sur des formes d'appel d'offres, de réponse à l'appel d'offres qui ont été réparées un petit peu. Sur les quinze recommandations que vous avez, la moitié a déjà été traitée et l'autre moitié le sera sûrement grâce à cette évolution de la forme juridique.Il est aussi question des fournisseurs. La chambre régionale des comptes souligne une absence de « mise en concurrence des fournisseurs » ? Jusqu'à 40.000 euros, Biarritz tourisme pouvait prendre une décision par rapport à des fournisseurs. La CRC dit que tout ce qui est au-dessus doit être validé par appel d'offres dans sa globalité. Depuis l'arrivée de la nouvelle directrice en 2021, nous avons créé un pack partenaire et nous avons fait des appels d'offres pour avoir des partenaires référencés pour chaque partie, chaque prestation attachée à la partie affaires : prestation hôtesse, prestation traiteur, lumières, sons, etc. Nous avons maintenant donc des acteurs économiques référencés préférentiellement bien sûr, des acteurs économiques locaux, qui sont chaque fois mis en concurrence, même si c'est des petits montants pour répondre à ça. Ça fait partie des choses qui ont été changées dès l’arrivée de la nouvelle directrice.La chambre régionale des comptes suggère des « changements dans les pratiques commerciales en termes de tarifs » qui pourraient avoir « des conséquences financières significatives ». Allez vous augmenter les prix ?On l’a déjà fait, de 15% environ pour le prix des salles, sachant que ça n’avait pas bougé depuis 2013. C'est vrai qu'on a une chance inouïe d’avoir une destination attractive. Et c'est vrai que pendant 20 ans, nous avons pratiqué une politique tarifaire assez basique. On se mettait un peu au milieu du tableau. Aujourd'hui, la nouvelle directrice, qui a été partout, connaît bien le sujet. Elle nous a dit qu’on avait une destination de rêve avec plus de 350 demandes annuelles. Sachant qu’on ne peut répondre positivement qu'à un tiers. Parce que le tourisme d'affaires ne fonctionne qu’aux mois de mai, juin, septembre jusqu’à mi-octobre. On est limité sur seize semaines d'exploitation et aujourd’hui il y a une demande. Qualifions cette demande, profitons du fait qu'il y a un certain engouement et augmentons les prix. D’autant qu'aujourd'hui, il y a trop de concurrence. On retrouve face à nous des villes comme Agen et qui nous obligent à avoir des salles performantes. Et pour payer cela, il faut augmenter les prix.Malgré tous ces points soulevés par la chambre régionale des comptes, vous vous dites qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer ?Il n’y a pas le feu au lac. Il suffit de lire les recommandations. Il y a 15 recommandations, et ça fait 13 ans qu’ils n’étaient pas venus. La moitié des recommandations sont administratives, le reste est sur la validation de tarifs négociés. Je n’ai pas honte de ce rapport de la CRC. Il n’y a pas à rougir. On va faire de ces recommandations la fondation des trois années à venir, et on avance.

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