Placéco Pays Basque, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Netcarbon veut mesurer et valoriser le CO2 séquestré par les agriculteurs

Bordeaux Technowest
lundi 28 février 2022

Adrien Mazeau et Basile Goussard ont cofondé Netcarbon en 2021 - crédit Netcarbon

La jeune startup bordelaise Netcarbon exploite les images satellite pour mesurer les effets des pratiques agroécologiques en matière de séquestration de carbone. Récemment primée dans le cadre du concours Copernicus Masters, elle ambitionne de permettre aux agriculteurs de valoriser leurs efforts en la matière grâce à la vente de crédits carbone.

« On a deux leviers pour lutter contre le réchauffement climatique. Le premier, indispensable, consiste bien sûr à réduire nos émissions de CO2, mais quels que soient nos efforts, il reste une part incompressible. Il faut donc la compenser, et pour ça il faut travailler à la séquestration de ce CO2. Et l’agriculture, qui représente 50% du territoire français, représente un levier encore sous-exploité », introduit Adrien Mazeau, cofondateur, avec son ami ingénieur Basile Goussard, de Netcarbon.

Mesurer l’impact des pratiques agroécologiques…

Fondée en 2021, la startup nait d’une opportunité technologique : le programme européen Copernicus, qui met à disposition gratuite, dans une logique d’open data, des images satellite de l’ensemble des surfaces du continent. « En corrélant différents indicateurs, notamment grâce aux travaux de l’Inrae, nous sommes capables de définir, à partir de ces images, le niveau de la végétation sur une parcelle donnée, et donc de déterminer la quantité de CO2 qui y est stockée, le tout à grande échelle », précise-t-il.


La plateforme de Netcarbon permet de mesurer l'évolution de la séquestration de CO2 au fil du temps, dans le but de permettre à l'agriculteur de valoriser ses efforts en la matière - crédit Netcarbon

En étudiant l’évolution des parcelles au fil du temps, Netcarbon se propose par cet intermédiaire de mesurer précisément l’impact des actions entreprises par les agriculteurs en matière de séquestration de dioxyde de carbone. « Le stockage de CO2 passe par la mise en œuvre de pratiques agroécologiques. Il peut s’agir de planter des haies ou des arbres autour des parcelles, mais aussi d’utiliser des cultures intermédiaires pour éviter que la terre ne se retrouve à nu », illustre le jeune homme. Netcarbon travaille également à l’automatisation de la détection des changements grâce à des outils d’intelligence artificielle, de façon à rendre les agriculteurs le plus autonome possible dans l’évaluation de leurs efforts.

… et le valoriser via la vente de crédits carbone

Reste à trouver comment les inciter à investir leur temps et leur argent en faveur de ces mesures, au-delà des bénéfices collatéraux de type développement de la biodiversité. « Si on veut avoir un impact significatif, il faut qu’on arrive à lier la valeur écologique de ces actions à une valeur économique », estime Adrien Mazeau. Pour y parvenir, les deux cofondateurs de Netcarbon imaginent une place de marché en forme de bourse du carbone, destinée à la mise en relation entre les agriculteurs et les entreprises qui cherchent à compenser leurs propres émissions de CO2. « L’ambition raisonnable est de viser 1 tonne de CO2 séquestrée pour un hectare de terrain, soit un crédit carbone », précise-t-il.

Le système prend la forme d’un marché ouvert, avec une vente de gré à gré, indépendant du marché réglementé mis en place en Europe suite à la ratification du protocole de Kyoto. « La place de marché s’adresse aux entreprises qui se fixent un objectif de neutralité carbone, et cherchent un mécanisme de compensation en parallèle de leurs propres efforts de réduction d’émissions, avec une action au niveau local », résume le cofondateur de Netcarbon, qui s’emploie actuellement à faire valider sa méthodologie auprès des programmes de standardisation internationaux comme Verra ou Gold Standard. Marché ouvert oblige, le prix du crédit carbone sera dicté par la loi de l’offre et de la demande. Aujourd’hui situé aux alentours de 50 euros, il devrait selon toute attente monter, du fait du nombre grandissant d’entreprises engagées dans une démarche bas carbone.

Un projet primé au concours Copernicus Masters

Le projet Netcarbon a été formalisé au printemps 2021, quelques semaines avant la tenue du concours Copernicus Masters, qui vise à récompenser les projets à impact positif exploitant la donnée satellite. La jeune pousse, accompagnée par le CNES, y a reçu le prix France. Elle a également été lauréate du « Planet Challenge », porté par l’entreprise américaine éponyme, qui opère des constellations de microsatellites. Début novembre, Netcarbon a intégré la technopole Bordeaux Technowest, où elle travaille à la structuration de son modèle, à la recherche de financements et au développement de son réseau. « L’objectif immédiat est d’arriver à fédérer suffisamment d’agriculteurs, notamment via des coopératives, pour arriver à constituer rapidement un pool suffisant de crédits carbones, explique Adrien Mazeau. Trouver les clients devrait être la partie la plus facile, dans la mesure où il faut beaucoup d’agriculteurs pour répondre aux besoins d’un grand donneur d’ordre ». Netcarbon espère pouvoir réaliser ses premières transactions d’ici la fin de l’année, et se rémunérera via une commission en bout de chaîne. « Le service est entièrement gratuit pour l’agriculteur, c’est très important qu’il n’y ait pas de barrière à l’entrée », souligne-t-il.

Netcarbon
Fondée en 2021
2 fondateurs

Sur le même sujet