SELIES veut démocratiser la prise en charge des TMS - Premium

87 %. C’est la part de troubles musculo-squelettiques (TMS) dans la totalité des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt-maladie. Ça comprend les douleurs aux dos, mais aussi aux mains, au coude, etc. On estime à 22 millions les journées de travail perdues en un an, rien qu’en France, liée à cette problématique. Un enjeu pris très au sérieux par la société K-Process qui se revendique spécialiste dans l’innovation en amélioration continue de la performance industrielle et sociale. Depuis dix ans, elle travaille sur un logiciel déjà baptisé « Muska TMS » pour permettre d’évaluer les risques de troubles justement sur chaque poste de travail, et de les prévenir. À l’origine un projet commun avec la société automobile Ford, qui a fini par sortir des murs pour s’élargir. Depuis peu, la K-Process sépare ses activités. C’est désormais la nouvellement baptisée SELIES, ("Société d'Edition de Logiciels innovants en Ergonomie et Sécurité") porté par Xavier Merlin, qui accompagnera le développement exclusif de ce logiciel, ainsi que sa maintenance. La mission de la société ? Démocratiser la prévention autour des TMS. « Ça reste un domaine d’experts, parce que ce sont des maladies qualifiées de plurifactorielle » explique Xavier Merlin, lui-même ergonome de profession. Un domaine d’experts auquel n’ont pas forcément accès les petites entreprises explique le chef de projet. « Aujourd’hui si les entreprises n’arrivent pas à trouver des subventions, elles ne font pas appel à des ergos » , poursuit-il. Ainsi, avec son logiciel, Xavier Merlin veut justement adresser ce marché-là en priorité. Plusieurs marchés potentielsDans un premier temps, la solution a pu être expérimentée dans d’autres structures avec le soutien de la Carsat Aquitaine, l’Organisme Professionnel Prévention Bâtiment Travaux Publics, les deux services de santé au travail, et l’université de Bordeaux. Autant de soutiens pour éditer un logiciel en accès public. « Entre 2010 et 2014, il a été téléchargé 5.000 fois » précise Xavier Merlin. Depuis K-Process et Xavier Merlin ont racheté les droits pour assurer la maintenance du logiciel, et continuer son développement. Sur son ordinateur, on découvre comment cela fonctionne. « Avant, on faisait marcher ça avec des capteurs, et là, on développe une version qui fonctionne à partir d’une vidéo en 2D » annonce Xavier Merlin. Sur l’écran, un exemple d’analyse: le poste d’une opératrice passée au crible. En couleur, apparaissent ses mouvements, scannés à partir d’une vidéo. À la fin, est éditée une synthèse, expliquant par des codes couleurs et pour chaque partie du corps de l’agent quels sont les gestes à risques de TMS.Xavier Merlin a créé le logiciel Muska TMS qu'il développe avec sa société baptisée SELIES. Crédit photo: Anthony MichelÀ partir de cette analyse, le logiciel ne proposera pas directement de solution, mais pourra aiguiller l’entreprise. « Si je prends un poste avec un risque TMS élevé, il va être en capacité de me dire sur quelle action il faut que j'agisse pour pouvoir réduire le risque ». Le logiciel pourra simuler l’effet que pourrait avoir des changements, tels que des déplacements d’outils de travail, etc. « Il facilite l’analyse, mais ne trouve pas la solution à la place du chef d’entreprise ». Aujourd’hui, la société travaille sur le développement de son logiciel avec une entreprise sous-traitante. Ensemble, ils avancent sur deux aspects, le développement design de la plateforme, et l’automatisation au maximum de la solution. « Les premiers tests sont concluants » sourit le chef d’entreprise. A tel point que l’agglomération Pays basque l’a récompensé lors de la dernière édition de son atelier de l’innovation. « On travaille désormais sur la deuxième phase de test ». Le modèle économique n’a pas encore été finalisé, mais pourrait fonctionner sur un système de format de licence « à un prix accessible » qui donnerait accès à une cartographie des différents postes au sein de la société, et à une analyse fine de chacun de ces postes. Avec son logiciel, la société pourrait adresser les secteurs industriels, agricoles, agro-alimentaires, publics (espaces verts), et peut-être aussi celui de la santé. Sur ce marché, Xavier Merlin compte plusieurs concurrents sur ce créneau. « Il y en a cinq ou six autres entreprises, mais elles s’arrêtent à l’analyse de risque, et qui n’ont pas d’expertise métier » détaille Xavier Merlin qui veut s’en différencier par la proposition de valeur de son logiciel. Une première commercialisation du logiciel remanié devrait avoir lieu en juin.

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